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5 octobre 2021

La table au Moyen-âge.

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"Oyez, oyez gentes Dames, preux Chevaliers !
Allons ripailler séant la bonne pitance et la vinasse gouleyante et découvrons moult réjouissances en ces joyeuses bombances.
Et que badinages et effusions soient de circonstance !
Et que la fête commence !"

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Le Moyen Âge atteint une sorte de perfection dans l’art du festin.
Le type de repas caractéristique de l’époque est bien le banquet, une occasion d’affirmer son rang, sa richesse et son prestige.
Chez les grands de ce monde, comme chez les bourgeois qui peuvent se le permettre, le festin est donné à l’occasion de noces, d’alliances, de victoires, de naissances ou de tout autre événement important.
Mais l’art de la "cuisine," bien que différente de notre cuisine actuelle, est déjà un enjeu social de respectabilité et un instrument de prestige.

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Au Moyen Âge, l’alimentation est très codifiée et tributaire du rythme des saisons.
La fin du printemps, l’été et l’automne sont des périodes de grande abondance.
L’hiver est marqué par une grande frugalité dont la monotonie est rompue par des festins.
Donner un festin en cette période est la preuve d’une grande richesse.
Le repas médiéval est entièrement lié au calendrier liturgique qui distingue jours gras et maigres et où la consommation de viande est interdite.
La religion chrétienne impose, aux riches comme aux pauvres, entre 150 et 180 jours de carême où l’on doit manger maigre, sauf pour les jeunes fidèles, les malades et les femmes enceintes.

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Au Moyen Âge, il n’y a pas de pièce spécifique, le plus souvent on mange dans les chambres dont le sol est recouvert de fleurs et d’herbes odorantes.
Mais chez les gens de condition inférieure, on mange tous ensemble, hommes, femmes, enfants, autour de la même table, dans la salle commune.
La salle d’apparat est principalement utilisée pour les festins.
Contrairement à ce que l’on peut penser, la cuisine est tout en finesse, légèrement acidulée, haute en couleur et épicée.
La plupart des sauces accompagnant les volailles et les poissons sont plutôt acides (vin, vinaigre, verjus).
Il existe toutes sortes de jus acides.
Jus de raisins verts cueillis avant maturité (le plus fréquent), jus d’herbes acides comme l’oseille, jus de citrons, jus d’oranges amères, jus de grenades aigres (surtout utilisé dans les pays méditerranéens), jus de pommes ou de poires acides, jus de fruits sauvages comme les prunelles, les merises, les cornouilles ou l’épine-vinette.
Tous ces jus verts pouvaient être désignés, dans la cuisine médiévale, par le mot verjus (ou vertjus).
L’aigre-doux est très prisé en rajoutant du sucre, du miel ou des fruits… 
La cuisine médiévale est épicée, mais ce n’est certainement pas pour masquer la piètre qualité des mets.

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Les épices utilisées en grande quantité sont principalement la cannelle et le gingembre.
Ensuite, apparaissent le clou de girofle en poudre, la noix de muscade, le macis, la maniguette ou graine de paradis, le poivre, la cardamome, le galanga (garingal) et enfin le safran pour colorer.
La plupart du temps, elles sont délayées dans du vin, du vinaigre, du verjus ou du bouillon (parfois passées à l’étamine) avant d’être mélangées au reste du plat vers la fin de la cuisson (pour garder les parfums).
L’aspect visuel des mets au Moyen Âge est presque aussi important que le goût.
Les plats ont de belles couleurs vertes, jaunes, orange,…
Mais les épices ne sont pas non plus à portée de toutes les bourses !
Elles constituent un critère de distinction sociale.

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Cependant, le peuple ne se refuse pas non plus le plaisir des épices et les plus humbles sont comblés lorsqu’ils détiennent du poivre, épice devenue un peu trop accessible pour les plus riches.
Pourquoi cet engouement pour les épices ?
Les médecins de l’époque leur confèrent des qualités digestives.
La provenance des épices apporte aussi une part de rêve.
L’Orient est assimilé à une sorte de paradis… etc.
Elles assureraient aussi la longévité ?
Dans tous les cas, la cuisine du Moyen Âge fait preuve d’une certaine diététique.
Peu de corps gras, peu ou pas de sucre (le sucre était plus considéré comme une forme de médication que comme un réel agent gustatif).
Mais, aussi un souci diététique dans le déroulement des repas (Entrée de table, Potages, Rôtis, Entremets, Desserte, Issue).
En effet, les grands repas démarraient par des salades assaisonnées ou des fruits frais, destinés à ouvrir l’appétit.
Ensuite venaient les potages ou brouets.
Puis les viandes rôties accompagnées de sauces diverses.
Les viandes ou mets secs ou peu humides sont servis sur une plaque de bois ou de métal ordinairement ronde appelée "tranchoir ou tailloir".

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Sur ces plaques, on dispose des tranches de pain le plus souvent rassis, destinées à absorber les jus : "le pain tranchoir".
Les sauces étaient bien souvent liées à la mie de pain ou encore avec du jaune d’œuf, mais absolument sans matière grasse (ex : sauce au raisin noir).
Le pain était grillé, trempé dans du bouillon, pilé au mortier et en général passé à l’étamine.
Cette liaison au pain était parfois remplacée par une liaison à la poudre d’amandes.
La liaison au pain colore les sauces et donne, comme la liaison à l’amande, un velouté différent sous la langue et développe les saveurs acidulées et parfumées (alors que la farine les étouffe).

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Les assiettes n’existent pas, les soupes, sauces et autres mets liquides sont servis dans des écuelles qui sont partagées par deux personnes.
Après, venait l’entremets, sorte de distraction entre les mets accompagnés de ballade chantée par quelques bardes, jongleries, pitreries de bouffon, voire plats pastiches tels que des "pâtés d’oiseaux vivants" afin d’étonner ses invités.
Tout le monde profitait du spectacle en grignotant de petites préparations salées (petits beignets par exemple).
Le repas reprenait alors son cours avec "la Desserte", qui correspond à notre dessert et enchaînait sur "l’issue de table" composée de fromages, fruits ou gâteaux légers.
Des vins légèrement sucrés accompagnaient à merveille ces derniers plats qui visaient à fermer le repas, à accélérer la digestion.

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Enfin, pour terminer complètement le repas, les invités étaient conviés dans une autre pièce et chacun pouvaient purifier son haleine et faciliter sa digestion en absorbant des dragées, des épices confites ou naturelles, le tout proposé à grands frais par le seigneur.
C’était ce que l’on nommait le "boute-hors".
Ces petites gâteries de fin de repas s’accommodaient parfaitement des vins de Clairet et d’hypocras.
L’hypocras est un vin blanc doux dans lequel on a laissé macérer de nombreuses plantes et épices (cannelle, gingembre, cardamome…).
La recette d’Hypocras est attribuée au célèbre médecin Grec Hippocrate (Vème siècle avant J-C.).

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Bien plus tard, les chevaliers furent conquis par cette véritable "potion magique" et ramenèrent la recette d’Hypocras en Occident.
C’est grâce à ses saveurs si agréables et à ses vertus tonifiantes et même aphrodisiaques (assurait-on…) que l’Hypocras devient l’Apéritif à la mode au Moyen Âge, notamment.

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