Verdun 2/2 *
La ville de Verdun est à présent menacée et, côté français, il convient de réagir vite.
Le 25 février, Joffre décide de nommer le général Pétain, un défensif, à la tête du secteur.
Ne comprenant pas pourquoi les Allemands n’ont pas attaqué sur la rive gauche, il y déploie toutes les batteries d’artillerie qu’on veut bien lui allouer pour prendre les Allemands en enfilade et parvient, en quelques jours, à endiguer leur avance.
Sa tâche est facilitée, puisque l’infanterie allemande a progressé si vite que son artillerie lourde est à présent hors de portée pour la soutenir.
Le Kronprinz, fils du Kaiser, chargé du secteur, demande et obtient que le front s’étende à la rive gauche de la Meuse.
C’est chose faite le 6 mars, et les Allemands remportent des succès notables se rapprochant des éminences du Mort-Homme et de la cote 304.
De nouveaux renforts expédiés côté français permettent de rétablir la situation.
Le 1er mai 1916, le général Pétain est placé à la tête du groupe d’armées Centre, en charge du secteur de Verdun.
C’est là que le général va pouvoir superviser le va-et-vient de camions chargés de matériel et d’hommes en direction du front de Verdun, empruntant cette route élargie par le génie, et entrée dans l’histoire sous le nom de Voie sacrée.
Les prouesses logistiques des Français vont avoir un impact décisif sur le cours des opérations.
Sur le front de Verdun, le général Mangin, un offensif, a remplacé Pétain.
Dès le 2 mai, il tente de reprendre Douaumont.
Mal préparée, cette attaque échoue, avec des pertes sévères.
Les Allemands reprennent alors l’offensive et s’emparent du Mort-Homme.
Le 1er juin, c’est le fort de Vaux qui tombe et à la fin du mois, de nouvelles troupes allemandes tentent d’emporter la décision sur la rive gauche.
Les pertes sont sévères de part et d’autre.
Le front se stabilise.
Le 1er juillet, l’armée alliée attaque sur la Somme pour soulager les troupes françaises de la Meuse.
Appuyée par une intense préparation d’artillerie, l’infanterie progresse lentement.
Mais l’offensive par laquelle Joffre espérait revenir à une guerre de mouvement s’enlise.
Fin août, Falkenhayn est limogé et son remplaçant, Hindenburg, décide d’opter pour la défensive.
Mais les Français préparent leur contre-offensive grâce, notamment, à de nombreuses troupes coloniales.
Le 24 octobre, Douaumont est repris, puis Vaux.
Jusqu’au 18 novembre, 206000 Britanniques et 66000 Français périssent.
C’est l’opération la plus meurtrière de la guerre.
L’objectif est néanmoins atteint.
Les Allemands lâchent prise à Verdun.
Le 15 décembre, une dernière poussée française, massive, permet de rétablir la situation et ramène presque les Allemands sur leurs lignes de départ.
La bataille de Verdun est terminée.
La bataille de Verdun demeure un symbole, celui de la guerre des tranchées, brutale, abominable, impersonnelle.
De très nombreux soldats français et allemands sont morts sans avoir jamais vu l’ennemi, écrasé par les obus.
La bataille de Verdun est en effet, et avant tout, une gigantesque bataille d’artillerie.
Les deux premiers jours de l’offensive, deux millions d’obus sont tombés sur les positions françaises.
Au total, les Allemands perdent 300000 hommes, tués, blessés et disparus.
Les Français, 375000.
Une véritable boucherie, pour un résultat territorial nul.
L’armée française est confrontée en 1917 à une vague de mutineries sans précédent.
Le souvenir de la boucherie de Verdun et l’échec de l’offensive du Chemin des Dames ont sérieusement ébranlé le moral des soldats français, qui multiplient les actes de colère et d’indiscipline.
L’arrivée au pouvoir des bolcheviks en Russie par la révolution de février 1917 effraie les généraux alliés, qui redoutent une contagion.
La répression est confiée au général Pétain.
En mai et en juin 1917, le conseil de guerre prononce des peines exemplaires à l’encontre de
3500 soldats, dont 600 sont condamnés à mort.