Le souffleur de verre
François Arnaud est souffleur de verre à la canne depuis vingt-cinq ans.
À 13 ans, François Arnaud se demande ce qu’il fera comme métier.
À 15 ans, il découvre le travail du verre en fusion.
Et c’est la révélation !
Il deviendra souffleur de verre à la canne, une profession rare.
C’est un souffleur de verre "à l’antique".
Il travaille seul, assis, devant le four et sur ses cuisses comme le pratique les artisans en Mésopotamie, en Egypte…).
Pour revenir aux origines de ce travail, il a parcouru de nombreux pays, comme l’Italie, le Canada, l’Afrique du Sud, l’Argentine, la République tchèque, l’Inde ou encore la Syrie, puisant dans les mystères de cette matière magique qu’est le verre pour parfaire son savoir-faire et sa technique.
Il a créé son atelier expérimental "Atelier PiVerre" à La Plaine-sur-Mer non loin de Pornic en 2005 et rejoint dès le mois de juin le petit village d’artisans et de métiers d’art qu’est Sallertaine.
Cet atelier est unique en Europe de la part de son organisation de travail atypique.
Il s’efforce de comprendre et de recréer, avec fidélité, des formes de verrerie de l’Antiquité et autre périodes historiques.
Il ne s’agit pas de copier une forme, mais à partir de cet objet retrouver la succession des gestes qui ont permis la fabrication.
Il réalise des pièces sur la base de dessins ou de photos d'objets antiques, avec une préférence pour la période allant du 1er au 5éme siècle, l'âge d'or de la verrerie.
Un véritable travail de recherche menée avec patience et ténacité afin de renouer avec les chaînes opératoires des verriers du passé.
Il y anime aussi des ateliers et des démonstrations.
C’est avec plaisir et beaucoup de pédagogie qu’il partage les secrets et mystères de cette matière magique.
Il développe également une production personnelle plus contemporaine, axée sur le travail de texture et d’effet de matière.
Il utilise pour ses réalisations, une palette de grains et poudres de couleurs façonnées à chaud, avant le soufflage du volume.
Mais en le voyant travailler, vous saurez tout sur le verre et comment on le travaille.
Quelle chance de pouvoir mettre en lumière ce fabuleux métier d’art.
Les œuvres de François sont uniques et magnifiques, ce n’est pas pour rien que cet "artiste-expérimentateur-verrier", comme il se qualifie, peut également se prévaloir d’un titre de "meilleur ouvrier de France" (MOF).
En France, ils ne sont plus que 70 souffleurs de verre.
Depuis 2021, les visiteurs du Puy du Fou passant par le village de "Chasseloup" seront séduits par la fascination du verre en fusion.
Le Gypsier du Village 18ème.
L'artisan "Gypsier- Moulage d'Ornement", travail avec de la terre de gypse mélangée avec de la poudre de marbre et du blanc de Meudon.
Sur le travail de l'artisan, on peut vaporiser des huiles essentielles, mais au 18ème siècle la ménagère plaçait de l'huile de cèdre/romarin et lavande pour faire action d'antimite.
Le gypse, autrefois qualifié de pierre à plâtre ou chaux sulfatée naturelle, permet de fabriquer le plâtre ou de réaliser l'ensemble des gypseries, souvent décoratives.
Il entre aussi dans la composition des ciments.
La poudre de marbre broyée en granulométrie fine est une charge minérale recherchée pour ses utilisations en peinture pour donner de la matière aux badigeons et aux enduits, en papeterie pour donner de la densité et de la brillance.
Le blanc de Meudon (aussi appelé blanc de Toulouse, blanc de Troyes, blanc de Champagne, marne blanche, blanc de craie) est un blanc à base de craie.
Le Blanc de Meudon trouve son origine dans les carrières de craie de Meudon, en région parisienne.
Le Vannier *
Le métier daterait du néolithique, mais face à la production industrielle, le métier de vannier n’est plus très répandu.
Le vannier, étymologiquement, est l'artisan qui crée le "VAN", grand panier plat à anses utilisé après le battage pour séparer le grain de sa balle.
Cependant, le terme de vannerie englobe de nombreuses réalisations reposant sur l'entrelacement de végétaux.
Le vannier travaille des tiges naturelles souples et flexibles (l'osier, le rotin, le roseau, le raphia, le bambou, le jonc, la paille, etc.) préalablement choisies en fonction de l'effet recherché, pour les tresser et en faire des objets de vannerie (paniers, corbeilles pour les boulangeries, plateaux, etc.).
La production peut se diversifier avec l’ajout d’autres matériaux : verre, Plexiglas brut ou teinté, caoutchouc ou métal.
Le vannier récolte dans son oseraie ou se procure de l'osier qu'il lave, fait sécher et teint parfois.
Le vannier peut créer des pièces sur-mesure, à la demande du client.
En plus de fabriquer des objets de vannerie, il peut aussi créer des tressages pour les ornements extérieurs, comme les aménagements de jardins.
Le travail de vannier est manuel et traditionnel.
Le vannier doit avoir le sens des proportions et des formes.
La passion des matières premières, la patience (récolte, séchage, etc.) sont au cœur du métier.
L'osier appartient au genre Saule (Salix) de la famille des Salicinées.
L'osiériculteur-vannier cultive souvent plusieurs variétés d'osiers qu'il sélectionnera plus tard en fonction de l'ouvrage à réaliser.
Les oseraies sont implantées dans des terrains humides, à partir de boutures.
La coupe est effectuée chaque hiver.
L'osier en botte est mis à reposer dans un bassin d'eau.
Il repart alors en végétation et produit des feuilles et des racines.
C'est à ce moment-là, au mois de mai ou juin, qu'il est écorcé mécaniquement afin d'obtenir de l'osier blanc.
Après un court séchage en plein air, il est stocké jusqu'à son utilisation.
Avant son emploi, l'osier est mis à tremper pour le rendre souple.
L'emploi du rotin en Europe est quant à lui plus récent.
C'est à la fin du 17ème siècle qu'il est importé d'Extrême-Orient par les Anglais et les Hollandais.
Le rotinier utilise comme matière première des rotins (en particulier Calamus et Démonorops).
Ces végétaux ont la propriété, après chauffage, de se ramollir et ainsi de pouvoir devenir la structure de meubles.
Son métier l'amène à travailler seul ou à plusieurs en atelier et doit avoir le sens commercial pour mettre en avant la qualité de ses produits.
Ce savoir-faire est devenu un véritable métier dont les premiers statuts datent de 1467.
Après la seconde guerre mondiale, l’arrivée de nouveaux matériaux comme le plastique a entraîné le déclin de la vannerie française.
La concurrence exercée par les importations de vanneries des pays asiatiques, d’Europe de l’Est et d’Espagne a largement contribué à ce phénomène.
La vannerie française produit aujourd'hui des articles de qualité pour le commerce, la boulangerie ou la décoration.
Depuis quelques années, les vanniers explorent de nouveaux domaines vers la décoration intérieure, l'aménagement de jardins, le tressage d'osiers vivants...
Chez le Maître-Verrier du Puy du Fou. *
Par ce petit article, nous allons vous dévoiler les étapes et techniques générales pour la réalisation d’un vitrail.
Au départ, et avec les idées et les inspirations du Maître d’œuvre, il sera réalisé une maquette afin d’avoir une idée du rendu.
Ensuite, pour l’étape suivante, il sera exécuté, depuis ce dessin, une maquette à l’échelle réelle, sur un papier un peu plus épais avec tous les détails et notamment sur la forme des pièces de verre et du chemin de plomb.
Une fois le dessin réalisé et approuvé, une découpe de chaque calibre sera réalisée et délimitée par un trait représentant le plomb (comme en couture il faut un patron).
Chaque calibre servira de modèle pour la coupe du verre.
S’il y a de la peinture, elle se fera une fois toutes les pièces de verre coupées et nécessitera une cuisson à environ 630° et ce afin de se conserver dans le temps.
Ensuite vient le montage avec un profilé en plomb en forme de H, qui relie toutes les pièces de verre entre elles.
Pour maintenir le tout, il sera procédé une soudure à l’étain à chaque intersection des plombs et cela sur les deux côtés du panneau.
Afin de rendre le vitrail bien étanche, un mastic un peu liquide à base d’huile de lin et blanc de Meudon (craie) sera appliqué avec un gros badigeon de chaque côté du panneau et nettoyé avec de la sciure et une brosse.
Une ossature métallique, appelée barlotière, servira à faire le lien entre les différents panneaux de vitraux.
Un solin (dispositif visant à assurer l'étanchéité) à la chaux sera mis sur les côtés du vitrail pour le jointé à la pierre.
Les rayons du soleil, ou lumières artificielles placées derrière les vitraux, vous raconteront une histoire et mettront la grande valeur du travail,
votre regard et le savoir-faire de l’artisan.
Au Puy du Fou, l'artisan présent à la Cité Médiévale utilisie des techniques et outils issus du Moyen-âge afin de vous présenter ses réalisations.
Les premiers enlumineurs.*
Les premiers enlumineurs apparaissent en France aux environs du IXe siècle.
Leur vocation est d'apporter la lumière, c'est-à-dire la couleur.
Les premières enluminures sont destinées à des ouvrages religieux.
Il s'agit de donner un petit peu de clarté à des textes qui sont ardus.
Alors on va enluminer des lettres, ou faire des lettrines avec de la couleur, de l'or.
C'est la première apparition de l'enluminure.
Ce travail s'exerçait surtout dans les monastères.
Il a repris de l'importance depuis.
Les enluminures sont importantes en tant que patrimoine.
C'était très marginal, car très peu de gens savaient lire.
Les premiers livres avaient pour but de préserver la religion, de l'inscrire.
C'était religieux avant toute chose.
L'image apparaît beaucoup plus tard et c'est l'image profane à partir du XIIème siècle en même temps que les romans du poète français CHRETIEN de TROYES (env.1130-1190) et autres.
Les troubadours, les trouvères vont sillonner la France, l'Europe même et ils vont raconter des histoires, des légendes.
Comme les gens ne savent pas forcément lire, on va faire des petites images qui vont véhiculer l'histoire.
L'image est chargée de symboles tant avec la couleur qu'avec ses traits.
Tout est histoire.
Le vieux métier de Potier.
Il y a quelques années, il y avait un artisan "Potier" au Village 18ème.
On recontre encore à quelques endroits des poteries sur le Grand Parc.
La poterie provient principalement de deux régions, l'une asiatique, l'autre africain et date probablement vers 25.000 ans av. J.-C.
Voir transformer une motte d'argile en un quelconque récipient aux formes parfaites, en la faisant tourner tout simplement sur un plateau mû avec le pied, a un côté magique et surnaturel.
Les poteries jouaient un rôle important dans la vie quotidienne, notamment la vaisselle.
Beaucoup d'entre elles, comme les "diables" pour faire "grâler (faire rôtir, griller) les patates" n'étaient cuites qu'une fois (le biscuit), les "pots à mogettes" étaient vernissés à l'intérieur ainsi que les grosses jarres destinées à la conservation des aliments, beurre, légumes, viande de "goret" (porc), etc.
La vaisselle plus fine (assiettes, bols, plats, soupières) était presque toujours émaillée et finement décorée avant de subir une seconde cuisson.
Fort nombreux, il y a peu encore, les potiers ont disparu peu à peu victimes du modernisme, du progrès et de la mécanisation.
S'ils arrivent à subsister, ils ne le doivent qu'à la qualité de leurs créations et de leurs motifs décoratifs.
Ils exercaient tous leur art en atelier, loin des grands centres.
Les voir travailler était un enchantement car tout paraît tellement facile !
Et pourtant !
Tout commençait avec une grosse poignée d'argile vigoureusement appliquée sur le plateau aussi près du centre que possible.
Il lançait le tour avec son pied et il asperge l'argile d'eau.
Il l'entourait de ses mains en coupe et en presse fortement les bords tout en la laissant tourner entre ses paumes jusqu'à ce que l'excentricité de la rotation disparaisse.
C'est le centrage de l'argile, peut-être la phase la plus difficile de la poterie.
Si on n'arrivait pas à le faire on ne sera jamais potier.
L'artisan pouvait ensuite lui faire subir les traitements les plus divers.
La façonner en cône élevé, la remettre à plat, creuser dedans avec ses doigts et même en faire autre chose qu'un objet rond en immobilisant le plateau.
La partie cuisson et décorations des objets est très importante.
Les poteries sont cuites une première fois dans un four à la température de 1000° durant 8 d'heures, ce qui a pour effet de biscuiter l'argile.
La terre conserve alors toute sa porosité et peut être décorée et émaillée avant de subir une seconde cuisson à 1.000° qui durera environ près de 9 à 10 heures.
Une compatibilité parfaite entre l'émail utilisé et le support est bien sûr nécessaire.
Les poteries présentant le moindre défaut, épaisseur non constante en particulier ne résistent pas à ces deux cuissons successives.
Les riches heures de l'enluminure (suite)
C'est en France, à Saint-Denis, qu'avec le concours de l'abbé Suger (1081-1151) fut formulée la conception d'un art nouveau : L'art gothique.
La taille du livre se réduit et la miniature devient l'enrichissement d'un texte écrit.
Ce que les bibles ont été pour la miniature romane, les psautiers le sont pour la miniature gothique, premiers livres liturgiques destinés à être placés entre les mains des profanes, ancêtres du livre d'Heures.
On y trouve deux types de miniatures : l'un fragmente les pages de cadres géométriques où sont insérées des scènes comme dans des vitraux.
Fonds peints à l'or ou de couleurs vives comme est réalisé "Le Psautier d'lngeburge" réalisé avant 1205.
L'autre type de miniature, comme "Le Psautier de Saint Louis" fait figurer l'enluminure dans un cadre avec un fond architectural.
Au XIV siècle, les livres enluminés sont exécutés pour l'aristocratie, le clergé, la bourgeoisie et deviennent de véritables objets de luxe.
La miniature est réalisée pour le lecteur du livre, elle est donc destinée à l'élite intellectuelle de la société.
Quand le lieu de fabrication des codex se déplaça des monastères aux ateliers laïcs des villes, la spécialisation s'affirma.
La répartition du décor d'un manuscrit n'était pas laissée à la fantaisie de l'artiste.
Le décor se faisait à des emplacements laissés vierges par le copiste.
L'emplacement et les scènes à illustrer étaient indiqués par le concepteur du livre, souvent le libraire, l'auteur du texte ou même le commanditaire.
Les enlumineurs réalisaient l'une après l'autre les différentes étapes.
Rehausser le dessin à la mine de plomb, appliquer la dorure, mettre la couleur.
Pendant tout le XIV siècle, Paris reste le grand centre artistique dont l'influence dominera les autres pays européens.
Mais la défaite d' Azincourt en 1415 et le traité de Troyes en 1420 vont mettre fin à la primauté parisienne.
L'art officiel se déplace avec le centre politique à Bourges, Tours, etc.
Le mécénat de Charles V (1338-1380) et de ses frères favorise les différents domaines artistiques ; l'un deux, Louis 1er d'Anjou (1339-1384) fit réaliser la célèbre "Tapisserie de I' Apocalypse", aujourd'hui au château d'Angers.
Jean de Berry (1340-1416), autre frère de Charles V, prit à son service en 1409, les trois frères Limbourg.
Ils réalisent vers 1416 la majeure partie du plus célèbre des manuscrits enluminés "Les Très Riches Heures du Duc de Berry" où l'enluminure atteint son apogée, manuscrit qui sera terminé 70 ans plus tard par Jean Colombe pour le Duc de Savoie, descendant de Jean de Berry.
Jean Colombe (1430-1493) est à l'origine du maniérisme français qui se perpétuera jusqu'au cœur du XVIII siècle.
L'influence italienne y est visible dans le décor à l'antique, l'encadrement et la conception même de l'espace dans le tableau, par l'allongement des proportions et l'adoucissement des formes.
Celui qui restera le plus renommé des artistes enlumineurs est le "Maître de Tours", Jean Fouquet (1420-1481).
Influencé par un séjour en Italie, Fouquet va s'inspirer du style antique.
C'est lui qui importe en France la science de la perspective.
Il a le goût du réel, de l'image exacte, du détail précis. Son activité se partage entre trois villes : Bourges, Angers et Tours.
A la fois enlumineur et peintre, il exercera son activité pendant 32 ans.
Un des seuls enlumineurs qui a la possibilité de laisser libre cours à son imagination, il conçoit et réalise intégralement ses œuvres.
Dans les "Grandes Chroniques de France", il représente le couronnement de Charlemagne à Rome, en reproduisant l'ancienne basilique Vaticane qu'il avait eu l'occasion de visiter durant son séjour italien et qui allait être abattue par la suite pour laisser place à la basilique Saint-Pierre du XVI' siècle.
L'un de ses élèves, Bourichon (xxxx–1521) , va jouir d'une notoriété sans précédent.
Il fut le peintre en titre de quatre rois : Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François ler.
Il exécutera "Les Grandes Heures d'Anne de Bretagne" où il utilise la feuille d'or à profusion.
Il représente l'art officiel, un art sage et sans originalité particulière.
Il meurt en 1521 marquant le début du déclin de l'enluminure.
L'imprimerie est introduite en France vers 1470.
Vers 1510, la majorité des livres est imprimée.
Cette invention marque la fin de la production des manuscrits enluminés et coïncide avec la fin de l'époque médiévale.
Durant quelques décennies, les enlumineurs réaliseront des incunables, éditions dont le texte est imprimé sur parchemin, puis enluminé à la main pour se rapprocher du manuscrit.
Les scribes ne furent pas tous mécontents de l'invention de l'imprimerie et certains devinrent eux-mêmes imprimeurs, faisant ce qu'ils avaient toujours fait mais plus efficacement.
La production des livres étant un processus avant tout pratique.
Concurrencée sur le plan économique par l'imprimerie, victime sur le plan artistique de la confusion avec le tableau que les enlumineurs ont eux-mêmes créée, estimée trop coûteuse pour un plaisir personnel, l'enluminure ne va pas tarder à s'éteindre.
Elle tente de survivre jusqu'à la fin du XVI siècle où elle laissera définitivement la place à la gravure et aux tableaux de chevalet.
Les enluminures de cet art disparu ne peuvent être contemplées que dans certaines bibliothèques publiques ou privées.
Le profane peut être surpris de constater que les couleurs n'ont rien perdu de leur luminosité depuis leur création qui date de plusieurs siècles (les plus récentes ont près de 500 ans et les plus anciennes 1500 ans).
En effet les couleurs employées étaient à base de pigments naturels, de pierres précieuses, de sucs de fleurs, de broyage de plantes, de charbon de bois, etc.
Avec quelques secrets de fabrication les enluminures ont pu défier les siècles et arriver jusqu'au XXI siècle sans altération majeure.
On ne peut que souhaiter raviver cet art, le faire connaître, l'enseigner grâce à la générosité de nouveaux mécènes par le biais de Fondations ou autres organismes pour essayer de transmettre aux générations futures ce qui fut le "Vrai et le Beau" d'une grande époque de la Civilisation Française.
Les riches heures de l'enluminure
Un art magnifique tout empreint de délicatesse, de précision, et de couleurs, réalisé en petit format qui connut son apogée à l'époque gothique grâce au financement de quelques mécènes.
La technique de cet art va évoluer au cours des siècles suivant des influences différentes dues aux artistes qui circulaient librement dans l'Europe chrétienne et qui dans tous les domaines de l'art réalisèrent des chefs d'œuvre que l'on admire encore.
Nous n'aborderons pas ici l'enluminure ottonienne, ni l'enluminure mozarabe qui eurent peu d'influence sur l'enluminure française qui à elle seule nous laisse un aperçu extraordinaire de sa production.
Au Moyen Age, les peintures ornant les manuscrits sont appelées miniatures, car pour les réaliser, on utilisait une poudre rouge, le minium, qui servait à cerner les contours du dessin.
Le terme enluminure créé au début du XIIIème siècle est tiré du latin illuminare qui veut dire donner la lumière.
En effet, l'or et l'argent employés dans les manuscrits réfléchissent la lumière et donnent tout son éclat au document.
Plus symboliquement, l'enluminure a pour but d'éclairer le texte en représentant certaines scènes décrites.
Si l'enluminure voit son apogée au XIIIème siècle puis au XVème siècle, ses origines difficiles à établir exactement remontent au début de notre ère.
Dans I' Antiquité, une grande partie de la littérature romaine fut consignée sur des rouleaux.
Le papyrus, bon support pour l'image et le texte, mais trop fragile est remplacé progressivement par le parchemin (peau de mouton travaillée).
Au IIIème siècle, le rouleau cède la place au codex (livre), les feuilles plates du parchemin rendent l'utilisation du codex plus pratique, on tourne les pages séparées, lues, l'une après l'autre.
Il est difficile de considérer ce qu'il nous reste des manuscrits témoins du passage de l'Antiquité à l'ère chrétienne (du IVème au VIIème siècle), la plupart des documents ayant disparu dans les incendies des abbayes lors des pillages par les hordes barbares.
Il n'est donc pas aisé de définir le début réel du livre enluminé.
Le "Calendrier de Filalcona" en 354 serait le plus ancien codex enluminé.
On distingue plusieurs époques qui vont du balbutiement à l'épanouissement de cet art merveilleux, des premières lettrines celtes aux grandes miniatures gothiques.
L'ENLUMINURE PRE-ROMANE.
L'enluminure pré-romane se divise en une suite de périodes aisées à délimiter, se référant chacune à des modèles d'esthétiques différents. Deux principaux courants influencèrent l'enluminure française de la période romane.
1. Anglo-Saxon
Aux VII et VIII siècles, l'art du livre atteint un développement imposé par la multiplication des fondations monastiques, les grands "scriptoria" eurent à fournir quantité de copies de la Bible et surtout des Evangiles.
L'Angleterre et l'Irlande n'ont jamais véritablement été submergées par les invasions barbares.
Pendant que des tribus ravagent l'Europe du VII' siècle, les moines du Northumberland produisent des œuvres d'une grande sophistication où s'épanouit un style décoratif fondé sur de savantes combinaisons d'entrelacs et d'animaux fabuleux.
La Grande Bretagne produisit deux des plus grandes œuvres d'art du monde : "Les Evangiles de Lindisfarne" et "Le Livre de Kells".
2) Carolingien : Charlemagne et ses collaborateurs donnent au livre la place la plus importante qui soit. L'écriture connaît un important changement par la généralisation à partir du IX siècle de la minuscule dite Caroline (parce qu'imposée par Charlemagne).
L'Evangéliaire de Godescal, commandé par Charlemagne à l'occasion du baptême à Rome de son fils Pépin et exécuté entre 781 et 783, est le plus ancien manuscrit de l'école palatine d'Aix-la-Chapelle.
Il est écrit avec la nouvelle minuscule, en lettres d'or et d'argent sur un parchemin pourpre.
L'ENLUMINURE ROMANE DES XI ET XII SIÈCLES
La période romane en France, dans tous les domaines artistiques, couvre les XI et XII siècles.
Pendant ces deux siècles, l'enluminure va se développer considérablement.
Les ouvrages ne seront plus seulement objets de culte à caractère sacral, mais aussi outils de travail et d'étude.
On copie de plus en plus les écrits des auteurs antiques, des ouvrages juridiques, géographiques, de médecine, etc.
Au début du XI siècle, les moines bénédictins tiennent la quasi exclusivité de la réalisation des manuscrits.
Constatant la pauvreté artistique de la décoration des livres et à l'instigation d'Hildebrand (futur Pape Grégoire VII), son ami Désidérius (futur Pape Victor III), abbé du Mont Cassin décide d'aller à Byzance, en 1065, à projet d'en ramener des artistes afin de décorer les deux grands berceaux bénédictins, Le Mont Cas¬sin et Subiaco.
Ces artistes établissent aussi des écoles artistiques dans divers monastères.
Leur influence fut immédiatement sensible dans les manuscrits de l'époque, perpétuant un style imposant et rigide, très riche par les fonds dorés, les corps plats sans volume, cernés d'un contour noir.
L'art des manuscrits romans est presque exclusivement monastique, c'est pourquoi la décoration des codex portait l'empreinte des traditions d'un ordre, d'une abbaye, des goûts d'un supérieur.
L'activité créatrice des abbayes est dépendante des abbés qui les dirigent.
Citeaux, par exemple, nous offre de beaux manuscrits enluminés dont la majorité est toutefois sans or et sans image, conformément à l'idéal ascétique de l'ordre cistercien voulu par Saint Bernard.
La miniature romane est un art ornemental, autant qu'un art d'illustration.
La lettre ornée et la lettrine y tiennent une très grande place.
La grande fantaisie romane fait se côtoyer des créations tantôt drolatiques, tantôt effrayantes : gnomes, dragons, animaux acrobates prennent place dans la lettrine ou dans les rinceaux (ornements à motif de tiges stylisées) qui la prolongent.
Les manuscrits les plus typiques de ces deux siècles sont "La Bible de Souvigny" et "Le Psautier de Winchester".
Pendant la période romane, l'enluminure n'est presque jamais mise au service des empereurs ou des rois, car la majorité des livres fabriqués en Europe, l'était dans les monastères.
Depuis le Haut Moyen Age jusqu'au XII siècle, la transmission de la culture et donc la production des manuscrits avait été un monopole du clergé, les centres en étaient les monastères et les écoles capitulaires auprès desquelles fonctionnaient des ateliers de copie, les scriptoria.
Le phénomène qui marqua la fin du monopole des moines sur la culture fut le développement des universités.
A partir du XII siècle, les étudiants vont se regrouper sous l'égide de maîtres dans des centres d'enseignement, origine des universités dont l'importance entraîne au siècle suivant la mise en place de nouvelles structures de production du livre.
Un nouveau personnage apparaît, "le libraire", autour duquel se regroupe les parcheminiers, écrivains (copistes) et enlumineurs, métiers exercés dorénavant par des professionnels laïcs.
à suivre
Dans l'atelier du Sabotier. *
Dans l'atelier de l'artisan règne une bonne odeur de menuiserie.
Au mur, des outils rudimentaire alignés comme à la parade.
Au centre, éclairé par les fenêtres, trône "la chèvre", sorte de billot de bois à quatre pieds auréolé de copeaux blonds qui jonchent le sol.
L'artisan manie la hache, l'herminette et le paroir et dégrossit son morceau de bois.
Le bois se travaille demi-sec.
Abattu en vieille lune, dépouillé de son écorce et débité en bille d'un mètre de long, il est entreposé près de l'atelier.
Chacune de celles-ci est elle-même sciée en trois morceaux correspondant à la longueur maxima des sabots. Leur taille se donne en pouces et va du 8 1 /2 (22 cm) au 13 (34 cm).
Le bûchage s'effectue à l'aide de la hache à bûcher, appelée aussi hache à épaule de mouton.
C'est un outil caractérisé par la forme très particulière de son manche et de son fer décentré sur la gauche pour ne pas gêner le mouvement du sabotier.
Le talon est marqué d'une encoche et l'ébauche est fixée sur un billot.
La mise en forme est commencée à l'herminette pour être achevée au paroir, sorte de long couteau à un manche fixé par une extrémité.
L'artisan taille, épluche, lime sans un raté.
Copeau après copeau, la forme émerge de sa gangue parfaitement équilibrée.
Le sabot est ensuite creusé à l'aide de gouges, tarières et autres cuillères diverses.
La talonnette sert à donner l'arrondi du talon tandis que la rouannette permet de planer le dedans.
La finition est assurée au racloir.
Il est alors possible de les décorer et de les teinter au brou de noix ou à la suie ou bien encore de les vernir.
L'œuvre terminée, devant tant de savoir-faire, on ne peut s'empêcher de penser à la marionnette que "Gepetto" avait créée avant tant d'amour et à qui une fée donna la vie.
Le Sabotier. *
"Les belles dames, les gros bourgeois dédaignent mes sabots de bois.
Le roi peut bien se chausser de veau.
Moi je préfère mes durs sabots, sabots de frêne taillés chez nous, ils m'ont coûté quatorze sous."
Imaginez un instant une armada de plus de mille sabots ...
Sabots massifs tirés d'un morceau de hêtre, propres à naviguer dans la boue, sabots pointus et coquets garnis de cuir, pour danser...
Sabots qu'un Maupillier rageur fait claquer comme un homme, ou lourds sabots qui traînent lorsque la terre enfonce ...
Faits de bois dur, de frêne, de hêtre ou d'orme pour l'hiver, de vergne pour l'été, plus légers, ou sabots fantaisie en noyer.
Certains, destinés aux marins, taillés dans le bois tendre du peuplier, ne causaient aucun dommage aux ponts des bateaux !
Sur le dessus du pied, un coussinet joliment roulé et une semelle intérieure, tous deux confectionnés en paille de seigle, donnaient un certain confort et gardaient le pied au sec.
Le "sabaron", sorte de guêtre en cuir, parfois fixé au sabot, complétait la protection.
Il était d'usage, afin d'éviter qu'ils ne se fendent, d'entourer le dessus des sabots avec un fil de fer.
Celui-ci nommé "pionnette" ou "arçon" était vendu sur les foires et marchés par quelques pauvres bougres qui ont disparu de nos jours.
Jusqu'à la dernière guerre, avant que la botte de caoutchouc n'envahisse nos campagnes, le sabotier faisait partie de la vie quotidienne du Bocage.
Surnommés "Chausse-Martyrs", ils allaient de village en métairie où ils étaient attendus avec impatience ... Le Saint Patron des sabotiers fut aussi le premier d'entre eux.
En effet, Saint René (396-450), évêque d'Angers, se retire à Sorento (royaume de Naples), vers l'an 440, pour y façonner des sabots.
Le jour de sa fête, le 12 novembre, les manœuvres offraient leur journée de travail au patron sabotier.
Le soir, celui-ci les invitait à un banquet et à des danses.
La fête finissait fort tard dans la nuit voir le lendemain.
Au XVlllème siècle la production était vendue par les boisseliers (fabricant de boîtes en bois et de récipient), les chandeliers (fabricant et marchand de chandelles) et les regrattiers (commerçant de denrée de seconde main) des villes.
Comme les charbonniers (livreur de charbon), les sabotiers en forêt se traitaient de "bons cousins" et formaient un corps du Compagnonnage.
Venus de la forêt où abondait la matière première, les moins farouches, lassés de leur vie d'ermite, se rapprochèrent des villages ouvrirent boutique dans les bourgs.
Aujourd'hui, il reste très peu de ces artisans capables de dégager d'une pièce de bois un de ces sabots qui protégeait si bien le pied de l'eau et du froid.