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20 janvier 2020

Les bateaux de La Pérouse.*

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Comme nous le savons, l'expédition de "La Pérouse" a demandé 5 mois de préparation tant pour le manifeste de bord, mais également pour les embarcations.
Le manuscrit original, daté du 26 juin 1785, est remis au roi après avoir été relié pleine peau avec dorures "à la dentelle" et décoration aux armes et au chiffre de Louis XVI.
Deux copies du manuscrit sont également réalisées.
La première est remise au maréchal de Castries (1727-1801) ministre de la Marine.
La seconde est destinée au chef de l'expédition et elle disparaîtra dans le naufrage de La Boussole.

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L’expédition de La Pérouse est l’aboutissement de plusieurs siècles d’efforts de la France.
Mais revenons aux navires...
Depuis Jean-Baptiste Colbert (1619-1683), au 17ème siècle, on cherche à se donner les moyens de rivaliser avec les flottes anglaise et hollandaise.
La construction d’un navire met en jeu des savoir-faire complexes c’est pourquoi Colbert décide de rationaliser l’art de construire des navires, mais utilise également l’espionnage pour récupérer les secrets de construction des flottes anglaise et hollandaise…
Il y a trois chantiers navals ou arsenaux qui sont désignés en France :
Toulon sur la Méditerranée, Brest et Rochefort sur l’océan Atlantique.

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La Pérouse connaît bien les inconvénients des navires choisis lors des voyages précédents et il écarte immédiatement les vaisseaux et frégates qu'il juge totalement impropres à un voyage d'exploration.
En accord avec Charles-Pierre Claret, comte de Fleureu (1738-1810), il opte pour des flûtes ou des gabares qui, à dimensions égales, ont un volume de cale plus important que celui d'une frégate.
Les cales de 9m de large permettaient de stocker vivres et matériel à échanger avec les insulaires.
Ces gabares devaient être récentes et que leur poids devait être compris entre 500 et 600 tonneaux.
Le 6 mars 1785, le maréchal de Castries (1727 – 1801), ministre de la Marine, désigne la flûte "Le Portefaix" du port de Rochefort et, trois jours plus tard, la gabare "L'Utile", comme navires de l'expédition.

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Le "Portefaix" qui deviendra la "Boussole" est une gabare de 550 tonneaux construite à Bayonne en 1781-1782 sur les plans de l'ingénieur Jean-Joseph Ginoux (1723-1785).
Lancée en mai 1783 a déjà navigué et il s'est échoué deux fois sans grands dommages.
Le devis de retour de campagne montre que les réparations à effectuer sont de peu d'importance.
Les archives de Rochefort nous apprennent que Le Portefaix était armé de quatre canons de 6 livres.
Sa longueur de coque était de 41,27 mètres, et sa largeur maximale de 8,77 mètres.
Cette embarcation possédait un entrepont sous le pont de la batterie, ce qui permettait de la doter d'emménagements assez comparables à ceux d'une frégate.

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Également construite à Bayonne, la gabare "L'Utile", de 350 tonneaux, a été lancée en avril 1784.
Sa coque mesure 36,40 mètres de long sur 8,77 mètres.
Aussi large que Le Portefaix, L'Utile est moins longue et sa vitesse est probablement moindre.
Le plus gênant est qu'elle n'a pas d'entrepont.
Pour les besoins de l'expédition, les gabares subiront un bon nombre de transformations.
Sur l'Utile, le placement d'un entrepont, apportera encore une différence à son tirant d'eau, mais aussi réduira l'espace de chargement.
Plus grave encore, avec l'augmentation du tirant d'eau, il devient dangereux d'ouvrir les hublots indispensables pour ventiler l'entrepont, car ils seraient trop proches de la flottaison.
Le 3 avril 1785, le comte de Latouche-Tréville (1745-1804), commandant de la marine à Rochefort en informe et deux jours plus tard, les travaux sur "L'Utile" seront définitivement arrêtés.

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Elle sera remplacée par "L'Autruche", du port de Brest.
Gabare, construite au Havre en 1781 également par Jean-Joseph Ginoux, elle est identique au Portefaix.
Elle a été mise sur cale au Havre en juin 1781 et lancée en février de l'année suivante.
Comme les deux navires sont rigoureusement les mêmes, on pourra optimiser les travaux en les équipant de la même manière en réalisant des opérations rapides et peu coûteuses.
Pendant que Fleuriot de Langle supervise les travaux de L'Autruche, "La Pérouse" prend en charge ceux du Portefaix.
Les travaux principaux seront :

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Artillerie portée à douze canons de 6 livres, ce qui oblige à percer quatre sabords supplémentaires sur chaque bord.
Initialement prévu pour 4 officiers, l'aménagement des quartiers pour les officiers (9) et savants (10) (considérés comme officiers).

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Les deux bâtiments vont recevoir des mâtures semblables, permettant d'échanger, le cas échéant, leurs mâts et voiles de rechange.
La cuisine est un élément important.

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Elle ne doit pas trop encombrante et sa consommation en bois doit être raisonnable et ne doit pas provoquer un incendie à bord.
Les cuisines traditionnelles (en fer) ne donnent pas satisfaction et sont trop gourmandes en bois et les aliments sont soit cru ou complètement brûlés.
Fleuriot de Langle termine la mise au point d'une cuisine à laquelle il a fait adapter une cucurbite, sorte d'alambic destiné à distiller l'eau de mer.
Donnant entièrement satisfaction, on installe une semblable sur La Boussole, de manière que les deux frégates aient des équipements semblables.

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On ajouta aussi un moulin à vent sur le "Portefaix", afin de procurer de la farine fraîche à l'équipage.

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Fin mai, les deux flûtes sont officiellement appelées frégates pour des raisons de prestige.
Le Portefaix devient "L'Astrolabe" et L'Autruche "La Boussole" puis, sans qu'on sache exactement pourquoi, une note du 26 juin inverse les deux noms.

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Il a été dit que, le roi Louis XVI ayant confondu les deux navires, ses subordonnés avaient entériné l'erreur puisque, contrairement au commun des mortels, le roi ne saurait se tromper !
La Pérouse embarqua de nombreux animaux vivants, nourriture, arbres et arbustes, serres portatives, de la verroterie à échanger avec les indigènes, et une grande quantité de matériel (haches, herminettes, couteaux…).

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Chaque navire embarque les pièces nécessaires à la maintenance et à la réparation des bateaux, partis pour quatre ans.
Les voies d'eau seront calfatées d'un mélange de goudron et D'étoupe par les charpentiers et les calfats, les voiles déchirées seront aussitôt reprisées par les maitres-voiliers, les pierriers éventuellement mis en batterie par les canonniers... 

Il fit nommer à la tête de l'ASTROLABE son ami FLEURIOT de LANGLE et lui adjoint le Chevalier de MONTY (1753 – 1788).

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La plupart des membres de l'équipage choisit par La Pérouse, étaient bretons.
Sur l’Astrolabe, commandé par La Pérouse, embarquent 10 officiers qui forment l’état-major, 1 chirurgien et 9 officiers mariniers et pilotes et 20 canonniers et fusiliers.
L’équipage compte encore 10 charpentiers (chargés des pièces en bois), des calfats (chargés de l’étanchéité du navire), des voiliers (chargés de l’entretien des voiles).
Le reste de l’équipage se compose de gabiers, timoniers et matelots, de 7 domestiques et chef-coq, boulanger, boucher, tonnelier, forgeron….

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Comte d'Hector, commandant de la marine à Brest présente des bateaux sur mesure et dit :..
"J’ai personnellement supervisé l’aménagement des navires de l’expédition.
Nous avons choisi des bâtiments de transport solides, spacieux, à fond plat. Les deux bateaux sont spécialement préparés pour cette longue expédition.
Les mâts sont changés, la coque est renforcée par des boulons de cuivre, puis ils sont calfatés et radoubés à neuf.
Enfin, on construit les chaloupes d’exploration, certaines embarquées en pièces détachées.
A bord, on installe les cuisines, on équipe les logements, puis on embarque le matériel de rechange, les vivres pour deux ans, l’équipement scientifique et les marchandises d’échange.
Fin juillet 1785 tout est prêt."

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Le 1er AOUT 1785, l'ASTROLABE et la BOUSSOLE levèrent l'ancre à BREST pour un long périple de 4 ans autour du monde.
L'ASTROLABE sombre en 1788 à VANIKORO, brisée sur des récifs une nuit de tempête à quelques encablures de la BOUSSOLE.

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Un petit résumé sur le chargement des deux navires :

226 marins et savants.
950 tonnes de matériel nautique.
5 bœufs, 40 moutons, 40 cochons, 400 volailles avec le foin et les graines nécessaires.
Une bibliothèque de plusieurs centaines d’ouvrages.
Des instruments scientifiques les plus récents.
Des cadeaux et "objets d'échange" pour les indigènes (métal non travaillé, 20 000 outils, perles de verre, étoffes, vaisselle, médailles…).
Des graines à semer dans les pays abordés (choux, salades, carottes,…).
Une soixantaine d’arbres ou d’arbustes en pots à distribuer.

 

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