Le château de Saint Mesmin.
En regardant le Donjon du Puy du Fou (spectacle Secret de la Lance), je ne peux m'empêcher de voir quelques similitudes avec le Château de Saint-Mesnin.
Mais partons à la découverte de ce château.
Aux confins de la Vendée et des Deux-Sèvres, le château est situé au lieu dit "La Ville", en contrebas du grand axe routier POUZAUGESBRESSUIRE, au pied du ruisseau "Le Sévreau", affluent de la Sèvre Nantaise.
Il possède le charme d’une petite forteresse militaire alliée au souci de confort grandissant de la fin du Moyen-Age.
Son donjon de 28 m est couronné de mâchicoulis, archères-canonnières, pont-levis et vestiges des hourds témoignent de l’architecture militaire de cette forteresse érigée durant la guerre de Cent ans.
Il semble qu'avant la construction du château, il y ait eu là un monticule antérieur, à caractère défensif, à la manière d'un "Oppidum".
Le toponyme "La Ville" semble indiquer une agglomération rurale médiévale (en l'occurrence un hameau) que l'on peut raisonnablement situer du XIème siècle au milieu du XIIIème siècle.
Il serait intéressant de faire la comparaison avec l'appellation du bourg de Saint Mesmin tout proche : "SAINT MESMIN LE VIEUX", (appellation encore en place sur le bâtiment désaffecté de la gare) pour déterminer le plus ancien...
Mesmin est un aveu de La Fosse en Mouilleron, du 20 juin 1360, au nom de Jean DE MONFAUCON, chevalier, seigneur de Saint Mesmin.
Le premier Seigneur connu de Saint Mesmin, serait aussi un Jean de Montfaucon, Chevalier, époux d'Arsène CHASTEIGNER, fille de Guillaume CHASTEIGNER, Seigneur de la Chasteigneraye, en 1244 (selon André Duchesne, géographe du Roy en 1634).
Saint Mesmin aurait été, à l'origine, un prieuré très ancien, dédié à Saint Maximin, dont on a fait Saint-Mesmin.
Le fief de Saint Mesmin relevait de la baronnie de Secondigny, qui appartenait au Seigneur de Parthenay.
A cette époque, le château était entouré de douves en eau, alimentées par la rivière (encore existante) "le Sevreau" .
L'aveu du 13 mai 1375 fait été d'une "transaction entre Guillaume l'Archevêque, seigneur de Parthenay, et le seigneur de Saint Mesmin, pour raison de l'édifice ou fort construit audit lieu de Saint-Maymin sans congé dudit seigneur de Parthenay ledit seigneur de Saint Maymin étant son homme lige" (Archives Nationales RI 187).
Guillaume l'Archevêque se reconnaît donc le droit, dès qu'il le voudra, de raser le château édifié sans "permis de construire".
Au XV siècle, deux textes (24 avril 1454 et 8 février 1456) semblent indiquer une certaine prospérité.
En effet, Guy de Montfaucon, Seigneur de Saint Mesmin, paie pour le rachat de ses fiefs une somme importante (300 livres tournois).
La famille Montfaucon fortifia le château en y ajoutant au 15ème siècle l’imposant donjon.
Le château fut principalement un lieu de résidence.
De plus, il emploie un garde du sceau, deux notaires, et sa seigneurie est le siège d'une prévôté.
Du XIVème au XVIIIème siècle, sur l'ensemble des aveux consultés, il apparaît que le destin du château a été peu mouvementé.
Bernard Metz affirme que "son intérêt politique et stratégique ne dépasse pas l'horizon de la Seigneurie dont il est le centre".
Au XVIIIème siècle, à la mort d'Alexis Henry PETIT (le 1er mars 1734) sa veuve fait apposer les scellés au château de Saint Mesmin, ce qui est l'occasion d'un inventaire intéressant : 34 lits, 12 tables, 7 tapisseries, 5 coffres, 4 miroirs...
Cet inventaire, en définitive fait état d'un intérieur assez austère (pas de tableaux d'objets d'art, de bibliothèque... pas de meubles précieux...).
Le seul luxe paraît être l'argenterie !
L'effectif même du personnel de service est assez minime pour une demeure de cette importance : un jardinier, un cuisinier, une femme de chambre et deux servantes...
Le grand intérêt de cet inventaire, nous indique la disposition intérieure du château et de son ameublement, mais il montre comment une famille de nobles campagnards du XVIIIème pouvait vivre dans une maison forte de la fin du Moyen Age.
A la Révolution Française, le Château était encore habité par une vieille demoiselle qui fut tuée lors du passage des Colonnes Infernales.
Le 27 janvier 1794, un détachement sous les ordres de Brisset incendia le château.
La grosse tour seule et une partie des communs furent brûlés.
Les soldats eux-mêmes éteignirent le feu, sur le contre-ordre donné de conserver les bâtiments non encore atteints qui faisaient de vastes logements faciles à défendre au besoin".
Le 20 février 1796, une quarantaine de Vendéens s'enferme dans le Château de Saint Mesmin et résiste aux troupes républicaines pendant 4 jours, avant de se rendre contre promesse de la vie sauve.
Le château fut vendu comme bien national en 1798.
En 1914 et 1915, un hôpital militaire fut créé au Château de Saint Mesmin par le Docteur Boismoreau et Mme Proust.
Il accueillit jusqu'à 59 blessés.
Très exactement le château ne servit que pour les contagieux, les autres malades étant hébergés à l'Orangerie.
La chapelle du donjon fut remise en service à cette occasion, tandis que le local attenant au Logis servait de prison pour les convalescents récalcitrants.
Au cours de l'année 1915, l'hôpital fut supprimé pour raison d'hygiène.
Le Château fut habité jusqu'en 1921 par une vieille dame qui occupait la partie ouest (cuisines), et qui mettait ses chèvres dans le Châtelet d'entrée (selon le récit de M. Paul Proust, dernier propriétaire).
Le Château de Saint Mesmin a été inscrit, le 9 juin 1943, à l'Inventaire Supplémentaire des Monuments Historiques, à la fois en Vendée et en Deux-Sèvres, mais il connaîtra une lente dégradation.
La création de l’Association du Château de Saint-Mesmin a permis de redonner vie au château.
En effet, en 1990, monsieur Paul Proust, le propriétaire, rétrocède le château et ses dépendances à l’association.
Elle va alors en assurer la conservation, (monument historique en 1993) la restauration et l’animation.
Situé sur la commune de Saint-André-sur-Sèvre, département des Deux-Sèvres, le château appartient depuis 2003 au Syndicat Mixte du Château de Saint-Mesmin.
Sept familles possédèrent successivement la Seigneurie et le Château de Saint Mesmin :
Famille de MONTFAUCON (XIIIème - XVème siècle) : Loyse de Montfaucon, héritière de Saint- Mesmin, apporte la Seigneurie en dot à son ler mari, Charles du PLESSIS, Seigneur de la Bourgonnière.
Famille du PLESSIS (XVIème siècle) : Jeanne du Plessis, héritière de Saint Mesmin, apporte la Seigneurie en dot à son 2ème mari, Georges de VAUDREY, Seigneur de SAINT PHAL.
Famille de VAUDREY de SAINT PHAL : (1er moitié XVIIème siècle).
Vers le milieu du XVIIème siècle, la Seigneurie devient la propriété de Gilbert Petit.
Famille PETIT de la GUIERCHE (2ème moitié XVIIéme siècle - 1755) : Françoise Petit, héritière de Saint Mesmin, apporta la Seigneurie en dot, le 2 septembre 1755, à Jacques VASSELOT.
Famille VASSELOT (1755-1796) : Joseph-Armand Vasselot sera fusillé en 1796 par les Troupes Républicaines.
Le château fut vendu comme Bien National à Pierre Ters de Paris, ancien chirurgien du Roi Louis XVI, Le 6 Ventôse de l'AN VI, après l'extinction de la 3ème bougie, pour la somme de 1.000.000 francs de l'époque.
Famille TERS (1806-1818) : Le château fut revendu, le 9 août 1818 à M. PROUST, ancien Receveur Général des Deux-Sèvres.
Famille PROUST (1818-1990) : Paul PROUST s'est dessaisi du Château de Saint Mesmin, le 13 septembre 1990, pour le franc symbolique, en faveur de l'Association ACHASME, dont le Président est le Maire de Saint Mesmin.