Les bateaux de La Pérouse.*
Comme nous le savons, l'expédition de "La Pérouse" a demandé 5 mois de préparation tant pour le manifeste de bord, mais également pour les embarcations.
Le manuscrit original, daté du 26 juin 1785, est remis au roi après avoir été relié pleine peau avec dorures "à la dentelle" et décoration aux armes et au chiffre de Louis XVI.
Deux copies du manuscrit sont également réalisées.
La première est remise au maréchal de Castries (1727-1801) ministre de la Marine.
La seconde est destinée au chef de l'expédition et elle disparaîtra dans le naufrage de La Boussole.
L’expédition de La Pérouse est l’aboutissement de plusieurs siècles d’efforts de la France.
Mais revenons aux navires...
Depuis Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), au 17ème siècle, on cherche à se donner les moyens de rivaliser avec les flottes anglaise et hollandaise.
La construction d’un navire met en jeu des savoir-faire complexes c’est pourquoi Colbert décide de rationaliser l’art de construire des navires, mais utilise également l’espionnage pour récupérer les secrets de construction des flottes anglaise et hollandaise…
Il y a trois chantiers navals ou arsenaux qui sont désignés en France :
Toulon sur la Méditerranée, Brest et Rochefort sur l’océan Atlantique.
La Pérouse connaît bien les inconvénients des navires choisis lors des voyages précédents et il écarte immédiatement les vaisseaux et frégates qu'il juge totalement impropres à un voyage d'exploration.
En accord avec Charles-Pierre Claret, comte de Fleureu (1738-1810), il opte pour des flûtes ou des gabares qui, à dimensions égales, ont un volume de cale plus important que celui d'une frégate.
Les cales de 9m de large permettaient de stocker vivres et matériel à échanger avec les insulaires.
Ces gabares devaient être récentes et que leur poids devait être compris entre 500 et 600 tonneaux.
Le 6 mars 1785, le maréchal de Castries (1727 – 1801), ministre de la Marine, désigne la flûte "Le Portefaix" du port de Rochefort et, trois jours plus tard, la gabare "L'Utile", comme navires de l'expédition.
Le "Portefaix" qui deviendra la "Boussole" est une gabare de 550 tonneaux construite à Bayonne en 1781-1782 sur les plans de l'ingénieur Jean-Joseph Ginoux (1723-1785).
Lancée en mai 1783 a déjà navigué et il s'est échoué deux fois sans grands dommages.
Le devis de retour de campagne montre que les réparations à effectuer sont de peu d'importance.
Les archives de Rochefort nous apprennent que Le Portefaix était armé de quatre canons de 6 livres.
Sa longueur de coque était de 41,27 mètres, et sa largeur maximale de 8,77 mètres.
Cette embarcation possédait un entrepont sous le pont de la batterie, ce qui permettait de la doter d'emménagements assez comparables à ceux d'une frégate.
Également construite à Bayonne, la gabare "L'Utile", de 350 tonneaux, a été lancée en avril 1784.
Sa coque mesure 36,40 mètres de long sur 8,77 mètres.
Aussi large que Le Portefaix, L'Utile est moins longue et sa vitesse est probablement moindre.
Le plus gênant est qu'elle n'a pas d'entrepont.
Pour les besoins de l'expédition, les gabares subiront un bon nombre de transformations.
Sur l'Utile, le placement d'un entrepont, apportera encore une différence à son tirant d'eau, mais aussi réduira l'espace de chargement.
Plus grave encore, avec l'augmentation du tirant d'eau, il devient dangereux d'ouvrir les hublots indispensables pour ventiler l'entrepont, car ils seraient trop proches de la flottaison.
Le 3 avril 1785, le comte de Latouche-Tréville (1745-1804), commandant de la marine à Rochefort en informe et deux jours plus tard, les travaux sur "L'Utile" seront définitivement arrêtés.
Elle sera remplacée par "L'Autruche", du port de Brest.
Gabare, construite au Havre en 1781 également par Jean-Joseph Ginoux, elle est identique au Portefaix.
Elle a été mise sur cale au Havre en juin 1781 et lancée en février de l'année suivante.
Comme les deux navires sont rigoureusement les mêmes, on pourra optimiser les travaux en les équipant de la même manière en réalisant des opérations rapides et peu coûteuses.
Pendant que Fleuriot de Langle supervise les travaux de L'Autruche, "La Pérouse" prend en charge ceux du Portefaix.
Les travaux principaux seront :
Artillerie portée à douze canons de 6 livres, ce qui oblige à percer quatre sabords supplémentaires sur chaque bord.
Initialement prévu pour 4 officiers, l'aménagement des quartiers pour les officiers (9) et savants (10) (considérés comme officiers).
Les deux bâtiments vont recevoir des mâtures semblables, permettant d'échanger, le cas échéant, leurs mâts et voiles de rechange.
La cuisine est un élément important.
Elle ne doit pas trop encombrante et sa consommation en bois doit être raisonnable et ne doit pas provoquer un incendie à bord.
Les cuisines traditionnelles (en fer) ne donnent pas satisfaction et sont trop gourmandes en bois et les aliments sont soit cru ou complètement brûlés.
Fleuriot de Langle termine la mise au point d'une cuisine à laquelle il a fait adapter une cucurbite, sorte d'alambic destiné à distiller l'eau de mer.
Donnant entièrement satisfaction, on installe une semblable sur La Boussole, de manière que les deux frégates aient des équipements semblables.
On ajouta aussi un moulin à vent sur le "Portefaix", afin de procurer de la farine fraîche à l'équipage.
Fin mai, les deux flûtes sont officiellement appelées frégates pour des raisons de prestige.
Le Portefaix devient "L'Astrolabe" et L'Autruche "La Boussole" puis, sans qu'on sache exactement pourquoi, une note du 26 juin inverse les deux noms.
Il a été dit que, le roi Louis XVI ayant confondu les deux navires, ses subordonnés avaient entériné l'erreur puisque, contrairement au commun des mortels, le roi ne saurait se tromper !
La Pérouse embarqua de nombreux animaux vivants, nourriture, arbres et arbustes, serres portatives, de la verroterie à échanger avec les indigènes, et une grande quantité de matériel (haches, herminettes, couteaux…).
Chaque navire embarque les pièces nécessaires à la maintenance et à la réparation des bateaux, partis pour quatre ans.
Les voies d'eau seront calfatées d'un mélange de goudron et D'étoupe par les charpentiers et les calfats, les voiles déchirées seront aussitôt reprisées par les maitres-voiliers, les pierriers éventuellement mis en batterie par les canonniers...
Il fit nommer à la tête de l'ASTROLABE son ami FLEURIOT de LANGLE et lui adjoint le Chevalier de MONTY (1753 – 1788).
La plupart des membres de l'équipage choisit par La Pérouse, étaient bretons.
Sur l’Astrolabe, commandé par La Pérouse, embarquent 10 officiers qui forment l’état-major, 1 chirurgien et 9 officiers mariniers et pilotes et 20 canonniers et fusiliers.
L’équipage compte encore 10 charpentiers (chargés des pièces en bois), des calfats (chargés de l’étanchéité du navire), des voiliers (chargés de l’entretien des voiles).
Le reste de l’équipage se compose de gabiers, timoniers et matelots, de 7 domestiques et chef-coq, boulanger, boucher, tonnelier, forgeron….
Comte d'Hector, commandant de la marine à Brest présente des bateaux sur mesure et dit :..
"J’ai personnellement supervisé l’aménagement des navires de l’expédition.
Nous avons choisi des bâtiments de transport solides, spacieux, à fond plat. Les deux bateaux sont spécialement préparés pour cette longue expédition.
Les mâts sont changés, la coque est renforcée par des boulons de cuivre, puis ils sont calfatés et radoubés à neuf.
Enfin, on construit les chaloupes d’exploration, certaines embarquées en pièces détachées.
A bord, on installe les cuisines, on équipe les logements, puis on embarque le matériel de rechange, les vivres pour deux ans, l’équipement scientifique et les marchandises d’échange.
Fin juillet 1785 tout est prêt."
Le 1er AOUT 1785, l'ASTROLABE et la BOUSSOLE levèrent l'ancre à BREST pour un long périple de 4 ans autour du monde.
L'ASTROLABE sombre en 1788 à VANIKORO, brisée sur des récifs une nuit de tempête à quelques encablures de la BOUSSOLE.
Un petit résumé sur le chargement des deux navires :
226 marins et savants.
950 tonnes de matériel nautique.
5 bœufs, 40 moutons, 40 cochons, 400 volailles avec le foin et les graines nécessaires.
Une bibliothèque de plusieurs centaines d’ouvrages.
Des instruments scientifiques les plus récents.
Des cadeaux et "objets d'échange" pour les indigènes (métal non travaillé, 20 000 outils, perles de verre, étoffes, vaisselle, médailles…).
Des graines à semer dans les pays abordés (choux, salades, carottes,…).
Une soixantaine d’arbres ou d’arbustes en pots à distribuer.
A méditer
Les livres ne se détruisent qu'avec l'inconscience des incrédules !!!
Derrière ce décors, des femmes, des hommes, des artisans ont travaillés pendant des mois afin de nous faire revivre toutes ces aventures...
Alors touchez pas.....
D'autres visiteurs seront contents et auront aussi le droit de voir ces chef-d'oeuvre en bon état.....!!
L'eau à bord.*
L'eau douce est conservée dans des barriques qui prennent place dans la cale.
Au bout de quelques jours, cette eau commence à "se faire" en devenant rousse et glaireuse.
Son odeur et son goût repoussant ne rebutent pas les gros vers qui y pullulent.
Par la suite, l'eau reprend un aspect à peu près normal, mais son pourrissement se renouvelle peu de temps après.
Il faut, dit-on, trois cycles pour que l'eau redevienne potable et, comme elle ne le redevient en fait jamais, elle est à l'origine des "fièvres putrides" qui déciment les équipages.
La conservation était difficile.
Elle avait parfois si mauvaise odeur qu'il fallait :
"fermer les yeux et se boucher les narines"
pour la boire.
Le botaniste sur la Boussole.*
Les botanistes herborisent à chaque escale, cherchant de nouvelles plantes aux utilisations médicinales, tinctoriales ou industrielles.
Ils offrent aussi aux populations indigènes des plantes européennes.
Au XVIIIe siècle, la médecine tire 80% de ses médicaments du monde végétal et les jardiniers recherchent sans cesse de nouvelles plantes ornementales.
L'industrie alimentaire espère des découvertes aussi importantes que le caféier ou le cacaoyer.
Il est donc nécessaire de rapporter chaque découverte botanique dans les meilleures conditions pour les acclimater et les exploiter pour la consommation courante.
Les caisses étaient destinées à conserver et à protéger les plantes durant les voyages océaniques.
Elles sont légères et maniables pour que leur installation soit facile, aux meilleurs endroits du bateau sans gêner les manœuvres.
Conserver les plantes en bonne santé tout au long d'une expédition océanique impose d'installer soigneusement les caisses de manière à ce qu'elles soient :
- Toujours à l'air et à la lumière,
- Protégées des embruns sales, munies de pieds l'isolant du pont lave chaque jour à l'eau de mer,
- Bien arrimées en cas de gros temps,
- Déplaçables pour ne pas gêner les manœuvres de l'équipage.
La Pérouse ou le grand projet de Louis XVI.*
Louis XVI n'est pas un roi vraiment populaire dans notre histoire.
Dépassé par les évènements, ou refusant l'évidence, traître à la Révolution, ses déboires nous font presque oublier au passage la complexité de l'histoire révolutionnaire, puisque la Terreur correspond à la prise de pouvoir des extrémistes, et qu'il est évident que les Révolutionnaires n'avaient aucune intention au départ de se débarrasser du Roi.
Mais c'est une autre page de l'histoire.
Or, le vrai Louis XVI, ou plutôt l'autre Louis XVI, c'est l'expédition de La Pérouse qui nous le dévoile.
Il existe peu d'exemples de souverain ou de chef d'Etat associé à une aventure aux facettes aussi multiples, humaniste, scientifique, exploratrice, une aventure qui fait avancer l'humanité.
On pense évidemment à Kennedy et au projet d'envoyer un homme sur la lune.
Ni Louis XVI ni Kennedy ne verront l'aboutissement de la mission qu'ils ont rêvée.
Alors, pourquoi cet intérêt ?
On dit Louis XVI pénétré de son siècle et des idées des philosophes de lumières, et on le dit aussi passionné de voyages, de sciences.
On imagine aussi que, très influencé par la relation des voyages de Cook, il ait songé aux bénéfices non pas seulement scientifiques mais aussi politiques, commerciaux, militaires, coloniaux (dans un contexte de rivalité intense avec l'Angleterre) de cette expédition.
Le projet impressionne par le niveau de détail, par le soin apporté à la planification de la mission de La Pérouse.
1. La première partie donne un plan détaillé de la navigation, comprend en théorie 150.000 kilomètres à parcourir en quatre ans.
Le Roi autorise à faire les changements qui lui paraîtraient nécessaires dans les cas qui n'ont pas été prévus...
Le but est avant tout de compléter la cartographie élaborée par Cook.
Les instructions impressionnent par leur prudence et un certain humanisme.
Ainsi Louis XVI demande que les deux frégates ne soient jamais éloignées l'une de l'autre.
2. La deuxième partie traite des objectifs politiques et commerciaux.
A l'époque, l'empire colonial espagnol s'effondre. Les Anglais et les Français cherchent à s'en emparer.
Il est demandé à La Pérouse de faire l'état des colonies portugaises à l'escale de Madère, vérifier l'évacuation des anglais à l'escale de la Trinité, de repérer des îles offrant une position stratégique, comme Georgia.
Mêlées à ces considérations géostratégiques, il y a la volonté de comprendre le monde, une vraie volonté anthropologique.
Vers la nouvelle Calédonie, les îles de la Reine-Charlotte, il est demandé de bien examiner si les conditions de production, le climat, la situation sont propices au commerce.
Louis XVI s'intéresse au commerce des loutres, d'une grande valeur monétaire à l'époque, il demande à La Pérouse une évaluation des forces en présence en des lieux bien précis (anglais, espagnols, russes vers les îles Aléoutiennes).
Il s'intéresse aussi aux possibilités de commerce avec le Japon et la Chine, deux empires à l'époque absolument rétifs à toute vraie ouverture vers les Européens.
C'est une vraie mission de "renseignement" qui est demandée à La Pérouse, avant tout un militaire, ne l'oublions pas.
Il fera "toutes les recherches qui pourront le mettre en état de faire connaître avec quelque détail, la nature et l'étendue du commerce de chaque nation, les forces de terre et de mer que chacune y entretient, les relations d'intérêt ou d'amitié qui peuvent exister entre chacune d'elles...".
3. La troisième partie est la partie scientifique.
Compléter les connaissances en astronomie, cartographie, météorologie, connaissances de la faune, de la flore, anthropologiques.
4. La quatrième partie donne des consignes d'engagement et de respect des populations locales avec lesquelles entreront en contact les équipages de l'expédition.
En fin de quatrième partie, cette phrase :
"Sa Majesté regarderait comme un des succès les plus heureux de l'expédition, qu'elle pût être terminée sans qu'il en eût coûté la vie à un seul homme."
5. La cinquième partie donne des instructions sanitaires extrêmement précises.
Vivres, entretien, hygiène, afin de se prévenir notamment du scorbut, préoccupation constante de La Pérouse.
Au final, c'est une expédition mûrement préparée, planifiée jusqu'au moindre détail, dans laquelle le Roi s'implique personnellement.
Ce n'est pas une exploration au hasard, ce n'est pas un pur voyage scientifique mais bien un voyage aux objectifs multiples : renseignement, cartographique, scientifique, anthropologique et ethnologique, commercial, stratégique.
C'était un grand projet pour la France, le tremplin vers une politique extérieure différente.
Le Roi ne reverra jamais La Pérouse, et La Pérouse ne reverra jamais la France.
Pendant son voyage, La Pérouse sera conscient de l'importance de sa mission.
Méticuleux en tout, on le voit suivre en tous points son plan de route royal.
Il quitte des lieux féeriques à contrecœur pour obéir à ses ordres.
Il mesure, relève, recense, plante des arbres fruitiers ou des plantes qui selon lui sont nécessaires aux indigènes locaux.
Il s'émerveille en découvrant des espèces nouvelles, il cherche des correspondances entre les langues, s'étonne des similitudes entre langues polynésiennes éloignées de milliers de milles.
Il fait un travail extraordinaire de détail des langues, énumère les mots importants, cherche à en comprendre les bases de la grammaire...
Il réalise l'importance des vents dans la création des réseaux humains dans le Pacifique.
Avec son naufrage et la disparition de l'expédition, ses derniers écrits resteront à jamais engloutis dans les eaux de Vanikoro.
Histoire, légende et Naufrage de la Pérouse.*
Le Mystère de La Pérouse au Puy du Fou est un "spectacle" où le visiteur pénètre dans les entrailles de la "Boussole", mais aussi revit sa fin tragique en 1788 au large de Vanikoro ayant comme fil conducteur une assiette ayant appartenu à Georges Augustin de Monti.
Que devenons nous retenir de cette "expérience" et de ce mystère qu'est "l'expédition" de La Pérouse ?
De l'histoire, nous connaissons le parcours effectué par la "Boussole" et l'"Astrolabe".
Commandée par Jean-François de La Pérouse (1741-1788),"La Boussole" (1785) est une gabare de 550 tonneaux construite à Bayonne en 1781-1782 sous le nom de "Portefaix".
Mais pour les besoins de l'expédition, elle sera renommée et armée en frégate en 1785, avec un effectif de 110 hommes.
Avec son capitaine Paul Fleuriot de Langle (1744-1787),"L’Astrolabe" (1785) est une gabare de 450 tonneaux construite au Havre en 1781 sous le nom "d'Autruche".
Aussi pour les besoins de l'expédition, elle sera renommée et armée en frégate en 1785, avec un effectif de 110 hommes.
Une gabare est un bateau traditionnel destiné au transport de marchandise.
Au niveau du matériel, la boussole donne principalement le Nord, et l'astrolabe donnait la latitude..et avec les progrès de l'horlogerie, on sait (à l'époque) mieux déterminer la longitude.
Mais pourquoi une expédition alors qu'un bon nombre de gravures existaient et provenaient du marin britannique et explorateur James Cook ?
Louis XVI confiera à "La Pérouse" (réplique française de Cook) une expédition qui devra être "supérieure" à celle du Britannique mais sans pourvoir à la violence envers les populations locales rencontrées.
Pour ce faire, 5 mois de préparation seront nécessaires…
Le but principal était de trouver de nouvelles voies de communication et pour y parvenir, le Roi avait réalisé une carte centrée sur le Pacifique reprenant les routes empruntées par les navigateurs depuis 250 ans en partant de Magellan (1480-1521) à Cook (1728-1779) en passant par Bougainville (1729-1811).
Et c'est le 1er août 1785 que le départ d'un voyage de 4 ans sera donné pour les 220 hommes (dont une vingtaine de scientifiques) afin de découvrir le monde.
Durant cette toute première expédition si lointaine, La Pérouse fera de nombreuses découvertes : cartographie des îles polynésiennes, découverte des îles Fidji, de nombreuses observations astronomiques et biologiques.
Mais revenons un instant sur le changement de nom de ces navires, était-il signe de perdition ?
Il existe une légende, une superstition venant des traditions antiques !
Les bateaux malchanceux sont généralement ceux qui ont défié les dieux de la mer.
Bien sûr, tout le monde a entendu parler de la légendaire Neptune, le Big Kahuna qui contrôle les océans et les mers, mais il ne faut pas oublier Nereus, Proteus, Glaucus et Phorkys et les dirigeants des vents Neptune connaît personnellement chaque navire énuméré dans son livre, et il se met en colère quand les humains ordinaires le déshonorent en changeant le nom.
Bon nombre de bateaux subiront la colère de "Neptune".
Faut-t'il se soucier du changement de nom d'un bateau pour se garantir une belle croisière ?
La question reste posée.
Mais revenons à notre sujet.
Plusieurs événements tragiques seront subis par l'équipage.
En Alaska la perte deux chaloupes et de 21 marins.
Aux Îles Samoa, le commandant de l'Astrolabe et 2 autres officiers furent tués ou suivit le massacre de Tutuila.
Et finalement le naufrage de la "Boussole" et de l'"Astrolabe".
"A-t-on des nouvelles de Lapérouse ?", demandait Louis XVI à la veille de son exécution.
Depuis 200 ans, un bon nombre d'expéditions seront menées afin de retrouver les trésors des sciences découverts par La Pérouse et aussi les raisons du naufrage de ces deux vaisseaux.
Parti en 1785, il n’a plus donné signe de vie après 1788, date à laquelle il a pu expédier son dernier courrier.
En 1791, l’Assemblée constituante a voté les crédits d’une expédition de recherche qui restera infructueuse.
En 1826 : L'épave de "L'Astrolabe" est retrouvée par le capitaine Dillon.
De 1962 à 1964 : la localisation de la seconde épave, celle de La Boussole, bateau de Lapérouse avec les recherches menées notamment par Reece Discombe et l’amiral Brossard.
De 1981 à 2008 l’association Salomon de Nouméa, présidée par Alain Conan, réalisera huit expéditions de plus en plus importantes.
2005 : identification formelle des épaves.
Ce naufrage fera l'objet de nombreuses recherches afin de retrouver les trésors des sciences découverts par La Pérouse.
Depuis 2005, le Musée Maritime conserve et gère plus de 4200 objets provenant des campagnes de fouilles.
Pourquoi une assiette et des couverts ?
Dans les années 1990, Alain Conan, président de l’association Salomon, plongeur et explorateur des épaves de l’expédition La Pérouse dans les eaux du Vanikoro (îles Salomon), est venu en Vendée, rencontrer la famille de Monti au château du Fief-Milon (près du Puy du Fou), berceau du second de La Pérouse.
Les armes de la chevalière du maître de maison étaient les mêmes que celles gravées sur une fourchette retrouvée dans les vestiges de La Boussole.
Augustin de Monti (1753-1788), officier de la Royale, avait embarqué sa vaisselle en expédition.
Alain Conan est venu, deux siècles plus tard, raconter les derniers instants de son célèbre ancêtre au châtelain de Vendée, qui a confié une assiette au Puy du Fou, "fil rouge" de nouveau spectacle.
Le voyage de La Pérouse est une référence.
Sa fin a marqué la mémoire collective avec sa part tragique et inconnue.
Plongeons dans l'histoire de la Pérouse.*
À l'ombre de la forêt du Puy du Fou, on pénètre dans un relais de chasse du XVIIlème siècle.
Au-dessus de la cheminée de la bibliothèque trône l'assiette du lieutenant de vaisseau Augustin de Monti (1753-1788).
Un petit garçon questionne son grand-père sur un couvert dressé en permanence sur la table de famille.
Ce couvert attend toujours le retour de leur ancêtre, Augustin de Monti, parti sur les mers avec Jean-François de La Pérouse (1741-1788) pour une expédition sans retour.
L'atmosphère intimiste du relais de chasse nous guide d'une pièce à une autre pour nous mener bientôt sur le spectaculaire quai du port de Brest.
Dans les couloirs, on remonte le temps jusqu'en 1785 où l'on s'apprête à monter à bord de "La Boussole".
Au moment d'embarquer, savants et scientifiques se confrontent aux officiers de marine.
Ces derniers protestent contre le chargement d'outils scientifiques, tous plus volumineux les uns que les autres, tandis que les savants exigent que la mission souhaitée par le roi en personne conserve sa vocation scientifique.
Les futurs marins franchissent la passerelle d'accès et pénètrent dans la cabine des officiers, où les scientifiques et officiers sont conviés à un repas avant de partir en mer.
À mesure qu'ils s'enfoncent dans les entrailles du navire, on découvre les secrets du vaisseau et nous plonge dans la vie, l'ambiance et l'environnement de ces marins de l'extrême.
Insensiblement, on devient moussaillons prenant le large.
Le navire se met à tanguer et nous voici en route pour les mers inconnues.
On traverse la cabine de La Pérouse, puis celle des savants qui ont amassé toutes sortes de découvertes botaniques ou animales.
Et voilà le Cap Horn, puis l'Île de Pâques, et bientôt l'Alaska.
Au fil du périple dans les entrailles du vaisseau, le décor prend parfois une dimension verticale sur plusieurs étages.
On explore l'entrepont, enchâssé entre le pont supérieur et le pont inférieur du navire.
L'illusion d'être au cœur même de l'action est totale dans ce décor visuel et sonore en 3 dimensions.
À bord du vaisseau, on participe aux grandes découvertes, du Cap Horn à l'Alaska, jusqu'à Vanikoro... En essuyant les plus redoutables tempêtes !
Alors que les premières explorations suscitaient l'enthousiasme de l'équipage, les succès précèdent les déboires.
Vanikoro apparaît enfin, ultime étape du voyage.
Les marins se plaignent de n'avoir plus rien à se mettre sous la dent.
Et la tempête saisit bientôt la frégate ballottée par les flots redoutables.
Les paquets de mer inondent littéralement la cabine.
Les marins tentent de se frayer un passage dans ce déluge dont on pressent l'issue fatale.
La coque ne résistera pas longtemps aux écorchures des coraux.
Le vaisseau est emporté par le fond, c'est le naufrage.
Nous traversons la cabine de commandement que des torrents d'écume remplissent à vue d'œil, tandis qu'on aperçoit par les hublots fissurés le fond de l'océan ...
Soudain nous sommes happés dans un tunnel d'eau et de lumière qui nous ramène à la vie, dans la bibliothèque d'Augustin de Monti où l'assiette attend toujours le retour de celui dont pendant 200 ans, personne n'a eu de nouvelles.
L'assiette de Vanikoro.*
Le Mystère de La Pérouse prend ses racines en Vendée.
Dans le village du Boupère, voisin du Puy du Fou, vivent les descendants du lieutenant de vaisseau Augustin de Monti, bras droit de La Pérouse.
Lorsque Jean-François de La Pérouse doit choisir son second pour commander "L'Astrolabe", le deuxième vaisseau de l'expédition, il opte pour l'un des marins les plus aguerris de son temps, ayant participé à la Guerre d'Indépendance Américaine : le lieutenant de vaisseau Augustin de Monti (1753-1788).
Conformément à la tradition, le lieutenant de vaisseau Monti emmena à bord sa vaisselle portant les armoiries de sa famille.
A la fin du XXème siècle, lors des fouilles archéologiques sur les deux épaves dans les eaux de Vanikoro, les équipes de recherches ont notamment remonté une assiette.
Après identification grâce aux armoiries, elle fut rendue à M. Aymar de Monti descendant du bras droit de La Pérouse.
Cette histoire authentique fut le point de départ de la création du spectacle "Le Mystère de La Pérouse".
En 2016, lorsque la famille de Monti sut que le Puy du Fou s'était lancé sur les traces de son ancêtre et décida de confier l'assiette en dépôt au Puy du Fou.
Cet objet, témoin de la plus fascinante expédition de l'Histoire de France, est au cœur de l'intrigue de la création du Puy du Fou.
À travers l'histoire de cette assiette revenue du bout du monde après avoir passé 200 ans au fond des océans.
Les visiteurs sont désormais les témoins privilégiés du destin de ces grands hommes, marins et explorateurs, qui partaient à la découverte du monde pour le rayonnement de la France.
L'arc-en-ciel.*
En fin de parcours du"Mystère de la Pérouse", nous traversons une arche d'eau pour rejoindre la lumière.
Mais que représente-t-elle ?
Un arc-en-ciel !
Mais quel est sa signification ?
Annonciateur d'heureux évènements liés à la rénovation cyclique, il peut aussi préluder à des troubles dans l'harmonie de l'univers et même prendre une signification redoutable.
Le marin considère l'arc-en-ciel comme un chemin entre le monde des vivants et le monde des morts.
Ressemblant à un pont flottant géant ou à une porte et il est souvent nommé "le chemin du ciel".
Plusieurs personnes croient que l'arc-en-ciel est un rayon de lumière qui tombe sur la Terre lorsque saint Pierre ouvre les portes du ciel pour laisser entrer une autre âme.
Pour les anciens, ses principales couleurs étaient le rouge, le bleu et le vert, pour le feu, l'eau et la terre.
Dans tout les cas, il évoque les relations étroites qui existent entre le ciel et la terre, entre le monde des hommes et celui des esprits.
L'arc-en-ciel ne doit jamais être montré du doigt sinon le bateau serait victime de tempêtes.
Depuis toujours, l'arc-en-ciel a intrigué les poètes, les philosophes et les physiciens.
Son explication résulte d'un long cheminement d'idées depuis l'Antiquité jusqu'au XXe siècle.
"Arc-en-ciel le matin, c'est la pluie en chemin ; arc-en-ciel le soir, bon espoir ".
Les anciens pensaient qu'il rendait au ciel et aux nuages l'eau qu'il avait aspirée dans la mer et qu'il générait des tempêtes en aspirant l'eau de la mer par ses deux bouts.
Dans la Grèce antique, il présageait une bataille.
Selon les croyances, il y aurait même au pied de l'arc-en-ciel un chaudron d'or enterré par des lutins !!
L'arc-en-ciel est un phénomène optique dû à l'interaction de la lumière blanche émise par le soleil avec des gouttes d'eau.
On peut observer un arc-en-ciel quand il y a de l'eau en suspension dans l'air et qu'une source lumineuse (en général le soleil) brille derrière un observateur.