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26 avril 2024

Les lavandières

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Avec les jeunes lavandières, au bord de l'étang, les soirs de représentations, je voudrais évoquer ces femmes "dau daué" (du lavoir) comme on les appelait toujours chez nous.
Toute la journée, courbées sur leur garde-genoux on les voyait tremper le linge pour le savonner et le brosser.
De temps en temps, elles soulevaient la lourde étoffe humide qu'elles tordaient et battaient fortement.
Je les revois remontant de la rivière…
La petite roue de la brouette à barreaux de bois grinçait à chaque tour.
La côte était rude. Les matins d'hiver, les mains leur faisaient mal dans l'eau glacée.
Elles se les réchauffaient parfois devant un brasero en buvant un vin chaud sucré.
Dans les bourgs, on admirait ces femmes courageuses qui exerçaient, sans relâche, ce métier pénible.
Mais ces femmes "dau doué", c'était un monde.
N'avaient-elles pas la réputation de savoir les tous les potins du jour ?
Souvent disait-on "en lavant le linge, elles lavaient leur client" !

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Tout était prétexte à ce genre de bavardage.
La réussite ou l'échec, l'infortune, la souffrance et même la misère des autres..
Et c'est pourquoi, on les voyait se défouler en frappant de plus en plus fort sur le linge avec leur "bâton".
Ah, ce n'était pas rien, disait-on encore de passer par la goule dans femmes "dau doué".
On arrivait toujours de bonne heure au lavoir pour prendre la meilleurs place et … peut-être aussi… pour connaître les premières nouvelles du jour.
Parfois des disputes éclataient… on s'insultait pour une place convoitée, là où l'eau coulait clair, où la pierre de granit était plus belle, pour donner à la brosse un meilleur rendement.
Chez nous à la ferme, nous n'avions pas de laveuses attitrées.
Les femmes de la maisonnée participaient toutes à la "grande lessive" qui se faisait chaque année, en avril et en octobre.

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Dans les fermes, deux ou trois "pômes" à buée servaient à leur faire bouillir les draps, avec la cendre tamisée du four à pain.
Pur les faire sécher, on étendait les draps dans les grandes prairies lavée par les pluies.
Le reste du linge était lavé dans une fosse alimentée par la source d'une fontaine dans le "pâtis" derrière notre ferme.
Nous ne reverrons plus les lavandières.
Nous n'entendrons plus leurs voix allègres couvertes par le bâton.
Mais grâce à la restauration de certains lavoirs, il nous sera encore possible de leur rendre hommage et d'imaginer leur dur métier d'autrefois…

J. Maupillier (Garde)

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