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26 août 2020

Les Moulins de "La Pérouse"

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Les moulins à farine sont une innovation de l’expédition "La Pérouse", connus au point de devenir un symbole de la silhouette d’au moins un navire.
On sait par ailleurs que le capitaine de vaisseau "de Langle" était très inventif, notamment dans le domaine des instruments culinaires pour la santé des équipages, qu’on devait préserver dans une aussi longue campagne.

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Après le départ des Îles Hawaii (Maui) vers l’Alaska, Lapérouse est préoccupé pour la santé des équipages avec la fraîcheur qui apparaît, route au nord.
Il encourage diverses mesures de lutte contre l’humidité, fait ajouter secrètement du quinquina au rhum du grog, et parle du grain, embarqué en France et au Chili de préférence à la farine, pour des raisons de conservation.

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Il dit en juin 1786 :
"On nous avait donné des meules de 24 pouces (60 cm) de diamètre sur 4,5 pouces (11 cm) d’épaisseur.
Quatre hommes devaient les mettre en mouvement.
On assurait que Mr de Suffren n’avait point eu d’autre moulin pour pourvoir au besoin de son escadre.
Il n’y avait plus dès lors à douter que ces meules ne fussent suffisantes pour un aussi petit équipage que le nôtre, mais lorsque nous voulûmes en faire usage le boulanger trouva que le grain n’était que brisé et point moulu, et le travail d’une journée entière de quatre hommes que l’on relevait toutes les demi-heures, n’avait produit que 25 livres (11 kg) de cette mauvaise farine.
Comme notre blé représentait prés de la moitié de nos moyens de subsistance, nous eussions été dans le plus grand embarras sans l’esprit d’invention de Mr de Langle qui, aidé d’un matelot ancien garçon meunier, imagina d’adapter à nos petites meules un mouvement de moulin à vent.
Il essaya d’abord avec quelque succès des ailes que le vent faisait tourner, mais bientôt il leur substitua une manivelle.
Nous obtînmes par ce nouveau moyen une farine aussi parfaite que celle des moulins culinaires, et nous pouvions moudre chaque jour deux quintaux de blé".

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La manivelle et un système de démultiplication de l’effort (axes, poulies ou engrenages de diamètres différents, éventuellement courroies) étaient ce qu’il y avait de plus productif pour une manutention commode de la meule mobile.
Le procédé, quand il a été au point, a évidemment été appliqué aux deux navires.

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Le moulin à vent de l’Astrolabe a été laissé à Monterey.
Bien qu’il n’était pas très agréable pour les officiers qu’on vienne moudre le grain au-dessus de leurs locaux, à l’extrême arrière pour ne pas gêner la voile d’artimon, de Lesseps, un des rares survivants de l’expédition précise que De Langle a demandé d’en reconstruire un autre après le départ.

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Sur la Boussole, navire de Laperouse, qui bénéficiait d’une demi-dunette légère à la poupe, l’installation d’un tel moulin, juste au-dessus des locaux abritant le chef d’expédition, aurait supposé des madriers pour le supporter.
Il n’a donc mis en place que la manivelle.
Le dispositif de Langle (qui en a peut-être fait un compte rendu par courrier à l’Académie de Marine, dont il était membre), cela peut être aussi une concession aux équipages post-révolutionnaires, bien décidés à minimiser les corvées.

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On sait en tout cas que ces moulins ont rapidement disparu du paysage de la marine à voile, car ils devaient présenter beaucoup d’inconvénients d’encombrement.
Par contre la “manivelle” a dû être adoptée partout, et éventuellement perfectionnée.

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