Puy Story

09 novembre 2022

Ceux de Verdun....

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Voici un peu plus d'un siècle, se déroulait à Verdun une bataille qui décida du sort de la Première Guerre mondiale.
De nombreux Vendéens y combattirent, au sein notamment des glorieux 93ème et 137ème régiments d'infanterie, partis de La Roche-sur-Yon et Fontenay-le-Comte.
Ce sont 57 soldats du 137e RI (dont 33 Vendéens) qui furent enterrés vivants dans la fameuse "tranchée des baïonnettes" à la suite d'un violent pilonnage de l'artillerie allemande.
Après les grandes manœuvres de l'année 1914, le front occidental s'est stabilisé en 1915.
Alliés et Allemands se font face dans les tranchées.

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Victorieux sur les fronts russe et serbe, les Allemands entendent forcer la décision.
Le général von Falkenhayn choisit le secteur de Verdun pour mener la grande offensive.
Celui-ci dessine sur la ligne du front un saillant placé sous le feu de l'artillerie allemande.
Surtout, ville du traité de 843 où fut partagé l'empire de Charlemagne, donnant naissance à la
France et à l'Allemagne, ville lorraine conquise sur le Saint-Empire par les rois de France, Verdun est un symbole.
Falkenhayn compte sur l'envoi de nombreux renforts français, qui seront alors décimés par les immenses moyens en artillerie déployés sur le secteur.

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A genoux, la France devra alors solliciter l'armistice ...
Au pire, la prise de Verdun ouvrirait le chemin de la vallée de la Marne.
Pour mener l'assaut, les Allemands peuvent compter sur 10 divisions commandées par le prince héritier Guillaume de Prusse, le Kronprinz, dix autres étant tenues en réserve.
En face, une ceinture de collines boisées et une ligne de vingt-deux forts, construits après la guerre de 1870, protègent Verdun.
Mais l'armée française a délaissé les forts, dont elle a retiré les canons envoyés en première ligne.

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Dépourvus de moyens de défense, ceux-ci sont une proie facile à conquérir.
D'une manière générale, le système défensif de Verdun est assez fragile et les effectifs réduits.
Lorsque la bataille s'engage, les Français se battent à un contre deux.
L'offensive débute le 21 février 1916 au petit matin, à la grande surprise de l'état-major français.
Elle s'ouvre par un gigantesque tir d'artillerie, nettoyant le terrain devant 60000 assaillants allemands.
Décimés (les chasseurs à pied du lieutenant-colonel Driant perdent 80 % de leurs effectifs, dont leur chef, dans le bois des Caures) et dispersés, les "poilus" parviennent toutefois à résister jusqu'au 25, au milieu de scènes d'apocalypse, jusqu'à l'arrivée des renforts.

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Le 26, l'armée allemande n'est plus qu'à cinq kilomètres de Verdun.
Le fort de Douaumont est tombé la veille.
Mais, épuisé et à cours de munitions, l'ennemi doit suspendre son offensive.
Ce répit permet au commandement français de s'organiser.
La responsabilité de la défense de Verdun échoit au général Pétain, nommé commandant de la 2ème armée française.
Celui-ci organise la rotation des divisions engagées dans la bataille et transforme la route départementale de Bar-le-Duc à Verdun, connue depuis sous le nom de "Voie sacrée" (la formule est de Barrès), en artère vitale de communication avec l'arrière.

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C'est elle qui permet de ravitailler la ville et d'acheminer les renforts.
2000 tonnes de munitions, 2000 tonnes de vivres, 20000 soldats vont y transiter chaque jour et chaque nuit, en un convoi ininterrompu (un camion toutes les quinze secondes).
Durant dix mois de combats acharnés, les deux armées se prennent et se reprennent des lieux devenus légendaires ; la colline boisée du Mort-Homme, sur laquelle échoue en mars la vague allemande, les Eparges...
Les Allemands conservent l'initiative jusqu'en juillet.

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Début avril, lorsque s'achève la première phase de l'offensive, ils n'ont progressé que de deux kilomètres, mais le pilonnage intense des positions françaises se poursuit.
Après la reprise du fort de Douaumont par le général Mangin (fin mai), les Allemands lancent le
2 juin l'attaque du fort de Vaux, où sont retranchés les 600 hommes du commandant Raynal.
Les combattants s'affrontent à la grenade et à la mitrailleuse dans les galeries souterraines du fort, dans lesquelles l'ennemi a pénétré après avoir bombardé les ouvertures au gaz.
Épuisés, manquant d'eau, les survivants capitulent le 7 juin avec les honneurs de la guerre.

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Le commandant Raynal est reçu par le Kronprinz, qui déclare regretter qu'on n'ait pu retrouver son épée, afin de la lui rendre.
C'est fin juin, dans le secteur de Fleury et Souville, que se déroulent les combats où meurent les soldats (en grande partie Vendéens) enterrés dans la "tranchée des baïonnettes".
Cette grande bataille de l'année 1916 restera dans les mémoires comme "1er enfer de Verdun".
Chaque unité envoyée au front perd en moyenne 25 % de ses effectifs dès le premier jour.
Le froid, la faim, la maladie aggravent le quotidien du "poilu".

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Les troupes françaises, qui passent deux jours en première ligne puis deux en seconde ligne, se reposent ensuite deux jours à l'arrière.
Les lourdes pertes imposeront bientôt de porter ce rythme à trois jours.
Mais c'est ce roulement (les trois quarts des divisions françaises, soit un million et demi d'hommes, seraient passés par Verdun entre février et juillet 1916) qui permet à nos soldats de tenir.
Mieux organises, mieux protégés dans un premier temps, mieux ravitaillés en eau et en obus, les Allemands passent davantage de temps sur le front.

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Leur moral s'en ressent.
Soucieux de préserver les vies humaines, Pétain sait au contraire galvaniser ses hommes, lançant dans son ordre du jour du 10 avril 1916 son fameux :
"Courage ! On les aura !".
Il appartiendra au général Nivelle de reconquérir le terrain perdu depuis février.
L'offensive franco-anglaise dans la Somme est lancée en juillet 1916 afin de soulager Verdun. Après une dernière attaque, les 11 et 12 juillet, à nouveau entre Souville et Fleury (ce village a changé de mains dix-huit fois en un mois), dans laquelle les assaillants perdent les deux tiers de leurs effectifs, les Allemands resteront désormais sur la défensive à Verdun, où le front est dégarni au profit d'autres champs de bataille.

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La contre-offensive française, lancée en août, aboutit à la reprise de Douaumont le 24 octobre.
La reprise de Vaux, le 15 décembre, marque la fin de la grande bataille de Verdun, même si les combats continuent en 1917 et 1918 (le Mort-Homme est repris le 20 août 1917).
Verdun est dégagé définitivement par les Américains le 26 septembre 1918.
En décembre 1916, le front avait quasiment retrouvé ses contours de février ...

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La bataille de Verdun aura coûté 143000 tués et 187000 blessés allemands, 163000 morts et 215000 blessés français.
Six villages, dont Fleury près de Douaumont, sont rasés à jamais, tandis que les trous d'obus ont ravagé une terre devenue méconnaissable, en grande partie rendue aujourd'hui à la forêt.
Les esprits resteront marqués par le souvenir d'un massacre sans précédent, symbole puissant du suicide européen que fut la Première Guerre mondiale.

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31 juillet 2022

Verdun et les Vendéens

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Le 11 juin 1916, 57 hommes du 137e régiment d'infanterie (en majorité Vendéens) qui se préparaient à un assaut sont enterrés vivants par l'explosion d'un obus.
Entre les 10 et 12 juin 1916, a eu lieu à cet endroit un effroyable bombardement (notamment de canons lourds de 280 mm et obusiers de 305 mm).

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Les fusils émergeant du sol marquaient l'endroit où certains soldats avaient été enterrés vivants dans leur tranchée, et on baptisa le lieu "la tranchée des fusils".

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On la renomma par la suite " tranchée des Baïonnettes ", un nom plus tristement évocateur.

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Non loin de ce lieu de mémoire se trouve l'ossuaire de Douaumont.

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12 juillet 2022

La Croix Rouge.

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Depuis la nuit des temps, les hommes se combattent, s'entre-tuent.
Des milliers de guerres, des millions de morts.
Faute de pouvoir éviter les conflits, certains ont essayé de les limiter et de faire preuve de compassion à l'égard des victimes.
En Europe, les premières mesures pour tenter d'enrayer les violences et les trop nombreuses morts de jeunes chevaliers furent l'œuvre de l'Église.
Il fallait limiter les combats et les guerres privées entre seigneuries voisines.
La "Trêve de Dieu", proposée par le pape Jean XV (xxx-996) dès la fin du Xème siècle, codifiée par les conciles de Nice et de Narbonne au XIème siècle, défendit de se battre pendant l'Avent et le Carême.
Puis, pour assurer le respect du dimanche, l'interdiction fut étendue du samedi au lundi et enfin du mercredi au lundi.
On ne pouvait donc vider ses querelles que le mardi.
La peine pour ceux qui ne respectaient pas les règles... l'excommunication.
Malgré l'importance de la punition pour l'époque, être exclu de la communauté religieuse et de tout sacrement, elle ne fut guère dissuasive et on continua à se battre n'importe quel jour de la semaine.
Le but était de "protéger" les combattants de leurs instincts belliqueux.
Par contre, les souffrances des "populations civiles" n'étaient aucunement prises en compte.
Massacrer les enfants, violer les femmes, brûler les chaumières et les récoltes faisaient partie du "droit de guerre".
Où était l'idéal de la chevalerie de protéger les plus faibles ?

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La "Paix de Dieu", censée remédier à ces fléaux, défendit donc de s'en prendre aux femmes, aux enfants, aux clercs, aux marchands, aux pèlerins, ainsi qu'aux paysans et leurs biens (précision nécessaire car, pour s'affronter, les belligérants n'hésitaient pas à choisir un champ, même s'il était à la veille des moissons !).
Cet interdit n'aurait pas été plus respecté que le précédent si l'excommunication n'avait été assortie d'une possible confiscation de terres.
Voilà qui pouvait faire réfléchir !!!
Mais si peu !
Au XIIème siècle, toujours afin de réduire les hécatombes, le concile de Latran déconseilla l'usage de l'arbalète, jugée trop dévastatrice dans les conflits entre chrétiens et seulement entre chrétiens.
On pouvait donc, sans vergogne, exterminer les musulmans !
Tout au long du Moyen Âge, seul le "droit d'asile" semble avoir été réellement respecté.
Il mettait à l'abri des poursuites et des brutalités ceux qui se réfugiaient dans les églises et les monastères.
Hélas, il n'y avait pas que les honnêtes gens qui demandaient protection !
Jusqu'au XVème siècle, le geste le plus "humain" que pouvait espérer un combattant gravement atteint était le "coup de grâce".
Le vainqueur compatissant introduisait, entre le heaume et l'armure du mourant, une dague dite de "miséricorde" et lui tranchait la gorge afin de lui éviter des heures d'agonie.
La médecine de guerre n'apparut que lentement sur les champs de bataille.

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Au XVIème siècle, avec Ambroise Paré puis, beaucoup plus tard, avec le baron Dominique Larrey (1766-1842), chirurgien de la Grande Armée qui suivit Napoléon 1er dans toutes ses campagnes.
Mais les soins restaient insuffisants, voire "dangereux".
On opérait sans hygiène, sans anesthésie sous des tentes hâtivement dressées.
On amputait sans précautions et sans discernement, comme un remède à toute blessure.
La mort immédiate aurait souvent été préférable pour les malheureuses victimes qui souffraient le martyr avant d'expirer.
Pourtant au XVIIIème siècle, sous l'influence des philosophes du "siècle des Lumières", on commença à s'intéresser au sort des blessés.
On parla d'"humanité", d'être "humanitaire".
Le soldat fut considéré comme un être humain et non comme de la simple "chair à canon".
Des accords eurent lieu entre les Etats pour des échanges.
Le premier en 1743, au cours de la bataille de Dettingen entre les Anglais de Lord Stair John (1673-1747) et les Français du Maréchal de Noailles (1678-1766).
En 1759, durant la guerre de Sept Ans, Français, Anglais et Prussiens agirent de même.
Cela ne concernait que quelques centaines d'hommes.
Mais, au fil des décennies, les Etats gonflèrent considérablement leurs effectifs militaires et utilisèrent des armements de plus en plus "performants".
Évidemment, le nombre des morts et des blessés sur les champs de bataille augmenta dans de fortes proportions.
Le comble de l'insoutenable fut atteint à Solferino, en Italie du Nord, le 24 juin 1859.
Les Italiens, soutenus par les Français, luttaient contre les Autrichiens pour conquérir leur indépendance.
La bataille fut une boucherie ... 16000 morts ... 24000 blessés à peine 4000 médecins et infirmiers.
Un Suisse, Henry Dunant (1828-1910), venu rencontrer Napoléon III, l'empereur des Français, pour lui parler agriculture, découvrit le champ de bataille.
Horrifié, il décrivit ce qu'il avait vu et ressenti dans un petit opuscule "Un souvenir de Solferino" qui, tiré à 1600 exemplaires, fit le tour des pays européens.

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Les observations et les réflexions de Dunant aboutirent à la création de la première organisation humanitaire.
La "Croix-Rouge" en 1864.
Son principe essentiel était le respect de la neutralité, celle des blessés, celle des soignants.
Les uns et les autres devaient être considérés comme appartenant à "l'humanité", sans aucune notion de nationalité particulière.
La "Croix-Rouge" devait aussi se tenir prête à intervenir, à tout moment, sur tel ou tel théâtre d'opérations.
Cette « attente» d'interventions semble un peu cynique.
La guerre serait-elle légitime et inévitable ?
Peu à peu, chaque pays d'Europe fonda son Comité national, chapeauté par le Comité international basé à Genève.
Dès 1877, les pays musulmans créèrent leur propre organisation de protection des victimes.
Le "Croissant Rouge".
Durant la Première Guerre mondiale, outre les soins aux blessés, la Croix-Rouge s'investit également dans l'aide aux prisonniers.

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Visites de 524 camps, envois de lettres, de colis (1200 bénévoles expédièrent 1813 wagons), rapatriement de 700 000 hommes à la fin des hostilités.
Son implication lui valut le prix Nobel de la paix en 1917 (Dunant, quant à lui, l'avait obtenu à titre personnel en 1901).
La "Croix-Rouge" n'agissait et n'intervenait qu'en cas de conflits armés, ne s'intéressant qu'aux combattants.
Si son efficacité et son dévouement sur les champs de bataille n'étaient plus à prouver, l'Organisation manqua cependant d'humanité et la Seconde Guerre mondiale jeta le discrédit sur elle ...
Ses délégués qui avaient pourtant, à maintes reprises, visité les camps de concentration, ne dénoncèrent pas le génocide.
L'Organisation des Nations Unies (l'ONU), née aux lendemains de la Guerre, en 1945, à San Francisco, s'efforça d'assurer la relève et d'œuvrer en faveur de la paix (et non de pallier les désastres de la guerre).
Furent donc créés le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR), l'Unicef (en faveur des enfants), l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et le Programme alimentaire mondial (PAM).
Mais l'ONU connut bien vite des limites.
Elle ne gérait que les différents entre Etats et ne pouvait pas intervenir dans leurs affaires internes.
Elle resta impuissante dans les multiples guerres civiles qui éclatèrent en Ethiopie, en Somalie, en Angola, au Sri Lanka, au Liban, au Cambodge, au Nicaragua, en Afghanistan ...

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Impossible de venir au secours des populations dans la détresse, sans l'accord des gouvernements.
C'est alors qu'une nouvelle forme d'aide vit le jour.
Le tournant se produisit en 1968 au Biafra.
Face au refus du gouvernement nigérian de laisser les instances mondiales porter assistance aux populations, des Organisations Non Gouvernementales (ONG) agirent en toute illégalité apportant des soins, des remèdes, des produits alimentaires.
Ces organisations et c'était là la nouveauté, estimaient, qu'en plus de l'aide humanitaire qu'elles apportaient, elles avaient un devoir de témoignage.
Ce fut la devise de Bernard Kouchner qui, en 1971, fonda "Médecins sans Frontières".
La reconnaissance du rôle des ONG eut lieu le 22 novembre 1988 quand l'ONU vota une résolution adoptant "le droit d'ingérence humanitaire", c'est-à-dire le libre accès aux victimes en cas d'urgence, sans se préoccuper de l'éventuelle opposition des Etats concernés.
Deux jours après ce vote "historique", un tremblement de terre secoua l'Arménie, et c'est, sans
visas et forts de la nouvelle décision que les secouristes français débarquèrent dans le pays qui dépendait encore de l'URSS.
Le droit à l'ingérence fut ensuite appliqué en Irak, en ex-Yougoslavie, en Somalie, au Mozambique, au Liberia ou encore au Rwanda pour lequel Bernard Kouchner alla jusqu'à réclamer, en 1994, une intervention immédiate pour mettre fin aux massacres.
On compte aujourd'hui plus de 40000 ONG présentes dans le monde entier.
Malgré leur savoir-faire, l'abnégation de leurs bénévoles, elles n'ont malheureusement, qu'une influence variable, soumise aux caprices des Etats.
Cependant, en dépit des pressions politiques, elles restent des témoins, parfois gênants, mais qui veillent...
Ce rôle primordial d'aide et de vigilance, il faut que les ONG puissent continuer de l'exercer contre vents et marées.

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14 décembre 2021

Verdun 1916.*

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Verdun résume la lutte d'usure qui caractérisa la Première Guerre mondiale sur le front de l'Ouest, n'ayant que pour but de détruire les réserves françaises.
La bataille de Verdun fut peut-être la plus sanglante et la plus longue de la Première Guerre mondiale.
Alors que la guerre de tranchées s'était installée à la fin de 1914, il devint plus ou moins difficile de remporter une victoire traditionnelle sur l'ennemi.
Auparavant, la victoire était décidée par la défaite d'une armée ou l'occupation de régions clés ou de capitales.
C'était devenu impossible.

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On ne voyait pas comment percer des lignes et prendre des objectifs stratégiques, et de profondes positions défensives empêchaient totalement de chasser l'ennemi du terrain.
Le problème dans les deux cas était la disponibilité des réserves, en même temps que déplacer celles-ci vers un point menacé, avant qu'une attaque couronnée de succès puisse être exploitée par l'ennemi.
La victoire, dans cette guerre, consistait à épuiser l'ennemi, à porter le prix à payer pour sa poursuite si haut que la paix deviendrait absolument nécessaire.
A Verdun, 40 millions d'obus furent tirés pendant le conflit pensé par le général allemand Erich von Falkenhayn comme une bataille d'écrasement pour "saigner à blanc l'armée française".
Après une modeste offensive à Ypres en avril 1915, les Allemands adoptèrent une position défensive sur le front ouest.

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Cependant, en février 1916, ils résolurent de passer à l'offensive.
Falkenhayn, chef suprême de l'armée allemande, décida de frapper un grand coup contre l'armée française, déjà affaiblie par la perte d'environ deux millions de soldats depuis le début de la guerre.
Au lieu de tenter une percée, Falkenhayn prévoyait d'infliger un maximum de pertes en attaquant une partie de la ligne que les Français se sentiraient obligés de défendre à tout prix.
Les Allemands choisirent le saillant entourant la forteresse de Verdun comme terrain d'abattage.
"Jamais l'ennemi ne put sécuriser de façon permanente ; jamais il ne put échapper à la pression allemande", Erich von Falkenhayn.

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Verdun était un objectif idéal pour plusieurs raisons.
Située dans une boucle de la Meuse, la ville disposait de peu de voies de communication.
Une seule route la traversait.
Les problèmes de logistique de l'attaque étaient allégés par la présence d'une importante voie ferrée allemande à 19 km seulement de là, permettant de transporter des munitions, des fournitures et des renforts au cours de l'attaque.

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Le secteur de Verdun était relativement calme, et beaucoup de pièces lourdes armant les forts avaient été transférées en d'autres points, où leur présence paraissait plus nécessaire.
La garnison était de 3 divisions, représentant une faible défense.
Cher au cœur des Français, il permettait également aux Allemands d'amasser un maximum d'artillerie pour peser sur les défenseurs.
L'artillerie serait la pierre angulaire du plan allemand tandis que l'infanterie s'emparerait de points clés afin d'attirer les réserves françaises pour en faire de la chair à canon.

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Le 21 février 1916, l'air froid de l'aube était déchiré par les hurlements des gros obus et le sifflement des armes antipersonnel.  
Les 1200 canons (dont plus de la moitié de lourd calibre) de la 5ème armée allemande entamèrent le bombardement le plus dévastateur de toute l'Histoire.
Plus de deux millions d'obus tombèrent sur les positions avancées françaises dans les 12 h qui suivirent.
Un peu plus tard, des groupes d'assaut de l'infanterie allemande pénétrèrent dans les tranchées françaises ravagées.

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Les deux jours suivants, les forces allemandes ne réalisèrent que de faibles progrès, mais le 24 elles percèrent la ligne de défense principale, faisant 10000 prisonniers et capturant 65 pièces d'artillerie.
Au cours des jours qui suivirent, les Allemands continuèrent leur progression et capturèrent le fort de
Douaumont (ouvrage clé de la défense) le 25 février 1916.
Ce fut une sérieuse atteinte au moral des Français, surtout lorsqu'il s'avéra que sa garnison n'avait pas résisté jusqu'au bout.

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L'infanterie avait cédé sous le bombardement, laissant une poignée d'artilleurs pour assurer la défense.
Une patrouille allemande de neuf hommes découvrit une entrée non gardée du fort et y pénétra.
Elle conduisit à l'intérieur 300 autres soldats et prit le principal ouvrage de la défense de Verdun presque sans tirer un seul coup de feu.
Le haut commandement français avait été pris par surprise, mais le même jour, le général Pétain fut nommé à la tête de la 2ème armée française défendant Verdun.
Pétain était un excellent tacticien.

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Il avait également la réputation de se soucier de ses hommes et se mit immédiatement à organiser le ravitaillement, le renfort et le soutien des troupes en difficulté.
La seule route, "la voie sacrée", menant à Verdun était soumise à un feu constant d'artillerie, mais 3000 camions persévérèrent quotidiennement pour ravitailler les hommes en munitions.
Tout au long de mars, avril et mai, la bataille fit rage sans diminuer d'intensité.
Falkenhayn étendit la ligne de combat et, au cours d'avril et mai, les Allemands livrèrent d'âpres combats pour s'emparer des collines et des crêtes sur la rive est de la Meuse.
Une grande partie des combats était concentrée autour du Mort-Homme, qui fit tristement honneur à son nom.

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Pour les troupes des deux camps, l'enfer de Verdun devint quasiment un mode de vie.
À leur grande surprise, les Allemands se rendirent compte que leurs propres soldats se transformaient également en chair à canon.
Le 1 juillet 1916, l'offensive alliée sur la Somme força les Allemands à interrompre leurs opérations à Verdun.
À la fin du mois, les Français passèrent à l'offensive et, grâce à de féroces contre-attaques, regagnèrent la majeure partie des territoires perdus en début d'année.
Pendant que l'armée française, fatiguée, se battait bec et ongles pour défendre Verdun, l'instigateur du plan allemand, Falkenhayn, fut limogé et remplacé par l'équipe des généraux Paul Von Hindenburg et Erich Ludendorff, fraîchement victorieux de leurs combats sur le front Est.

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Pertes : Français, environ 500 000 victimes - Allemands, environ 425 000 victimes

Posté par Puystory à 10:42 - -

12 novembre 2021

Verdun 2/2 *

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La ville de Verdun est à présent menacée et, côté français, il convient de réagir vite.
Le 25 février, Joffre décide de nommer le général Pétain, un défensif, à la tête du secteur.
Ne comprenant pas pourquoi les Allemands n’ont pas attaqué sur la rive gauche, il y déploie toutes les batteries d’artillerie qu’on veut bien lui allouer pour prendre les Allemands en enfilade et parvient, en quelques jours, à endiguer leur avance.
Sa tâche est facilitée, puisque l’infanterie allemande a progressé si vite que son artillerie lourde est à présent hors de portée pour la soutenir.
Le Kronprinz, fils du Kaiser, chargé du secteur, demande et obtient que le front s’étende à la rive gauche de la Meuse.

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C’est chose faite le 6 mars, et les Allemands remportent des succès notables se rapprochant des éminences du Mort-Homme et de la cote 304.
De nouveaux renforts expédiés côté français permettent de rétablir la situation.
Le 1er mai 1916, le général Pétain est placé à la tête du groupe d’armées Centre, en charge du secteur de Verdun.

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C’est là que le général va pouvoir superviser le va-et-vient de camions chargés de matériel et d’hommes en direction du front de Verdun, empruntant cette route élargie par le génie, et entrée dans l’histoire sous le nom de Voie sacrée.
Les prouesses logistiques des Français vont avoir un impact décisif sur le cours des opérations.

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Sur le front de Verdun, le général Mangin, un offensif, a remplacé Pétain.
Dès le 2 mai, il tente de reprendre Douaumont.
Mal préparée, cette attaque échoue, avec des pertes sévères.
Les Allemands reprennent alors l’offensive et s’emparent du Mort-Homme.
Le 1er juin, c’est le fort de Vaux qui tombe et à la fin du mois, de nouvelles troupes allemandes tentent d’emporter la décision sur la rive gauche.

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Les pertes sont sévères de part et d’autre.
Le front se stabilise.
Le 1er juillet, l’armée alliée attaque sur la Somme pour soulager les troupes françaises de la Meuse.
Appuyée par une intense préparation d’artillerie, l’infanterie progresse lentement.
Mais l’offensive par laquelle Joffre espérait revenir à une guerre de mouvement s’enlise.
Fin août, Falkenhayn est limogé et son remplaçant, Hindenburg, décide d’opter pour la défensive.

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Mais les Français préparent leur contre-offensive grâce, notamment, à de nombreuses troupes coloniales.
Le 24 octobre, Douaumont est repris, puis Vaux.
Jusqu’au 18 novembre, 206000 Britanniques et 66000 Français périssent.
C’est l’opération la plus meurtrière de la guerre.
L’objectif est néanmoins atteint.
Les Allemands lâchent prise à Verdun.
Le 15 décembre, une dernière poussée française, massive, permet de rétablir la situation et ramène presque les Allemands sur leurs lignes de départ.
La bataille de Verdun est terminée.

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La bataille de Verdun demeure un symbole, celui de la guerre des tranchées, brutale, abominable, impersonnelle.
De très nombreux soldats français et allemands sont morts sans avoir jamais vu l’ennemi, écrasé par les obus.
La bataille de Verdun est en effet, et avant tout, une gigantesque bataille d’artillerie.
Les deux premiers jours de l’offensive, deux millions d’obus sont tombés sur les positions françaises.
Au total, les Allemands perdent 300000 hommes, tués, blessés et disparus.
Les Français, 375000.

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Une véritable boucherie, pour un résultat territorial nul.
L’armée française est confrontée en 1917 à une vague de mutineries sans précédent.
Le souvenir de la boucherie de Verdun et l’échec de l’offensive du Chemin des Dames ont sérieusement ébranlé le moral des soldats français, qui multiplient les actes de colère et d’indiscipline.
L’arrivée au pouvoir des bolcheviks en Russie par la révolution de février 1917 effraie les généraux alliés, qui redoutent une contagion.
La répression est confiée au général Pétain.
En mai et en juin 1917, le conseil de guerre prononce des peines exemplaires à l’encontre de
3500 soldats, dont 600 sont condamnés à mort.

Posté par Puystory à 00:10 - -


29 octobre 2021

Verdun (1/2) *

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Entre 1871 et 1914, l’Europe profite d’une paix relative.
La rivalité franco-allemande, plus vivace que jamais, se détourne de la "ligne Bleu Des Vosges" et s’exprime hors du continent européen.
Marquée par son humiliante défaite dans la guerre de 1870, la France fait de son empire colonial un exutoire à ses frustrations.
L’Allemagne de l’empereur Guillaume II, jusqu’alors hermétique aux questions extra-européennes, s’engage dans une politique expansionniste agressive et regarde les possessions coloniales des autres puissances.
Le début du 20ème siècle est le temps des alliances complexes et d’une course aux armements qui vont déboucher sur le conflit le plus meurtrier de l’histoire.
Depuis 1904, l’Entente cordiale est établie entre la France et la Grande-Bretagne, rejointes en 1907 par la Russie au sein de la Triple-Entente.
Elle répond à la Triple-Alliance ou "Triplice", signée entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie en 1882.
L’équilibre de l’Europe est fragile.

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En 1911, l’envoi d’une canonnière allemande dans la baie d’Agadir, au Maroc, manque de peu de déclencher une guerre.
Dans les Balkans, la fragmentation territoriale imposée par les puissances lors du congrès de Berlin de 1878 a créé une situation explosive.
Les guerres balkaniques de 1912 et 1913 sont les prémices du conflit mondial.
Le 28 juin 1914, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, en Bosnie, déclenche l’embrasement général.
Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
Le lendemain, la Russie, alliée historique des Serbes, ordonne la mobilisation.
L’événement déclenche une réaction en chaîne.

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Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.
Le lendemain, le Royaume-Uni entre à son tour en guerre…
On prévoit un conflit bref mais violent.
Pour la France, une chose importe est de récupérer l’Alsace et la Lorraine, perdues en 1871.
Le 5 août 1914, suivant le "plan Schlieffen", l’armée allemande, commandée par von Moltke, pénètre en Belgique neutre.
Joffre, général en chef des forces françaises, applique aveuglément le "plan XVII" et concentre ses efforts sur l’Alsace et la Lorraine.
Le 23 août 1914, les Allemands percent les Ardennes et menacent Paris.

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10 000 soldats sont envoyés sur le front de la Marne (grâce aux taxis parisiens) et réussissent du 6 au 12 septembre1914 à enrayer l’avancée allemande.
Un nouvel enjeu se dessine.
Les ports de la Manche et de la mer du Nord, voies de communication entre France et Grande-Bretagne.
La bataille d’Ypres, du 29 octobre au 24 novembre 1914, victoire décisive alliée, est le dernier épisode de cette "course à la mer".
À l’approche de l’hiver, le front se stabilise.
De part et d’autre, on creuse des tranchées.
En 1915, Joffre lance des offensives en Champagne, en Artois et sur la Woëvre.
Des opérations secondaires sont conduites en Flandres, en Argonne, dans les Vosges.
La deuxième bataille d’Ypres crée un effroyable précédent dans l’histoire militaire.

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Le 22 avril 1915, les Allemands lâchent dans l’atmosphère 150 tonnes de gaz asphyxiant (gaz moutarde), faisant 5200 morts.
À Verdun, dans la Meuse, saillant dans la ligne de front, le général Falkenhayn veut "saigner à blanc l’armée française".
De février à décembre 1916, 163000 Français et 143000 Allemands vont mourir dans les tranchées.
Les lignes sont disloquées par le déchaînement de l’artillerie.
Les positions perdues un jour sont reprises le jour suivant dans un va-et-vient incessant.

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La France ne veut à aucun prix abandonner ce haut lieu de son histoire.
C’est à Verdun en 843 qu’a été scellé le partage de l’Empire carolingien donnant naissance à la France.
C’est là aussi que Charlemagne a partagé son Empire, et les forts qui protègent la ville dont celui de Douaumont, est un sujet de fierté nationale en France.
Pour l’Allemagne, une victoire à Verdun devient impérative.
Le général Falkenhayn en charge des opérations sur le front de l’Ouest a toute la confiance du Kaiser Guillaume II pour mener à bien cette offensive, que l’on espère décisive.
Fin décembre, Falkenhayn a fixé son choix.

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Ce sera Verdun.
Près d’un siècle plus tard, ses intentions exactes demeurent mystérieuses car le mémorandum de Noël 1915, dans lequel le général allemand se serait fixé comme objectif celui de "saigner à blanc l’armée française", est probablement une invention de l’après-guerre.
Mais si l’on admet que son intention était celle-là, le secteur de Verdun semble l’endroit idéal pour mener une bataille d’usure.
Depuis 1914, la région fortifiée de Verdun (RFV) forme un saillant sur la rive droite de la Meuse, que l’on peut donc attaquer depuis plusieurs directions.

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Il est par ailleurs très mal desservi côté français, puisqu’une seule ligne de chemin de fer, étroite.
Reliant Bar-le-Duc à Verdun, peut permettre d’y acheminer rapidement des renforts et du matériel.
Falkenhayn a prévu une attaque sur un front de 7 km, sur la rive droite de la Meuse.
Six divisions d’infanterie, soutenues par un millier de pièces de tous calibres, dont des obusiers de 420 mm, doivent s’emparer dans les meilleurs délais du terrain qui les sépare de la ville de Verdun, soit une petite quinzaine de kilomètres.
Face à eux, deux divisions françaises, déployées dans des tranchées peu profondes et manquant souvent de barbelé.
Le 21 février, l’attaque commence par un bombardement d’une violence telle qu’il est audible à plus de 200 km.
Après un pilonnage de près de huit heures et vers 17 heures, l’infanterie allemande sort de ses abris.

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On a affirmé aux soldats allemands qu’ils ne rencontreraient aucune résistance.
Mais rapidement, dans les cratères et le sol ravagé par les obus, des soldats français se dressent et livrent bataille avec l’énergie du désespoir.
Ils ne peuvent que retarder la marche.
En trois jours, la progression allemande est spectaculaire de près de 5 km.
Le fort de Douaumont, défendu par une compagnie de territoriaux, tombe sans combattre le 24 février 1916.

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Posté par Puystory à 18:01 - -

20 mars 2021

Les amoureux de Verdun. *

Entrez dans la tranchée des "Amoureux de Verdun" !

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Découvrez la bande annonce de ce spectacle immersif émouvant créé en 2015 par les équipes du Puy du Fou comme un hommage aux Poilus de la Première Guerre mondiale.

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Au fil de la correspondance amoureuse d’un soldat et sa fiancée, plongez au cœur de l’hiver 1916, dans une tranchée enneigée, à la rencontre de soldats héroïques.

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A la veille de Noël, les fumées envahissent les galeries, le sol tremble à chaque nouvelle explosion, les alarmes retentissent…

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Tout semble perdu, mais en ce 24 décembre, les soldats ne savent pas encore qu’ils vont vivre un Noël qu’ils n’oublieront jamais !

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Un spectacle immersif émouvant, élu "Meilleur Création Mondiale" en 2016.

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Posté par Puystory à 00:14 - -

15 mars 2021

ANGOISSE ET RÉCONFORT.*

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Pour les hommes du Front, terrés, isolés dans un univers cauchemarde que de boue, de barbelés, de trous d’obus, il faut garder le moral et l’espoir.
Certes, il y a les solides amitiés qui se nouent entre compagnons de misère, mais ce qui les aide à survivre, c’est le souvenir de figures aimées.
Ils évoquent ceux restés "là-bas".
Les parents, les enfants, mais surtout la femme, leur femme, dont ils espèrent des nouvelles.
Aussi, celui que l’on attend avec impatience dans les casemates, c’est le vaguemestre et le courrier qu’il apporte.

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Pour les poilus, seuls, sans famille, ceux que le romancier Henri Lavedan a surnommés les "mutilés du cœur", on invente les "marraines de guerre" qui leur écrivent régulièrement et les accueillent lors des rares permissions et, parfois, des idylles se nouent…
D’autres idylles naissent aussi dans les hôpitaux, entre patients et infirmières volontaires.
Ces "dames blanches" assistent les médecins, soignent et pansent les blessés.
Leur seule présence est un réconfort pour les "gueules cassées", ceux qui sont asphyxiés, aveuglés par les gaz, ceux qui sont percés de balles de mitrailleuses ou d’éclats d’obus, ceux qui devront être amputés.
Leur douceur et leur patience aident tous ces malheureux à reprendre goût à la vie ou, hélas, à mourir.

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Au pays, on attend les nouvelles du Front avec la même impatience et on tremble.
Pour la femme, c’est l’angoisse de recevoir, un jour, un des fameux télégrammes apportés par la gendarmerie ou le Maire, celui qui annonce la mort de l’être cher.
Aussi, quel soulagement de voir arriver le facteur ou la factrice !
L’épouse lit la précieuse missive, le cœur serré.
Elle essaie de localiser le lieu où se trouve le soldat.

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Mais la censure veille et interdit de donner toute précision.
Qu’importe, même si les nouvelles sont banales, même si les mots sont sans intérêt.
Ces quelques lignes dérisoires rassurent : il est vivant !
Et pour qu’il vive longtemps, elle prie sans cesse.
D’ailleurs, les églises accueillent de plus en plus de fidèles, avides de réconfort et d’espoir.
Des ex-voto (tableau ou objet symbolique suspendu à la suite d’un vœu ou en remerciement d’une grâce obtenue) couvrent les murs.

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Des cierges brûlent devant les saints protecteurs, surtout devant Sainte Radegonde, la sainte patronne des soldats.
Des personnes, moins bien intentionnées, exploitent l’inquiétude des épouses : tireuses de cartes, voyantes et autres diseuses de bonne aventure qui prétendent lire l’avenir et proposent à prix d’or, des "gris-gris" censés protéger les combattants.
Un lien très fort s’établit entre les couples malgré l’éloignement,
Leurs pensées se rejoignent et les aident à croire au retour et parfois, c’est le choc, l’émotion indicible.
La porte s’ouvre, il est là, celui qu’elle n’osait espérer.
Certes, la permission sera courte, mais comme c’est merveilleux ces heures de bonheur arrachées à la guerre.

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Elle s’achèvera, enfin, cette guerre avec un bilan terrible.
Des millions de morts, de mutilés, de survivants amers.
Les hommes doivent admettre que leurs femmes ont évolué en quatre ans.
Elles ont su prendre leur place au travail et n’entendent pas retourner à leurs fourneaux.
Elles ont changé d’allure.
Elles ont coupé leurs cheveux, raccourcissent leurs robes, portent le pantalon et fument en public.
Mais cette "libération" n’est qu’apparente.
En fait, même si leur rôle a été capital dans la victoire finale les femmes restent "inférieures", sans le moindre droit civil ou civique.
Le droit de vote, concédé par les députés en 1919, leur est retiré par le Sénat.
Il faudra, hélas, subir une autre guerre pour qu’elles deviennent des citoyennes à part entière.

Posté par Puystory à 00:05 - -

21 décembre 2020

Mon beau sapin.*

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S'il est le roi des fêtes de fin d'année et s'il a fière allure paré de ses guirlandes, il est avant tout, comme le dit la chanson, le roi incontesté de la forêt et mérite que notre admiration s'exerce là où il domine son royaume.
Seul arbre dont la verdure perdure au coeur de l'hiver, le sapin était jadis en Allemagne, symbole de vie.
En 1508, un prédicateur allemand de Strasbourg mentionne pour la première fois le sapin de Noël dans son sermon.
A la même époque, il symbolise l'arbre de l'Eden et on y accroche les pommes de la tentation.
Au XVIIème siècle, on le décore de roses en papier et de bougies pour chaque mois de l'année.
Le premier sapin français est dressé aux Tuileries, à Paris, en 1837, à la demande de la duchesse d'Orléans.

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Depuis, il a conquis le monde entier... sauf l'Islande où l'on décore un sorbier !
Quant aux 6 millions d'arbres qui trônent dans nos foyers, ce ne sont pas des sapins mais, à 85 % des épicéas !
Connaît-on vraiment la nature de ce résineux si familier que l'on fête une fois l'an et qui fait rêver petits et grands ?
Le "sapin" de Noël de notre enfance, celui au pied duquel on dispose soigneusement les cadeaux en prévision du grand jour, est en effet, dans la plupart des cas, un épicéa commun.
La croissance de l'épicéa est rapide.
Cet arbre, qu'on trouve aussi bien en plaine, que dans la vallée ou en moyenne montagne, est abondamment planté, fortement exploité et son utilisation est variée : menuiserie, ébénisterie, pâte à papier...
Il est ainsi géré en vastes parcelles à des fins industrielles et de reboisement.

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Quant à son utilisation en sapin de Noël, sachez que plusieurs sortes d'épicéas sont en compétition.
En revanche, et contrairement à l'épicéa commun, le sapin des Vosges ou sapin blanc se fait rare.
Ce sapin qui apprécie tout particulièrement l'humidité des sous-bois, impressionne par sa taille démesurée.
Son tronc, d'une droiture exceptionnelle, est souvent gris argenté, alors que sa cime, lorsqu'elle est visible, semble rejoindre le ciel.
Le sapin blanc est un conifère pouvant atteindre 600 ans.
Vous surprendrez peut-être, par hasard, descendant de l'arbre à toute allure et défiant la pesanteur, l'écureuil roux en quête de nourriture.
Quelques secondes plus tard, l'animal vous observe, malicieusement caché derrière un tronc d'arbre protecteur.
Vous voilà surpris en flagrant délit de nostalgie.
Surpris à rêver aux Noëls de votre enfance, tout étincelants, tout illuminés de petites loupiotes, tout parfumés des senteurs du feu ouvert ou des bougies parfumées.
Tout colorés de boules et de guirlandes rouge et or.

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Qu'à cela ne tienne : plantez le décor !
Habillez votre sapin de rouge et d'or.
Décorez-le avec de belles pommes rouges entourées d'un ruban écossais, qui remplaceront joliment les boules traditionnelles.
Ajoutez des grands nœuds que vous découperez dans un ruban rouge de grande largeur.
Puis armez-vous d'une bombe à dorer, de pommes de pin que vous aurez récoltées au cours de vos promenades et que vous vaporiserez d'un nuage étincelant.
Vive la tradition !

Posté par Puystory à 00:10 - -

15 novembre 2020

Verdun !!! *

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C’était un jour de novembre de 1918…….. !!
Une pluie de bombe tombait sur nous….!!
Et malgré cette bourrasque de feu, nous n’avons pas reculé au nom de votre liberté !!!

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C’était un matin de 1918….
Un matin comme.. Tous ces matins de brume et d’espoir…
Un matin où nous rêvions que la guerre était finie..

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Un matin où nous pensions retrouver nos familles, nos champs…, nos amis…
Mais au crépuscule de cette belle journée, nous étions tous ensevelis dans cette terre…..
Cette terre défrichée, qui se souviendrait de nos tranchées… Et un peu de nous !!!

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Nous, ces soldats sacrifiés dont les noms sont gravés à jamais dans la pierre des monuments…
Il y a aussi nos frères d’arme de toute religion (amis ou ennemis) dont le nom a disparu à jamais, mais qui ensemble reposent en paix….., ici dans cet ossuaire.
Cette terre, cette guerre s’appelait……… VERDUN.

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A vous qui avez écrit cette page d’histoire……
REPOSEZ en PAIX.

Posté par Puystory à 20:46 - -