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25 octobre 2024

Il faisait bon vivre chez nous ! (suite)

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Qu'elle était douce la mélodie du rossignol que j'entendais parfois du potager avant les premières lueurs du jour !
Le chant du coq, peu après, venait mettre en émoi toute la maisonnée.
Mon grand-père, déjà levé, m'appelait toujours le premier et éveillait ensuite les domestiques.
Ma mère debout en même temps se fâchait souvent pour faire sortir du lit mes sœurs et mes cousines alourdies de sommeil.
Chez nous, quatre générations vivaient sous le même toit !
Une journée allait recommencer et il y aurait du travail pour tout le monde.
Habillés en hâte, trainant leurs sabots, les hommes se rendaient à l'étable pendant que les femmes allumaient le feu et préparaient le déjeuner.
Il fallait sortir le fumier, mettre la nouvelle litière et conduire les vaches aux champs.

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Après le "pansage", chaque matin, j'aidais à porter les seaux de lait dans la laiterie, près de la souillarde (Petite pièce où étaient faits les gros travaux de cuisine).
Elle était lavée à grande eau et je la trouvais toujours d'une grande propreté.
Dans les "pommes" de terre cuite, on faisait "lever" la crème.
En été, les femmes, pour terminer ce travail, devaient se rendre près de la fontaine pour trouver un peu plus de fraîcheur.
Que d'heures passées chaque semaine à la longue préparation du beurre.
Le beurre obtenu prenait forme dans des moules de bois sculptés.
Aux foires et aux marchés, il était vendu en mottes décorées de dessins faits avec une fourchette.
Autrefois dans beaucoup de fermes, sur la toiture du fournil, on conservait dans les tuiles la "joubarbe des toits" (appelée aussi artichaut de Jérusalem).
Cette plante aurait été rapportée des croisades et avait, dit-on, la propriété de protéger de la foudre.
Et c'est au bout de la maison que se trouvait le fournil qui servait tous les jours à faire la "chaudronnée" aux cochons.
Dans un coin de la chaudière entourée de cendres, un moulin à tamiser le blé, une sorte d'échelle (le tenailler) sur laquelle on stockait les pains debout pour les faire sécher.

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Au milieu de la pièce, un fagot de "fournilles" (branchage) éventré était abandonné négligemment.
On apercevait encore la maie (meuble rustique utilisé pour la conservation de la farine) dans laquelle ma tante pétrissait la pâte.
Je venais tous les quinze jours chauffer le four pour la cuisson du pain.
A la fin de l'été, quand les fruits étaient mûrs, on en profitait pour faire cuire des poires et de nombreuses tartes.
Sous un énorme noyer, le cellier avait souvent la visite des hommes, leur tâche accomplie.
Entre deux rangées de barriques bien alignées sur d'épaisses poutres, ils se racontaient des histoires.
Je venais de temps en temps mettre un peu d'ordre et surveiller les barriques.
Les "basses" et les "baillottes" étaient dressées les unes sur les autres, un pot à tirer le vin demeurait en permanence sur les barriques et au plafond étaient suspendus de petits pots taillés par le sabotier dans du bois de hêtre ou de buis.
Quant au pressoir, il résidait habituellement dans un coin de la grange, attendant le moment des vendanges.

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Chaque année, en effet, le cellier retrouvait une activité débordante en automne.
Il y régnait, pendant plusieurs jours, une atmosphère très particulière où se mêlaient la gaieté des allées et venues, le cliquetis du pressoir, l'odeur des raisins pressés…
Dans tous ces endroits de la ferme, on remarquait une vive agitation…
Seule la volaille en liberté dans la cour donnait une note de calme et de tranquillité.
Chaque saison amenait les durs et pénibles travaux….
Chaque jour, pas un instant de répit…
Chaque heure avait sa peine…
Mais toujours, j'ai voulu préserver ce que j'aimais tant…."la terre, l'amour, la moisson, la danse, la paix."

Jacques Maupillier (Garde)

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