Le Coeur Vendéen *
Le double cœur entrelacé est un symbole qui remonte à la nuit des temps.
On en aurait retrouvé dans des sépultures gauloises et romaines.
Avant d'avoir comme blason le "Double Cœur", la Vendée depuis les temps préhistoriques avait son Totem du Cœur simple.
Le cœur, à l'époque préhistorique, était le symbole du soleil de l'équinoxe d'automne.
Ce soleil fut le premier dieu de nos lointains ancêtres, divinisé sous forme féminine, c'est-à-dire de la Vénus antique et devenu par christianisation le symbole de la Charité.
La première reproduction du cœur en Vendée, est une sculpture représentant un cœur simple creusé sur une des faces de la célèbre "Pierre Tournisse" de Torfou, près du château de Tiffauges.
C'est un énorme bloc de granit, en équilibre sur un piton rocheux, d'un poids évalué à environ 20.000 kg qui selon la légende, tourne sur elle-même à minuit de la Noël, d'où son nom.
A l'époque néolithique, moins de 10 000 ans avant Jésus-Christ, on a trouvé en Vendée des cœurs simples en cuivre.
Le cœur évidé remonte à l'âge de fer (800à700 av J-C.).
En Vendée, le cœur apparaît dès le Haut Moyen Âge (400-900), sous forme d'agrafes de manteaux et capes portées par les femmes de la campagne pour assister aux Messes Dominicales.
Dès le IXe, le double cœur avait fait son apparition comme symbole de mariage.
Ensuite, au XVIème siècle, on le retrouve sous forme de décor, afin de servir d'agrafe à un vêtement masculin, genre cape ou toge.
Ce cœur était un dérivé de bijou préhistorique appelé "fibule".
Il est aussi décor pour du mobilier (porte d'armoire et de petits bahuts) mais aussi sur les frontons de glace de pur style Louis XVI.
Symbolisant le Cœur de Jésus et le Cœur de Marie, il est souvent surmonté d'une couronne, celle du CHRIST – la couronne d'épines et parfois elle-même surmontée d'une croix.
Le cœur rouge surmonté d'une croix demeure le symbole le plus évocateur de la Guerre de Vendée.
La dévotion catholique au Sacré-Cœur (très ancienne) veut honorer le cœur de Jésus-Christ, à la fois organe de son humanité et symbole de l'Amour divin pour les hommes.
Elle fut relancée à Caen vers 1640 par le Père Eudes, oratorien, fondateur de l'ordre des Eudistes et de celui des Filles de Notre-Dame-de-la-Charité, canonisé en 1925.
Sainte Marguerite-Marie Alacoque (1647-1690), religieuse de la Visitation à Paray-le-Monial, reçut la mission de la répandre au cours de trois apparitions (1672, 1673, 1674).
Ce culte fut diffusé dans l'Ouest par Louis-Marie Grignion de Montfort et les Missions montforraines du Père Mulot (1683-1749), basées à Saint-Laurent-sur-Sèvre, ainsi que par la visitation Sainte-Marie de Nantes, fête chrétienne catholique et chrétienne orthodoxe fêtée le 31 mai.
Au cours de ses missions en Bas-Poitou, le père de Montfort consacrait toujours ses exercices spirituels au Sacré-Cœur.
Sur les grands calvaires de bois qu'il érigeait pour clôturer ses missions, il demandait à chaque famille de la paroisse, d'apposer sur le fut de cette croix un cœur de plomb, avec à l'avers le nom de la famille.
Cette coutume traversa la Révolution.
Nombreux étaient les paysans de la région qui portaient sur eux une "Sauvegarde", image du Sacré-Cœur dessinée sur du papier et destinées à les protéger des coups du sort.
Une croix surmontait le cœur, entre autres symboles l'accompagnant.
À partir de l'automne 1792, des textes circulèrent en Vendée, dont la prière de Louis XVI, qui faisait vœu de consacrer la France au Sacré-Cœur à sa libération.
Et en 1793, si les tout premiers insurgés arboraient seulement une cocarde blanche, bien vite, le soldat vendéen partait à la guerre avec une représentation du Sacré-Cœur (surmonté d'une croix, couleur de sang sur un carré d'étoffe blanche) portée en scapulaire ou cousue à la boutonnière.
Le style en variait : cœur percé, surmonté ou non d'une croix, entouré d'une couronne d'épines, etc ...
D'après J. Dehergne (Les Vendéens de 1793), ce fut Cathelineau (1759-1793), le Saint de l'Anjou, connu pour sa piété, qui le premier arbora le Sacré-Cœur.
Certains étendards seront frappés du double cœur, surmontés d'une couronne d'épines et surmonté de l'inscription "Vive Louis XVII".
Après la Guerre de Vendée, surtout sous la Restauration, le double cœur se popularisa.
Quant au double cœur surmonté d'une couronne et d'une croix, il apparaît sur le blason du département de la Vendée le 20 octobre 1943.
Le blason départemental de la Vendée est le résultat d'un concours organisé par la Revue du Bas-Poitou en janvier 1943.
En 1989, ce double cœur fut modernisé et stylisé et il devint détaché du blason rouge comme le Sacré Cœur traditionnel, le logo actuel de la Vendée.
Il fait référence au Sacré-Cœur et au traditionnel cœur poitevin que l'on portait agrafé en bijou depuis les temps anciens.