Dans l'atelier du Sabotier. *
Dans l'atelier de l'artisan règne une bonne odeur de menuiserie.
Au mur, des outils rudimentaire alignés comme à la parade.
Au centre, éclairé par les fenêtres, trône "la chèvre", sorte de billot de bois à quatre pieds auréolé de copeaux blonds qui jonchent le sol.
L'artisan manie la hache, l'herminette et le paroir et dégrossit son morceau de bois.
Le bois se travaille demi-sec.
Abattu en vieille lune, dépouillé de son écorce et débité en bille d'un mètre de long, il est entreposé près de l'atelier.
Chacune de celles-ci est elle-même sciée en trois morceaux correspondant à la longueur maxima des sabots. Leur taille se donne en pouces et va du 8 1 /2 (22 cm) au 13 (34 cm).
Le bûchage s'effectue à l'aide de la hache à bûcher, appelée aussi hache à épaule de mouton.
C'est un outil caractérisé par la forme très particulière de son manche et de son fer décentré sur la gauche pour ne pas gêner le mouvement du sabotier.
Le talon est marqué d'une encoche et l'ébauche est fixée sur un billot.
La mise en forme est commencée à l'herminette pour être achevée au paroir, sorte de long couteau à un manche fixé par une extrémité.
L'artisan taille, épluche, lime sans un raté.
Copeau après copeau, la forme émerge de sa gangue parfaitement équilibrée.
Le sabot est ensuite creusé à l'aide de gouges, tarières et autres cuillères diverses.
La talonnette sert à donner l'arrondi du talon tandis que la rouannette permet de planer le dedans.
La finition est assurée au racloir.
Il est alors possible de les décorer et de les teinter au brou de noix ou à la suie ou bien encore de les vernir.
L'œuvre terminée, devant tant de savoir-faire, on ne peut s'empêcher de penser à la marionnette que "Gepetto" avait créée avant tant d'amour et à qui une fée donna la vie.