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24 août 2017

4. Histoire du Village des Ouches (4/5).

PUY_4602Pierre regarda son fils, un peu interloqué par cette nouvelle inattendue : 
- Qui est-ce ? dit le père 
- La Guillaumette du Père François, répondit Thilbaut. Mais elle appartient au seigneur Robert d'Ardelay. 
- Tu vas au-devant de grandes difficultés, mon garçon ! dit le père. 
- Je sais, mais j'irai voir notre Seigneur et peut-être ? répliqua Thilbaut. 
Le lendemain, un dimanche, Thilbaut assista à la messe et se rendit au château où le comte accepta de le recevoir. 
- Que me veux-tu ? lui dit ce dernier. 
- Monseigneur, voici... je désire me marier. 
- Bon, cela ! Et qui épouses-tu ? 
- Guillaumette ! 
- Guillaumette ? 
Il sembla chercher dans sa mémoire, parmi ses vilains dont tous les noms lui étaient familiers. 
- Je ne connais pas, finit-il par dire. 
Le bûcheron hésitait. Enfin, avec un effort, il osa : 
- C'est qu'elle n'est pas des Ouches... 
- Et d'où est-elle ? 
- D'Ardelay ... 
Il y eut un silence. 
Thilbaut avait baissé la tête, attendant que la foudre éclatât. 
Mais le vieux Comte n'eut pas de colère. 
Au contraire, d'une voix calme et douce et souriant presque, il dit : 
- Ecoute-moi bien, mon garçon ... je ne te défends pas d'épouser ta promise puisqu'elle te plaît ... mais c'est à la condition qu'elle te suive sur mes terres. 
- Et si le baron Robert refuse ? reprit Thilbaut encouragé par le ton de bienveillance de son maître, me permettez-vous d'aller m'établir à Ardelay ? 

- Jamais ! 
- Je paierai le formariage, dit Thilbaut. 
- Ah ! ah ! tu as donc de l'argent ! Et d'où te vient-il ? On m'a rapporté que tu braconnais dans la forêt et que tu vendais le gibier... Qu'on ne t'y prenne pas ! Tu ferais connaissance avec les oubliettes du château... 
Quant à te laisser quitter la seigneurie, jamais et pour n'importe quelle somme, je n'y consentirai… Et n'essaie pas de fuir ! Tu es à mon service, tu m'appartiens... 
Partout où tu pourrais te réfugier, j'ai le droit de te réclamer, de te reprendre et de te punir ! 
Je te ferai mettre au carcan. Tu m'as compris… ? 
Thilbaut, la tête basse, quitta la salle. 
Il longea les corridors sombres… 

 

Dans son trouble, il se trompa d'escalier et descendit dans la seconde cour, la Haute-Cour, celle-là même où se dressait le donjon. 

C'était comme un autre château, plus sinistre, mieux fortifié, plus imprenable encore que le premier. 
Un fossé l'isolait de la Basse-cour. 
Thilbaut savait qu'en ses fondations, taillées dans la profondeur du roc, se cachaient les prisons. 
De toutes parts s'étendaient les dépendances du château, les écuries, les hangars, les celliers où s'entassaient les provisions. 
Au-dessus, de vastes salles inhabitées capables, en cas de siège, de loger le village tout entier et plus haut encore, bordé d'un parapet crénelé que des échauguettes reliaient de distance en distance, le chemin de ronde. 
Enfin, la chapelle et le préau planté de quelques arbustes qu'un perron rattachait à l'habitation du Comte. 
Un sergent le guida à travers les passages des deux cours, jusqu'à la poterne dont la porte basse s'ouvrait au pied des remparts. 
Et, de là, après s'être fait reconnaître par la garde, passant sous les inquiétants bois de justice, dégringolant le coteau sans suivre les détours du chemin, il regagna les Ouches dans les premières ombres de la nuit qui tombait. 

 

Le lendemain, de bonne heure, Thilbaut se mit en marche pour Ardelay. 
Le soleil qui se levait en ce matin d'automne, dissipait le brouillard planant sur la vallée du Petit Lay... 
Il y avait de la gaieté et de l'espérance dans la lumière rose qui emplissait tous les points de l'horizon. 
Le jeune bûcheron sentait un étrange bien-être s'insinuer en lui. 
Il avait mûri un plan et il ne doutait pas de sa réussite. 
Le grand air, l'éclatante lumière, l'aspect riant du paysage, tout lui donnait confiance. 
Ayant quitté la route tortueuse allant du Puy du Fou à Ardelay, il suivait maintenant un sentier en raccourci. 
Il marchait, tout joyeux, grisé par le vent léger, par les images heureuses qui se bousculaient dans sa tête. 
Il allait gagner. 
Il allait coûte que coûte, conquérir le droit de vivre auprès de celle qu'il aimait ... 

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