La Sainte Ampoule
La Sainte Ampoule était une fiole en verre.
Son nom viendrait du latin ampulla (petit flacon, fiole) ou du saxon ampel (coupe, fiole).
En 496, Clovis, le chef des Francs, se fait baptiser à Reims par l’évêque Rémi.
La légende raconte que la foule était si nombreuse que le petit clerc chargé d’apporter l’huile nécessaire aux onctions poste baptismales n’arrive pas à se frayer un passage parmi la foule des guerriers, et alors une colombe, symbole du Saint-Esprit dans la Bible, apparaît dans le baptistère et apporta à l’évêque la fiole de chrême ou huile odorante consacrée nécessaire à l’onction du baptême.
Ensuite, elle servira lors de l’onction des rois de France jusqu’à Louis XVI (1754-1793).
La Sainte Ampoule apparaît au neuvième siècle dans des écrits de l’archevêque Hincmar (806 - 882) où il met en scène le miracle qui aurait accompagné le baptême de Clovis.
L’archevêque de Reims, Hincmar, croit reconnaître cette fiole miraculeuse dans une ampoule (4 cm de haut) d’aromates probablement oubliés par les embaumeurs dans le sarcophage de Saint-Rémi lorsqu’il fit le déplacement de ses reliques en 852.
Ainsi, la cathédrale de Reims devint le lieu du sacre des rois de France avec l’huile de la Sainte Ampoule qui était conservée à l’abbaye de Saint-Rémi.
Lors la cérémonie du sacre, l’archevêque prélevait dans celle-ci, avec une aiguille d’or, un petit peu d’un baume qui était devenu desséché au fil du temps, qu’il mélangeait avec du saint chrême frais.
Ce qui permettait ainsi d’oindre chaque roi avec la même huile que tous ses prédécesseurs, et surtout que le fondateur du royaume des Francs qui était Clovis.
L’onction était sur la tête, sur la poitrine, sur les épaules, entre les épaules, aux jointures des bras, sur les mains.
Tout le corps se trouvait ainsi sanctifié et les points vitaux recevaient ainsi une force venue d’en haut pour permettre au roi d’accomplir la mission qui lui était confiée.
Les "Otages de la Sainte Ampoule" étaient quatre seigneurs chargés d’escorter la Sainte Ampoule de l’abbaye Saint-Rémi jusqu’à la cathédrale de Reims pour la cérémonie du sacre du Roi de France.
Ces seigneurs avaient pour rôle de défendre la précieuse fiole jusqu’à la mort, d’où leur titre d’otages de la Sainte Ampoule.
Selon le cérémonial habituel, les otages entraient à cheval dans la cathédrale, entourant l’abbé de Saint-Rémi (qui était à l’époque Jean Canard), allant en lente procession du portail principal jusqu’à l’autel où l’abbé remettait la Sainte Ampoule à l’archevêque.
C’est à ce moment que prenait fin la mission des otages qui, descendus de cheval, rejoignaient leurs compagnons dans la nef.
Elle a été brisée solennellement pendant la Révolution française le 7 octobre 1793 à Reims (actuelle place Royale), par le conventionnel Philippe Rühl (1737-1795) sur le socle de la statue de Louis XV (1710 -1774) préalablement déboulonnée, cassée et destinée à être livrée à une fonderie de canons, mais des parcelles furent récupérées.
Toutefois, la veille, le curé constitutionnel Jules-Armand Seraine et un officier municipal, Philippe Hourelle avait retiré ce qu’ils pouvaient du contenu de la sainte Ampoule et le cachèrent, puis en donnèrent une partie respectivement à Messieurs Bouré curé de Berry-au-Bac et Lecomte juge au tribunal de Reims.
Un dénommé Louis Champagne Prévoteau recueillit également deux fragments de verre de l’ampoule sur lesquels subsistaient des restes du baume.
Le 22 mai 1825, l’archevêque de Reims procéda au transvasement de tous ces fragments dans du saint chrême, puis dans un nouveau reliquaire prêt à temps pour le sacre de Charles X (1757-1836) quatre jours plus tard, maintenant conservé au Palais du Tau.
En 1906, lors de son expulsion de l’archevêché suite à la loi de séparation des Églises et de l’État,
Monseigneur Louis-Joseph Luçon (1842-1930), archevêque de Reims, transféra le chrême dans une ampoule de verre qu’il emporta avec lui.
Le baume du sacre est toujours conservé à l’archevêché de Reims.