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21 octobre 2024

La vie dans une villa Gallo-Romaine.

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Dès le 1er siècle, la présence romaine crée, dans les campagnes gauloises, une forme nouvelle d’exploitation et d’habitation rurales : les "Villae", vastes fermes fonctionnelles, à l’origine d’un grand nombre de nos bourgs et de nos villages.
La conquête et la pacification achevées, les Romains "colonisent la Gaule".
Des villes nouvelles apparaissent et les campagnes voient s’édifier, au milieu de champs et de forêts, de vastes domaines comprenant la demeure du maître, souvent luxueuse, des bâtiments agricoles et des logements pour la main-d’œuvre.
Ces immenses fermes, les "Villae" appartiennent le plus souvent à des vétérans, des légionnaires qui, après quinze ou vingt ans de "bons et loyaux services", reçoivent, en récompense, des terres dans les pays conquis.

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Pour exploiter sa villa, qui vit en autarcie et qui doit produire tout ce qui lui est nécessaire, le maître a besoin d’une abondante main-d’œuvre.
Le "gros des troupes" est constitué par les ouvriers agricoles.
Si certains sont des hommes libres, des tenanciers, qui louent des parcelles aux limites du domaine, la plupart des travailleurs ruraux sont des esclaves dont la vie a peu de valeur.
En effet, ces hommes sont des prisonniers de guerre et les incessantes conquêtes militaires de Rome alimentent le marché.
Les propriétaires trouvent sans difficulté et à des prix dérisoires, des "bras" vigoureux, capables de fournir une énergie musculaire moins coûteuse que celle des animaux.

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Travaillant du matin au soir, mal nourris, enchaînés pour la nuit, ces individus brisés sont considérés comme des "instruments animés".
Les artisans, quant à eux, sont appréciés et respectés pour leur savoir-faire.
La villa abrite tous les corps de métiers : les boulangers, les charpentiers, les menuisiers, fabricants de coffres, de tabourets, d’ustensiles ménagers.
Les forgerons confectionnent des socs, des houes, des pioches, les charrons, des charrues, des roues, des socs, les vanniers, des paniers, des ruches ou des coffres de chars.
On rencontre aussi des maçons, des marbriers et des potiers qui pétrissent, à la main, l’argile verte.

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Cordonniers, peaussiers, selliers travaillent le cuir et fournissent les chaussures, les harnais, les outres, les tabliers, les ceintures.
Les tisserands filent et tissent la laine des moutons après qu’elle ait été bouillie dans l’eau et la graisse de porc puis, battue, épluchée à la main et cardée avec des peignes aux dents recourbées.
Avant le tissage, les laines sont teintes, selon le goût de l’époque, de couleurs éclatantes à base de végétaux.
L’airelle pour le violet, la jacinthe pour la pourpre, le pastel pour le bleu, le safran pour le jaune.
Tous les besoins de la villa sont satisfaits par ses productions.
Pour se nourrir, on cultive des céréales.

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Le froment pour le pain blanc du maître, le méteil pour celui des domestiques, l’orge pour la cervoise, l’avoine pour les bouillies et la nourriture des chevaux.
Dans les potagers, on trouve les fèves, les lentilles, les choux, les oignons, les laitues.
Les vergers offrent des cerises, des pommes, des poires, des prunes, des noix.
On n’oublie pas de se désaltérer, on est en Gaule après tout !
Certes, on boit de la cervoise, de l’hydromel, mais aussi du vin, capiteux, parfumé que l’on garde bien précieusement dans des tonneaux de châtaignier.
On mange aussi toutes sortes de viandes.
De la volaille, du bœuf, du mouton, mais surtout du porc.

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Les Gaulois sont les rois incontestés de la charcuterie (pâtés, boudins, saucisses).
Les chèvres, dont on favorise la lactation en leur faisant manger du cytise, fournissent de bons fromages.
Les abeilles donnent leur miel.
Dans certaines "villae", on pratique aussi la pisciculture.
Malgré le coût de l’installation et de l’entretien des viviers, on élève de nombreux poissons.

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Le plat de prédilection est la murène, servie grillée, bouillie ou frite, accompagnée de sauces relevées à base de miel, de poivre, de cumin, de coriandre.
Pour que leurs terres produisent davantage, les Gallo-Romains utilisent des méthodes "modernes".
Ils utilisent déjà des engrais comme le nitre, ils engraissent la terre par la terre.
Dans un sol calcaire ou trop sableux, ils apportent de la marne.
Quand les sols sont trop humides, ils ajoutent du calcaire.

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L’outillage aussi est performant.
Faux, plus pratique que la faucille, fléau articulé, charrue à soc de fer ou de bronze et surtout la fameuse moissonneuse à roues, une grande caisse aux bords garnis de dents, poussée par un mulet, si bien que les épis arrachés par les dents, tombent dans la caisse.

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Les forêts étaient aussi des réservoirs de nourriture.
On y piégeait des lapins et des perdrix au collet, on y engraissait les porcs avec les glands, on y cueillait des noisettes, des champignons, des nèfles, des prunelles, des châtaignes.
On y chassait aussi les biches, les cerfs, les chevreuils, les sangliers pour la viande ; les martres, les écureuils pour la fourrure.
La demeure seigneuriale était dotée de tout le confort.

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Le chauffage central, l’air brûlant circulait sous les planchers et derrière les parements des murs.
L’eau courante aussi, grâce à une grande roue élévatrice qui montait l’eau de la rivière.
Les matériaux utilisés pour les aménagements intérieurs étaient luxueux et coûteux.
Mais cette recherche permanente du luxe, de la douceur de vivre fera que le terme "villae" se videra, peu à peu de son sens originel.
Il ne désignera plus une exploitation agricole, mais une résidence secondaire, "une maison des champs" construite par des citadins aisés, avides de calme et d’air pur…
Les "Villae" ne durèrent que le temps de la "Pax Romana".
La "villae", la "ferme", ne renaîtra qu’aux 8 et 9ème siècles, à l’époque carolingienne.

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Sous la pression des envahisseurs normands et hongrois, les habitants des campagnes vont se regrouper pour mieux se protéger.
La construction sera bien différente de celle de la villa gallo-romaine.
Certes, on retrouvera le même souci de vivre en autonomie et de pourvoir à tous ses besoins, mais plus d’ouvertures sur la nature.

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On dresse des palissades, des tours de guet.
On élèvera même des mottes féodales, ancêtres de nos châteaux forts.

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