Bouvines *
Entrant dans la salle des tableaux, nous sommes plongés dans un dialogue entre Diane et ses tableaux, dont son aïeul, hanté par son passé glorieux, voulant retourner sur le champ de bataille de Bouvines.
Pendant des siècles, le combattant qui luttait souvent en hordes compactes et indisciplinées, domina la plupart des guerres de l'Antiquité et du Moyen Âge.
L'ascension de Sparte dans la Grèce antique montra ce qu'une infanterie professionnelle et disciplinée lourdement armée pouvait accomplir devant un ennemi supérieur en nombre.
Comme le démontra Alexandre le Grand dont les phalanges macédoniennes parurent longtemps invincibles.
Plus tard, les Romains créèrent la plus complète et la plus efficace armée professionnelle du monde ancien, grâce à une infanterie bien entraînée, manœuvrant en cohortes homogènes et compactes, et dominèrent les champs de bataille de la Méditerranée pendant des siècles.
Toutefois, la technologie militaire et le professionnalisme régressèrent.
Seuls les Normands et les Byzantins conservèrent la tradition du guerrier professionnel.
À partir du XIVe siècle, les armées professionnelles recommencèrent à s'imposer sur les champs de bataille et purent battre de façon décisive un ennemi supérieur en nombre.
Mais revenons à la bataille de Bouvines.
Philippe Auguste (1165-1223), roi de France, y vainquit la coalition d'Otton IV (1175-1218), empereur romain germanique, de l'Anglais Jean sans Terre (1166-1216) et des comtes Ferrand de Flandre (1188-1233) et Renaud de Boulogne (1165-1227).
Cette victoire confirma la souveraineté du roi sur la Bretagne et la Normandie.
Il avait été prévu qu'Otton, Ferrand et Renaud marcheraient sur Paris depuis le nord et que Jean débarquerait sur la côte atlantique avant de se diriger lui aussi vers Paris.
Alors que Jean fut vaincu par les troupes royales françaises le 2 juillet 1214 près d'Angers, Philippe Auguste affronta l'armée du Nord dans la plaine près de Bouvines le 27 juillet 1214, en Flandre.
Otton IV déploya ses 25 000 hommes.
Ses chevaliers répartis en deux groupes sur les flancs, l'infanterie au centre et une réserve de cavalerie à l'arrière.
Les troupes de Philippe Auguste, qui montaient à 15 000 hommes, adoptèrent une formation similaire.
La bataille débuta par un affrontement de cavalerie sur le flanc droit français.
Au centre, l'armée impériale (qui comprenait la puissante infanterie des Pays-Bas) poussa vers l'avant, mais la cavalerie française, commandée par le roi, la força à reculer.
Les Français triomphèrent sur l'aile gauche et William Longsword, comte de Salisbury (1176-1226), fut fait prisonnier.
La cavalerie française fut aussi victorieuse sur la droite et le comte Ferrand de Flandre fut capturé à son tour.
Au centre, les deux blocs de réserve de cavalerie s'affrontèrent et la France triompha une fois de plus.
Les deux ailes se rapprochèrent pour bloquer la retraite des parties centrales de l'armée impériale. Renaud de Boulogne résista encore courageusement, mais finit par être capturé.
La bataille eut plusieurs conséquences directes.
L'empereur Otton IV fut détrôné par Frédéric II Hohenstaufen (1194-1250) et Jean sans Terre si affaibli qu'il fut obligé de signer la Magna Cana (charte des droits anglais).
Pertes : Français, 1000 sur 15000.
Coalition, 1000 tués et 9000 prisonniers sur 25000.
Le coq gaulois !
Un aigle pour l’Allemagne, un lion pour l’Angleterre et un taureau pour l’Espagne.
Mais pourquoi un coq pour la France ?
Le coq gaulois appartient à la race de la Gauloise, une race très élégante appelée, jusque dans les années 2000, Gauloise dorée.
Avec les concours agricoles, la Gauloise apparaît en exposition dès 1894 et son standard est adopté en 1923.
Délaissées des élevages à cause de sa ponte moyenne, ses effectifs se réduisent jusque dans les années 1990 où une restauration de la race est entreprise par le Bresse-Gauloise Club de France.
Ce sont les Romains qui l’ont attribué aux Gaulois.
À cette époque, les Romains se moquaient des Gaulois à cause d’une coïncidence linguistique, car en latin le mot "gallus" signifie Gaulois… Mais aussi coq !
Certains disent que Vercingétorix aurait envoyé un coq à César pour symboliser l’ardeur de ses guerriers et que César l’aurait cuisiné au vin.
Avec le temps, les rois de France ont adopté le coq pour son courage et sa bravoure.
Les Anglais se moquaient ainsi de l’arrogance du roi Philippe-Auguste (1165-1223).
C’est justement à partir de ce roi que la notion de "France" a commencé à avoir du sens.
Il signait les documents "rex Franciae" (roi de France) et non plus "rex Francorum" (roi des Francs).
Pendant la Révolution, il devient le symbole du peuple et de l’état : il apparaît sur la monnaie.
Napoléon Bonaparte remplace le coq par l’aigle (emblème de la Rome impériale), vu que "Le coq n’a pas de force, il ne peut être l’image d’un empire tel que la France".
Mais le rapace ne s’imposa pas longtemps à la France.
Redevenu un symbole du peuple français pendant la Deuxième République (1848-1852), le coq est de nouveau écarté par le Second Empire.
Il ne retrouve un rôle symbolique qu’avec la Troisième République (à partir de 1871) où il orne notamment les boutons des uniformes des gardes républicains.
Vieux symbole, le coq symbolise le royaume de France, ensuite la République française.
Le coq est aussi le symbole de la vigilance car il éveille la basse-cour et les paysans aux premières lueurs du jour.
Il a été utilisé dans la liturgie chrétienne.
C’est un symbole qui dénonce le manque de fidélité (il chante au moment où St. Pierre renie le Christ).
Historiquement, le premier coq qui a trôné au sommet d’une église est relevé à Brescia en Italie en 820.
Le coq fait son apparition sur un maillot sportif national en 1909.
C’est le Comité français interfédéral, représentant de la France à la FIFA depuis 1908 qui lance cette innovation.
Il devient l’emblème de la sélection olympique française à partir de 1920.
Le coq gaulois tient toujours aujourd’hui une bonne place comme emblème de la France, car il représente la fierté entre autres.
Les Dames du Puy du Fou.*
Pendant notre parcours dans le "Château Renaissance", le grand peintre "Le Primatice" nous invite à rejoindre la salle de bal en présence du Roi François 1er et la Reine Eléonore…..
Mais qui est la Reine Eléonore d'Autriche (1498-1558) ?
Cette princesse connut dès l'enfance une situation familiale tragique.
Elle n'avait pas encore 8 ans lorsque son père l'archiduc d'Autriche, Philippe 1er Le Beau (1478-1506), mourut.
Sa mère, la reine de Castille, Jeanne 1er (1479-1555), en perdit la raison et l'histoire la retient comme "Jeanne la Folle".
Eléonore allait désormais dépendre de son frère, le futur Charles-Quint (1500-1558).
Ce frère n'avait qu'un seul désir : dominer l'Europe...
Et tout lui était bon pour réussir dans son dessein... même utiliser sa sœur.
Elle était belle, élégante et avait une magnifique chevelure blonde.
Alors pourquoi ne pas se servir d'elle pour mener des unions politiques avantageuses ?
C'est ainsi qu'Eléonore se trouva fiancée au roi du Portugal, Manuel 1er (1469-1521).
Elle avait 20 ans et lui 50.
Il était laid à faire fuir tous les diables de l'enfer, bossu et alcoolique...
Elle dut l'épouser et lui donner deux enfants qui ne survécurent pas.
Enfin, le bel époux mourut et elle fut veuve.
En 1521, à 23 ans, elle revint vivre à la cour de son frère.
Il allait pouvoir disposer d'elle à nouveau…
L'occasion se présenta quelques années plus tard avec la mort de Claude de France (1499-1524), première épouse de François 1er...
Le 24 février 1525, devant Pavie, en Italie, François 1er (1494-1547) roi de France, fut fait prisonnier par les troupes de son mortel ennemi, ce même Charles-Quint, empereur d'Allemagne, roi d'Espagne, maître des Pays-Bas...
Le roi de France fut emmené à Madrid, résista pendant une année de captivité à son vainqueur qui essayait de lui imposer un traité visant à démembrer son royaume.
Finalement, en janvier 1526, François 1er dut se résigner à signer.
La France ne pouvait rester indéfiniment sans roi…
Le 17 mars, il franchit la Bidassoa (fleuve côtier du Pays basque).
"Je suis roi de nouveau" soupira-t-il, "mais à quel prix" ... !
Il lui fallait abandonner une partie de son royaume : la Bourgogne, la Flandre et l'Artois.
Il lui fallait aussi verser une rançon de 2 millions d'écus (4 tonnes d'or) et laisser en otages ses deux fils aînés, âgés de 7 et 9 ans ...
De plus, François 1er devait s'unir à Eléonore d'Autriche.
Mais n'avait-il pas dit que pour sauver la France "il épouserait même une mule ... ".
Charmante remarque pour un roi qui se piquait de galanterie !
Notre Roi mit quatre années à réunir la rançon...
Les enfants royaux durent patienter et Eléonore aussi…
Enfin, le 2 juillet 1530, la Bidassoa vit l'échange se faire entre la galère chargée d'or venue de France et celle venue d'Espagne avec, à son bord, les petits princes et la "fiancée".
Aussitôt, le roi qui était à Bordeaux, fut informé et s'avança au-devant du long cortège de plus de 100 personnes, 400 mulets et 30 chariots chargés d'étoffes, d'or, de pierres précieuses.
François 1er récupérait ainsi une partie de la rançon ... !
La rencontre et le mariage eurent lieu le 7 août 1530 en l'abbaye de Captieux, non loin de Bordeaux.
Lentement, le cortège royal remonta jusqu'à Fontainebleau en passant par Angoulême, Cognac (où le roi était né), Blois et St-Germain-en-Laye.
Ce ne furent que fêtes et réjouissances en l'honneur des souverains ...
Eléonore qui fut "le plus bel ornement des fêtes de la cour" selon son royal époux, ne joua jamais aucun rôle politique malgré sa grande intelligence.
Pour oublier l'insignifiance de son destin, elle voyagea et séjourna à Montpellier, Avignon, à Marseille, à Cambrai et même à Nice ...
À la mort de François 1er, le 31 mars 1547, elle partit pour les Pays-Bas (son pays natal) puis retourna en Espagne où elle mourut en 1558.
Elle repose près de Charles-Quint, ce frère qui ne vit en elle qu'une monnaie d'échange ...
Ainsi, si nous reprenons le fil de nos investigations, nous notons que François 1er et Eléonore d'Autriche ont parcouru un long chemin entre Bordeaux et Fontainebleau en 1530 ...
Peut-être, à cette occasion, le roi chevalier et sa seconde épouse sont-ils venus au Puy du Fou ... ?
Est-elle aussi la "Dame du Carrosse" de la Cinéscénie ?
Ou bien, s'agit-il de Marguerite d'Angoulême - Reine Consort de Navarre (1492-1549), la sœur de François 1er car, elle seule, semble être passée par Bayonne, en compagnie de son frère…
Alors, envisageons cette autre possibilité.
De deux ans, l'aînée de François 1er, elle veilla toujours sur lui avec une tendresse toute maternelle ...
Ses dons de cœur et d'esprit fascinaient tous ceux qui l'approchaient : érudits, poètes, artistes, hommes politiques.
À 13 ans, elle parlait aussi bien l'italien et l'espagnol que le français, elle connaissait un peu de grec, de latin et d'hébreu ...
Plus tard, elle fit de sérieuses études philosophiques et théologiques.
Aux charmes de l'esprit, elle ajoutait ceux du corps.
Elle était grande, élancée, elle avait un teint éblouissant, des yeux pétillants et un sourire séducteur.
Seule ombre au tableau, elle avait le nez un peu fort !
La "perle de France" fut mariée, très jeune, à Charles IV d'Alençon (1489-1535) qu'elle n'aimait pas et qui mourut en 1525, honteux d'avoir provoqué par sa fuite le désastre de Pavie.
Deux ans plus tard, elle épousa Henri II d'Albret, roi de Navarre (1503-1555), de 12 ans son cadet.
Bien que très éprise, elle ne fut pas heureuse.
Alors, Marguerite retourna à ses chères études, écrivit des vers, un recueil de 72 nouvelles plutôt lestes, l'Heptaméron (Dix récits par jour et pendant sept jours).
Elle s'intéressa aussi à l'administration de son royaume qu'elle légua, fort bien géré, à sa fille unique Jeanne d'Albret (1528-1572), qui sera la mère d'Henri IV (1553-1610).
La reine de Navarre mourut deux ans après son frère.
Avec elle disparaissait, dira Pierre de Ronsard (1524-1585) :
"Tout ce qu'avait notre terre d'honneur, de grâce et de beau".
L'incomparable Marguerite fut-elle la "Reine" du Puy du Fou ?
Revenons à ce 17 mars 1526, où François 1er franchit la Bidassoa, enfin libéré par son geôlier espagnol.
Le roi, après quelques lieues franchies au grand galop, atteignit Bayonne où l'attendait sa sœur tant chérie et si dévouée.
Elle n'avait pas hésité, au péril de sa propre liberté, à aller à Madrid, durant l'automne 1525, pour tenter de fléchir l'implacable Charles-Quint en faveur de son frère.
Ensuite, Marguerite et François, triomphants, avaient regagné le château d'Amboise.
Alors, pourquoi n'auraient-ils pas fait étape au Puy du Fou ?
Il nous faut maintenant choisir parmi ces charmantes "Dames" : Eléonore, Marguerite ?
A chacun de se faire une opinion !
L'almanach
Le mot "almanach" viendrait d'un vieux mot celtique "ar monach", le moine.
Jadis, ce livret annuel annonçait les fêtes religieuses et les éphémérides où figurent les positions du soleil et de la lune.
Il était composé par les moines qui y mêlaient des patenôtres (prières).
L'invention de l'imprimerie en 1450 a permis leur multiplication.
C'était le livre que l'on regardait en famille...
On "regardait", puisque souvent, on ne sait pas lire.
Grâce à des images, des signes que chacun pouvait comprendre, l'almanach racontait tout... ou presque.
Né vers le XVème siècle et diffusé dès le XVI siècle, il renseignait nos ancêtres sur une quantité de faits capitaux, lunaisons, date des Foires, prédictions.
Tout en alimentant largement les récits des veillées par la relation d'aventures liantes et merveilleuses, de secrets admirables, de curiosités extraordinaires.
Au XVIII siècle, on trouvait le "Petit Désiré", le "Bavard" et surtout, le "Petit Messager Boiteux".
Celui-là plaisait beaucoup car, outre les précieux renseignements que diffusaient tous ses concurrents, il prédisait le temps, rappelait les travaux à faire dans le jardin et à la basse-cour avec, en plus, de beaux "proverbes" de Pascal, Voltaire, Montesquieu, Rousseau ...
Ainsi, grâce à l'almanach, la connaissance entra dans les campagnes et ce fut par l'entremise de tous ces coureurs de chemins, de ces besaciers que l'on rencontrait partout sur les routes, dans les auberges.
Ils contribuèrent largement à la diffusion des idées et même, tout simplement, à la communication entre les hommes.
Les almanachs-tableaux sous Louis XIV étaient ainsi d'une très grande richesse.
Sous Louis XV vint la mode des almanachs savants.
L'almanach artistique disparut avec la révolution française.
Au XIXe siècle, l'almanach est devenu un objet d'aspect pratique proche du calendrier.