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30 avril 2021

Le Château de Tiffauge à l'époque féodale.

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En bordure de la route de Cholet à Saint-Jean-de-Monts, sur un vaste plateau granitique, entouré de ravins abrupts, au bas desquels coulent la Sèvre Nantaise et son affluent la Crume, formant une défense naturelle, s’élèvent les ruines du puissant château féodal de Tiffauges.
Sentinelle avancée du Poitou "Pays des Pictons' face à la Bretagne et à l’Anjou conquérants.
Les plus anciens habitants de notre région occupèrent ce plateau facile à défendre, attirés également par le gué de la Sèvre "Sépari", dont le passage leur donnait accès dans tout le pays environnant.

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Ils y taillèrent entre autres le souterrain refuge découvert en 1967, lors du creusement d’un passage sous la porte bailleresse, pour permettre l’accès au théâtre de plein air, établi à flanc de coteau à l’occasion du célèbre spectacle "La Bataille de Tartou".
Coupé en son milieu par ce passage, ce souterrain refuge creusé dans le roc, s’étendait parallèlement aux remparts, et mesurait d’un côté environ sept mètres de profondeur, comblé par des éboulis.
Sur ce plateau et aux alentours furent trouvées de nombreuses haches de pierre taillée, outils et armes des hommes qui y vivaient voici plusieurs millénaires.

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Puis nos plus récents ancêtres se sentant menacés par d’autres tribus, non seulement creusèrent ce souterrain refuge mais élevèrent autour du roc une palissade formée de rochers et de pieux de bois enchevêtrés de branches entrelacées et mêlées de terre glaise.
Ils y construisirent leurs huttes de bois recouvertes de chaume et de peaux de bêtes tannées.
Dans cette enceinte, près de leurs habitations, ils enterrèrent leurs morts dans des puits funéraires semblables à ceux de Pouzauges et du Boupère, découverts à Tiffauges au milieu du siècle dernier par l’archéologue Pouzaugeais : Fortuné PARENTEAU.

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Lors de la conquête de la Gaule par les Romains, un castrum fut édifié sur cet oppidum Gaulois.
Sur la motte encore apparente, avant l’aménagement par les fermiers de ce vaste enclos en 1958, on voyait encore les restes de cette grosse butte artificielle formée de la terre retirée lors du creusement des fossés qui l’entouraient et la protégeaient, s’élevait une tour de bois carrée de plusieurs étages, qui abritait la demeure du chef.
Ce fut le modèle des premiers donjons entourés de fossés en eau, qu’on franchissait au moyen d’un pont-levis.
Plusieurs routes gauloises, puis romaines s’y croisaient, venant de Clisson, Nantes, Mortagne et Mallièvre.

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Au IV siècle, sous l’empereur Honorius, qui comme ses prédécesseurs recrutaient des tribus étrangères pour défendre son immense empire, une tribu Sarmate, venue du nord-est du Caucase fut amené par lui à Poitiers.
Puis l’empereur romain y ayant établi une autre peuplade, les Visigoths, les Theiphales durent émigrer vers l’Ouest, et s’établirent dans les environs du Tiffauges actuel, auquel ils donnèrent leur nom.
Ils campèrent sur l’ancien oppidum et à l’emplacement de la ville actuelle.
Mais les fortifications qu’ils y élevèrent n’échappèrent pas aux envahisseurs Normands, et deux fois, aux IX et Xème siècles la forteresse Romaine fut détruite et rebâtie.

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Cent ans plus tard Tiffauges fut cédée à Alain Barbe-Torte, duc de Bretagne, vainqueur des Normands.
Et après toutes ces destructions, la paix revenant, les Comtes du Poitou donnèrent en "viager" aux vicomtes de Thouars une grande partie de l’actuelle Vendée.
Les nouveaux maîtres rebâtirent les places fortes ruinées, entre autres Tiffauges et les Herbiers, vers la fin du XI siècle et le début du XII' siècle.
Herbert II, vicomte de Thouars, seigneur de Tiffauges et des Herbiers, entreprit la reconstruction de la forteresse de Tiffauges et la construction des Herbiers, auxquels il donna son nom "VlLLlS DE HERBERTlS", villas d’Herbert.

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A Tiffauges, il rasa toutes les ruines accumulées par ces guerres successives, et éleva les premiers éléments du château actuel, le donjon, la barbacane, certaines tours encore existantes, renforçant la défense de cette place et la chapelle castrale.
Les abords du château actuel fort abrupts de tous côtés, sauf vers le sud-ouest, où est son entrée principale, c’était là le point faible, celui qui réclamait la plus solide défense de l’ensemble.
C’est pour cette raison qu’on ya élevé un donjon formidable, flanqué d’une barbacane.
Herbert II mourut à la Croisade de Jaffa en 1104 et fut remplacé par son frère Geoffroy, qui continua ses constructions, à Pouzauges, Tiffauges et les Herbiers.

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Ce donjon de Tiffauges forme un vaste quadrilatère de 18 mètres de côté, flanqué aux quatre angles de puissants contreforts arrondis, ainsi que sur le milieu de ses quatre faces.
Il était composé d’un rez-de-chaussée et de quatre étages, dont certains vraisemblablement voûtés, comme celui de Pouzauges bâti par le même architecte, et partagé de haut en bas, par un énorme mur de refend.
Le sommet garni primitivement de hourds en bois, sorte de balcon en saillie, qui fut plus tard remplacé par des créneaux de pierre.
Ces différents étages étaient reliés entre eux par un escalier en colimaçon, comme nous le montrent certains plans de construction établis au siècle dernier.
Les deux étages supérieurs furent entièrement détruits lorsqu’en 1625, Richelieu fit démanteler les forteresses huguenotes.

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Ce donjon était couvert d’une toiture à quatre rampants, et servait d’habitation au Seigneur.
Près de ce donjon et faisant corps avec lui, nous voyons encore la barbacane d’entrée, autrefois fermée d’une grille en fer, et d’un pont-levis, qui donnait accès au donjon dans lequel on pénétrait par une petite porte en plein cintre, percée au premier étage de cette barbacane.
Cette entrée se composait d’un rez-de-chaussée ouvert par un large portail, donnant accès au vaste enclos entouré de terre et de murailles et d’un unique étage.
C’était le seul accès au donjon dans lequel on pénétrait par une porte située au premier étage de cette barbacane.

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A l’ouest de ce donjon, bordant les douves qui l’entouraient se dressait la chapelle Saint-Vincent, composée d’une nef et d’un transept, entièrement détruits, et d’une abside qui subsiste encore en partie.
La croisée du transept était surmontée d’une coupole octogonale et d’un clocher.
Sous cette abside s’étend une belle crypte romane de la première moitié du 12ème siècle, divisée en trois nefs à peu près égales, par deux rangées de quatre colonnes, couvertes en voûtes d’arêtes, appuyées sur des chapiteaux historiés.

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Entre la chapelle et le Puits de la Fée, s’étendait un cimetière où furent faites d’importantes trouvailles entre autres les débris de la cloche de bronze.
Toute cette vaste enceinte fut entourée de dix-huit tours, reliées entre elles par des murailles crénelées, le tout contemporain du donjon.
Plus tard furent ajoutés une fausse braie et le châtelet actuel, mais ce fut après l’époque féodale qui seule fait partie de cette étude.
Laissé à l'abandon jusqu'au XXème siècle, le château de Tiffauges fut le théâtre des turpitudes du maréchal de France après la mort de Jeanne d'Arc.

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Un conservatoire d'artillerie médiévale a été édifié en 1992 dans l'enceinte du château.
Avec une quinzaine de pièces, construites à l'identique par un spécialiste international, Renaud Beffeyte, il réunit la plus grande collection européenne de reconstitution médiévale en fonctionnement.
Le public peut assister lors de la saison touristique à des démonstrations de tirs de trébuchet, couillard, bombarde et mangonneau, et admirer une grue en bois telle qu'utilisée par les bâtisseurs du Moyen Âge.

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