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jacques maupillier.
24 mai 2024

Le Feu

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J'aime vous voir réunis autour du feu, à chaque veillée d'hiver.
Le feu, c'est la magie chaque fois renouvelée de la chaleur et de la lumière.
Feu de la Saint-Jean où je dansais avec les filles et les gars du temps de ma jeunesse, comme vous aujourd'hui.
Feu de sarments sur lequel nous faisions griller les châtaignes et les premières pommes de terre qui commençaient une timide apparition dans le bocage.
Feu de l'âtre qui chauffait péniblement la maison au creux de l'hiver.

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Quand je vous vois craquer une minuscule tige de bois et faire naître la flamme d'une brassée de sarments, je crois rêver !
Saviez-vous qu'après le grand désastre, il nous fallut réinventer le feu, en faisant jaillir des étincelles avec des pierres dures !

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Ce feu, on le cultivait, on le dorlotait.
On conservait les braises sous la cendre et on les échangeait de maison en maison.
Les femmes, qui ne pouvaient entretenir un feu toute la journée venaient quémander (demander) chez la voisine une pelletée de braise ou bien remplissaient l'écuelle de leur chauffe-pieds.

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L'hiver, on voyait partir de bon matin les bergères vêtues de leur cape de droguet, quenouille au coté, tenant d'une main un bâton, de l'autre la chaufferette en terre où les braises jetaient de petites lueurs rouges.

 

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Dans les rares maisons qui disposaient de plusieurs pièces, la salle commune, ouvrait ses deux yeux, c'est-à-dire la chaleur et la lumière qui se perpétuaient dans la cheminée devant laquelle la maisonnée s'entassait pour la veillée.
J'aime vous voir réunis autour du feu, à chaque veillée d'hiver.

J. Maupillier (garde)

26 avril 2024

Les lavandières

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Avec les jeunes lavandières, au bord de l'étang, les soirs de représentations, je voudrais évoquer ces femmes "dau daué" (du lavoir) comme on les appelait toujours chez nous.
Toute la journée, courbées sur leur garde-genoux on les voyait tremper le linge pour le savonner et le brosser.
De temps en temps, elles soulevaient la lourde étoffe humide qu'elles tordaient et battaient fortement.
Je les revois remontant de la rivière…
La petite roue de la brouette à barreaux de bois grinçait à chaque tour.
La côte était rude. Les matins d'hiver, les mains leur faisaient mal dans l'eau glacée.
Elles se les réchauffaient parfois devant un brasero en buvant un vin chaud sucré.
Dans les bourgs, on admirait ces femmes courageuses qui exerçaient, sans relâche, ce métier pénible.
Mais ces femmes "dau doué", c'était un monde.
N'avaient-elles pas la réputation de savoir les tous les potins du jour ?
Souvent disait-on "en lavant le linge, elles lavaient leur client" !

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Tout était prétexte à ce genre de bavardage.
La réussite ou l'échec, l'infortune, la souffrance et même la misère des autres..
Et c'est pourquoi, on les voyait se défouler en frappant de plus en plus fort sur le linge avec leur "bâton".
Ah, ce n'était pas rien, disait-on encore de passer par la goule dans femmes "dau doué".
On arrivait toujours de bonne heure au lavoir pour prendre la meilleurs place et … peut-être aussi… pour connaître les premières nouvelles du jour.
Parfois des disputes éclataient… on s'insultait pour une place convoitée, là où l'eau coulait clair, où la pierre de granit était plus belle, pour donner à la brosse un meilleur rendement.
Chez nous à la ferme, nous n'avions pas de laveuses attitrées.
Les femmes de la maisonnée participaient toutes à la "grande lessive" qui se faisait chaque année, en avril et en octobre.

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Dans les fermes, deux ou trois "pômes" à buée servaient à leur faire bouillir les draps, avec la cendre tamisée du four à pain.
Pur les faire sécher, on étendait les draps dans les grandes prairies lavée par les pluies.
Le reste du linge était lavé dans une fosse alimentée par la source d'une fontaine dans le "pâtis" derrière notre ferme.
Nous ne reverrons plus les lavandières.
Nous n'entendrons plus leurs voix allègres couvertes par le bâton.
Mais grâce à la restauration de certains lavoirs, il nous sera encore possible de leur rendre hommage et d'imaginer leur dur métier d'autrefois…

J. Maupillier (Garde)

12 avril 2024

J'aime la prière des cloches

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J'aime la prière des cloches à l'Angélus de l'aube qui féconde mes champs.
J'étais toujours émerveillé lorsque, tout gamin, j'entendais sonner les cloches de mon village.
Je m'arrêtais souvent pour regarder le clocher d'où s'échappaient avec harmonie ces carillons magiques.
J'aurais tellement voulu voir les cloches de près !
Un jour que le sacristain avait oublié de fermer la petite porte du clocher, j'avais gravi, avec un camarade de mon âge, l'interminable escalier tournant à marches de pierre.
Après avoir escaladé les charpentes, nous nous étions trouvés devant trois cloches énormes.
Les gros battants pendaient immobiles et les parois épaisses étaient gravées d'inscriptions qui nous révélaient leur dates de baptême.

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"L'an 1719, j'ai été fondue…. J'ai été bénite par ….et nommée Alexandrine,… Mathilde,…. Charlotte…. Parrain… Marraine…"
Devant elles, nous restions là, muets, comme en extase !
Et nous nous posions des tas de questions….
Comment ces pesantes cloches pouvaient-elles bien quitter le beffroi pour se rendre à Rome ? (N'avions-nous pas, chaque année, l'obligation de les suppléer avec nos crécelles ?).
Les cloches accompagnaient les hommes aux étapes importantes de la vie.

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J'entends encore les airs populaires que le sonneur s'évertuait à jouer (sur trois ou quatre note) lors d'un mariage ou d'un baptême.
Ils étaient suivis de joyeuses envolées qui, en ce moment-là, ne laissaient jamais indifférents les gens des alentours.
Leurs "vibrations d'airain" devenaient plus graves quand la mort était passée dans le village…
Un glas lugubre rassemblait les parents et les amis du défunt.

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Je me souviens aussi de l'appel pressant des cloches d'alarme pour annoncer l'incendie, et dans des temps plus ancien, pour prévenir d'une émeute ou d'une attaque des ennemis.
C'était alors le tocsin, tintement sinistre et prolongé…
Ces cloches, elles ont suscité bien des convoitises…
N'a-t-on pas durant des périodes douloureuses brisé les cloches pour les faire taire ?
N'est-on pas venu les arracher à leurs campaniles pour en fabriquer des monnaies ou des canons ?
Certaines ont échappé au bannissement général et le beffroi de l'église n'est pas resté muet.
Fidèles à leur mission, ces "vieux chantres de bronze", rythmaient la vie laborieuse des gens du pays, matin, midi et soir.
Un charme inexplicable m'a toujours envahi, lorsque pendant les travaux des champs, venait jusqu'à moi "la voix argentine" d'une petite cloche de chapelle perdue dans la campagne.
A midi, les premiers tintements arrêtaient notre ouvrage.

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Chacun se découvrait alors, se recueillait, se joignait à la prière des cloches.
Quelle lourde responsabilité pour le sonneur de cloches en ce temps-là !
Si par mégarde, les sonneries de l'Angélus du matin réveillaient les habitants plus tôt, les quolibets ne manquaient pas à l'encontre su sacristain !
C'est avec une émotion délirante que j'ai entendu les carillons de la victoire après la guerre.
La joie et l'espérance revenaient enfin habiter notre monde…

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Joyeuses envolées de Pâques, gais carillons de la nuit de Noël.
Symboles de vie et de paix.
Bourdons des villes ou cloches de nos campagnes, continuez à animer longtemps encore le ciel de mon pays.

Jacques Maupillier (Garde).

29 mars 2024

En revenant des noces.

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J'ai toujours gardé un bon souvenir des premières noces auxquelles j'ai assisté lorsque j'avais 20 ans.
Nous étions près de 300 invités à prendre part à la joie de la famille de Berthe et d'Eugène.

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Après les cérémonies du matin, un feu de joie accueillait tout le monde près de la ferme.
Puis dans la grange aux murs tapissés de drap fleuris, les tables étaient dressées pour un festin qui ne se terminait qu'en fin de soirée.

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On mangeait et buvait beaucoup.

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La noce se terminait toujours par la danse de la brioche et chaque convive repartait avec un morceau du gâteau.
On revenait même le lendemain danser et manger les restes…

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Maintenant ces festivités ne se prolongent plus comme autrefois.
Cependant, nous retrouvons encore dans le bocage, ici et là, quelques traditions : houx fleuris aux entrées de la ferme les jours de noces, le brandon (espèce de torche, faite avec de la paille tortillée), la danse de la brioche, la soupe à l'oignon, etc…..

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Plus rares sont le cortège précédé des musiciens à travers la campagne, les coups de fusils, la chanson de la mariée, etc…
Tous ces vestiges de l'ancien temps, résisteront-ils aux assauts de votre monde moderne où l'on n'a plus "le temps de prendre le temps".

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Cet été encore, avec entrain, vous danserez la brioche au Puy du Fou et ce faisant, vous ferez revivre les noces d'antan.

Jacques Maupillier (Garde).

15 mars 2024

Le repas du paysan.

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L'épais brouillard qui couvrait la campagne n'avait pas disparu en cette fin de matinée d'octobre.
Pas un rayon de soleil, pas une ombre ne pouvaient indiquer l'heure du repas aux valets de la ferme qui labouraient le grand champ du Bois.

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Mais le creux de leur estomac disait qu'il était temps de laisser reposer les trois paires de bœufs et de regagner la ferme toute proche.
Le maître les attendait dans la cour pour prendre le repas avec eux.
Le temps de se laver les mains dans la même eau au creux d'une pierre en granit et tous allaient se retrouver autour de la grande table massive au milieu de la cuisine.
Je revois ces hommes au visage basané et hirsute, revêtus chacun d'un pantalon rapiécée et d'un paletot toujours déboutonné.

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Ils entraient dans la pièce en traînant leurs lourds sabots sur le sol de terre battue.
À l'extrémité de la table, le maître s'installait à la place d'honneur et tous s'asseyaient sur un banc après lui.
Il servait la soupe fumante et après avoir signé le gros pain des huit livres, il le distribuait autour de lui.
La tête penchée au-dessus de l'écuelle, on mangeait presque toujours en silence.
De temps en temps, les hommes buvaient au même pichet un vin clair de la dernière récolte.
Je n'aimais pas ces heures de repas….

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Les hommes mangeaient seuls et jamais les femmes et les enfants ne s'attablaient pas pour manger avec eux.
Nous devions toujours attendre la fin des repas.
Quand le maître avait refermé son couteau, quand il s'était levé, tous les domestiques en faisaient autant.
Et pendant qu'ils sortaient, la tâche était distribuée à chacun pour le reste de la journée.
Ravigotés par ce repas, ils retournaient sans répit à leur travail.
Avec mes frères, nous allions porter la collation aux moissonneurs, pendant les durs travaux de l'été.
Quand le soleil allongeait l'ombre des arbres, à l'orée du champ, ils retrouvaient l'appétit avec de la mogette, un morceau d'andouille et de pâté.

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Une abondante "trempine" faite de pain et de vin rouge sucré venait apaiser leur soif.
Souvent, nous restions goûtés avec eux, car ils aimaient bien, faire partager les galettes de blé noir.
Je me souviens de ces soirs où dans la cuisine régnait une forte odeur de soupe aux choux que l'on servait régulièrement accompagnée de la mogette à tous les repas.
La viande était rare en semaine.
Quelquefois, on disposait sur la table un peu de charcuterie et du jambon.. ou même un lapin de garenne prit au collet rendait le menu plus copieux !!

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Les repas se terminaient presque toujours avec le fromage blanc de la ferme.
En hiver, c'était la bouillie de farine.
En été, le soir, on savait apprécier le caillé ou le traditionnel laitage fait de mil et que l'on distribuait aux amis pendant le temps de la moisson.
J'ai toujours gardé en mémoire ces crèmes fouettées que faisait ma grand-mère avec les œufs de perdrix découverts au printemps dans un champ de trèfle ou de seigle.

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Ainsi donc, chez nous, toute l'année, les produits de notre récolte pouvaient suffire à notre nourriture.
Elle n'était peut-être pas très variée, car à la ferme, on tirait profit des légumes de saison.
Et puis, on ne jetait jamais rien.
Le matin, avant le "pansage" pendant que les femmes "passaient" le lait, les hommes mangeaient les restes de choux verts réchauffés avec de la crème.
Et que dire du pain de six, huit ou douze livres, pétri, fermenté et cuit dans le fournil ?

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Avec la croûte épaisse et dure, il pouvait attendre la prochaine fournée, trois semaines plus tard.
J'appréciais beaucoup notre pain de ménage.
Il sentait bon la fleur de farine.

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Dans les fermes avoisinantes, on n'en faisait pas de meilleur.
Et puis n'était-il pas le symbole de tout notre travail ?

J. Maupillier (Garde)

2 février 2024

Les femmes à la ferme

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Aux premiers chants du coq, ma mère se levait pour rallumer, dans la cheminée, le feu qui avait couvé toute la nuit sous les cendres.
Après le "pansage" (entretien du cheval) les hommes venaient prendre le premier repas du jour.
Ensuite, chacun allait à ses occupations habituelles selon les saisons.
Mais, chaque jour, les vaches tirées, le lait passé, les femmes "brassaient" la crème pour faire le beurre.
Puis venait, pour elles, les durs travaux des champs.

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Elles suivaient les hommes partout.
Je les revois éparpillant le foin fauché, soulevant les lourds baquets pleins de pomme de terre, coupant le blé à la faucille pendant les trois semaines de la moisson.
Avant l'hiver, elles allaient encore, le dos courbé, trancher les feuilles de betteraves avant de les arracher.
Les vendanges ne se faisaient pas sans les femmes.

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J'ai vu des femmes épandre le fumier dans les champs avant le labour, bêcher le blé au printemps pour le nettoyer, préparer tous les plants, ramasser les topinambours, attacher la vigne, arracher les "trognons" (tiges) de choux pour les faire sécher.
Je me souviens de certaines cultures réservées aux femmes et qui demandaient beaucoup de soins, comme celles du blé noir, du mil (nom de diverses céréales caractérisées par la petitesse de leur grain) et de la "mogette" (Haricot blanc).

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Triée à la veillée sous une faible lumière pendant que les hommes tressaient des paniers ou des paillons (Petite corbeille ou emballage en paille).
Même dès le jeune âge, ne filait-on pas la quenouille de laine en gardant les moutons ?
Depuis les temps ont bien changé !

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On ne coupe plus le blé à la faucille, le laboureur n'appelle plus ses bœufs devant la charrue.
Et on ne voit plus passer les travaux des saisons.
Les femmes de chez nous ne vont plus semer ou piquer les pommes de terre, ni charger les charrettes….

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Aussi, ce n'est pas sans une certaine émotion que je vois pendant le spectacle ces femmes revenant du travail en tirant et en poussant péniblement la charrette.

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Et puis, cette femme lisant la lettre du soldat de la tranchée me rappelle toutes celles qui pendant la guerre avait pris la place de leur mari absent pour diriger la ferme.
Aujourd'hui, le cadre est différent, les travaux ne sont plus les mêmes.
Mais sur notre chemin, ne retrouvons-nous pas au Puy du Fou et ailleurs les femmes courageuses d'antan ?
J. Maupillier (Garde)

19 janvier 2024

Les Veillées d'autrefois…

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Les veillées du Puy du Fou commencent toujours par un long silence...

Qu’elles étaient agréables ces veillées en hiver !
Je les aimais bien.
Dans la grande cuisine au sol de terre battue où l'on se rassemblait, les hautes flammes suffisaient pour nous éclairer.
Nous étalions devant nous, les outils qu'il fallait réparer.
Nous confectionnions des "papillons", des paniers ….
On voyait alors les brins d'osier se courber, s'enrouler continuellement…

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Les femmes apprêtaient leurs quenouilles.
Dans le courant de la triste saison, nous avions souvent l'occasion de nous rencontrer entre amis.
En effet, les voisins venaient se joindre à nous et les heures semblaient moins monotones.
Tandis que les hommes passaient leur temps à discuter et à goûter le vin nouveau, les femmes aimaient se retrouver devant l'âtre.
C'était aussi d'interminables parties de cartes ou de palets qui se terminaient presque toujours par des histoires de garous, des récits de légendes et de sorcelleries…

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Et l'on s'en retournait tard dans la nuit, par les chemins creux, vers nos demeures….
Les grandes veillées étaient organisées "au gui de l'an neuf" et pendant les festivités de la chandeleur et du Mardi gras.
Mais "le soir de la fressure", les crêpes et "les bottereaux" (petits beignets) n'ont peut-être pas complètement disparu et ne devez-vous pas encore aujourd'hui vous retrouver pour partager la joie et maintenir l'amitié dont on a toujours besoin ?
Jacques Maupillier (garde)

1 janvier 2024

Bonne Année, Bonne Santé

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Malgré l'allégresse des fêtes de Noël, nous vivions souvent les derniers jours de l'année dans une certaine mélancolie.
Ces journées sombres, sans soleil, nous rendaient tristes.
L'approche du Nouvel An n'allait-elle pas, en effet, nous rappeler une autre étape de notre vie ?
Au gui, l'an neuf !
Cette plante venue des profondes forêts de chênes et que les druides coupaient religieusement.

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Cette plante, à laquelle ils attachaient quelques vertus mystérieuses.
Avait-elle le pouvoir d'apporter le bonheur désiré au cours de la nouvelle année ?
Comme le voulait la coutume, la veille, on allait, avec autant de cérémonie, décorer la pièce principale de la maison.
C'est là, au cours de la nuit de la Saint-Sylvestre, qu'on attendrait sonner les douze coups de minuit.

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Et jusqu'au matin, les veillées prolongées marqueraient le passage d'une année à l'autre.
Je me souviens… dans tous les foyers, on s'empressait d'offrir les vœux à tous ceux qui vivaient sous le même toit.
Les enfants, levés très tôt, ne perdaient pas de temps.
C'est à qui aurait souhaité la bonne année le premier.
On leur avait appris à réciter la formule traditionnelle....
"Bonne Année, Bonne Santé ! Le paradis à la fin de vos jours !".

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Une grande sincérité se manifestait peut-être dans le mot à mot de certains petits enfants, mais les plus malicieux trouvaient leur plaisir à en modifier la fin.
Ils savaient, que de toute façon, ils recevraient des étrennes, un sou ou quelques friandises !
Les heures des repas étaient très perturbées, car on voisinait beaucoup ce jour-là.
Les femmes, heureuses de se rencontrer, prolongeaient leurs conversations en offrant la "petite goutte" ou la tasse de café.

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Je revois encore ces allées et venues…
On allait faire la tournée de tous les oncles et cousins.
On n'hésitait pas à faire plusieurs kilomètres à pied pour aller voir la famille.
Les hommes rentraient tard à la fin de la soirée après avoir discuté longuement dans les caves des voisins.
Le lendemain, on reprenait le travail sans attendre les bonnes promesses de la veille.

Jacques Maupillier (Garde)

22 décembre 2023

Les gens de passage. (petite histoire)

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Armand vivait seul dans une petite chaumière au fond d'une venelle peu éclairée par le soleil.
Il n'aimait pas la solitude et trouvait les nuits toujours très longues.
Il vivait plus souvent chez les autres.

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Tous les matins, à peu près à la même heure, il se rendait chez le sabotier du village.
Il s'installait devant l'âtre et le sabotier, tout en taillant sa pièce de bois, entendait raconter les mêmes histoires.

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Un peu plus tard, le tisserand avait sa visite et toutes les soirées le cordonnier travaillait en compagnie d'Armand.
L'été, il passait de longues heures sur le banc de pierre devant la forge….
Dans notre métairie, on savait aussi accueillir les visiteurs.

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Le tueur de cochons de passage dans la journée, n'était jamais pressé.
Le soir, c'étaient les coureurs de barges qu'il fallait toujours bien recevoir.

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Cet été, aux veillées du Puy du Fou, la marchand de quenouilles (relève des vagabonds et des conteurs) viendra traîner ses souvenirs, porter avec lui l'histoire à tous les enfants du pays.
Il viendra chez moi chanter avec vous la chanson de tous les Maupillier.
Jacques Maupillier (garde)

24 novembre 2023

Les vendanges.

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À la Toussaint dernière, les sarments (rameau vert de la vigne) avaient gardé leurs feuillages d'automne et le vigneron pouvait déjà envisager pour cette année une récolte abondante.
Plus tard, le soleil rayonnant de la Saint-Vincent lui promettait beaucoup de jus au sarment.
"Autant de brouillard en mars, autant de gelée en mai".
Mais les récoltes n'ont pas été compromises par les gelées avant la Saint-Donatien.
De plus, la Saint-Médard n'a pas connu d'averses.

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Alors le cultivateur peut regarder ses tonneaux, car le mois de juillet a été chaud….
"La pluie du mois d'août a apporté le miel et le bon goût"… et pour "les étoiles filantes de septembre les tonneaux seront trop petits en novembre"…
Si quelques proverbes retrouvés dans mon vieil almanach ne sont pas toujours pris au sérieux, ils nous rappellent toutefois l'expérience de ceux qui ont vécu avant nous.
En cette année, ils confirment l'abondance de la récolte.
Les vignes sont belles !
Le vin sera bon !

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Je me revois, enfant, grimpé sur le "charreteau" tiré par une paire de bœufs, et qui nous conduisait dans notre petit lopin de vigne.
Dans la gaieté, on remplissait les paniers, les "basses", les "bailles".
Les hommes portaient les récoltes et écrasaient les raisins.
Le jus coulait avant d'arriver au cellier.

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Je retrouve encore l'odeur des raisins écrasés et le bruit du cliquet du pressoir que les hommes serraient à un rythme ahané.
On se prêtait les pressoirs.
Tous ces travaux s'effectuaient en famille et entre voisins.
J'aimais beaucoup la saison des vendanges.
Ne retrouvez-vous pas encore au Puy du Fou un peu de cette ambiance d'autrefois ?
"Juste le temps de renverser le barricot pour faire couler le vin nouveau qui fait oublier la sueur sur les fronts moites".
Jacques Maupillier (Garde)

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