Les moulins
C'est à partir du 11ème siècle que s'installent doucement les moulins à vent en France.
Il est admis que ceux-ci auraient été introduits par les croisés revenant de Terre Sainte, comme tout ce qui venait de la Méditerranée orientale.
Ils furent baptisés "Moulins-turquois".
Si mettre en route un moulin à eau ne présente guère de difficultés, il en va tout autrement quand il faut amener les ailes à la prise du vent.
Plusieurs types de moulins ont été conçus.
Le "Moulin Pivot" se rencontre dans le Nord.
Le "Moulin Sarrazin" ou "Moulin à Cavier" est lui essentiellement angevin.
Le corps de ces moulins est tout en bois et scellé dans une base en maçonnerie.
Il est orienté à l'aide de l'échelle d'accès.
En Vendée, ainsi que dans toute la partie sud de la France, on trouve le "Moulin Tour", également appelé "Moulin à Chandelier", où le corps tout entier est maçonné.
Les ailes sont supportées par une toiture conique que l'on fait pivoter au moyen de la "guivre", longue perche de bois qui descend jusqu'au sol sur un rail de bois, le "chemin", enduit de suif (graisse animale).
Dans le Marais et tout le plat pays, ces moulins possèdent plusieurs étages.
Les ailes, en croix, sont formées de deux "vergues" dans lesquelles sont enfoncés les "verrons".
65 m² environ de grosse toile de lin étaient drapés par le meunier, attachés par des lanières.
D'autres, plus récentes, de type "Berton" (du nom de leur inventeur de la Chapelle Saint Denis) sont des ailes articulées en bois, généralement de pitchpin.
Dans les moulins de quelque importance, le "farinier" était aidé par un "Chasseron" qui faisait le transport des "pochées" de grains ou de farine.
Une fois remplis, les sacs étaient presque aussi hauts qu'un homme.
Les sacs étaient marqués vers leur ouverture d'un triangle noir ou rouge, ou bien d'un cœur de même nuance ou encore d'une croix faite de fils de couleurs vives.
C'était autant de marques de propriété.
Les activités artisanales du meunier étaient nombreuses et variées.
Effectuer les petites réparations d'entretien, et, périodiquement, mettre le moulin en chômage pour procéder au repiquage des meules.
Refaire leurs stries rayonnantes abîmées par l'usage, avant qu'elles n'aplatissent le grain au lieu de le moudre en farine.
Ce repiquage, au marteau de moulin coupant de chaque bout, demandait de la patience et de l'adresse pour conserver la bonne forme de surface des meules.
Légèrement bombée pour la "dormante" ou "gisante" et creuse pour la "tournante".
Le moulin étant en action, il lui fallait ne pas se laisser endormir par le tic-tac régulier du babillard et ne pas oublier d'approvisionner en grains la trémie d'alimentation.
Il est vrai qu'un dispositif aussi simple qu'ingénieux fait sonner une clochette avant que la trémie ne soit vide.
Surveiller et régler le blutoir afin que le blutage entre farine et son soit correct.
Ensacher et peser les produits de la mouture.
Tenir les cahiers de comptes à jour de toutes opérations.
Nettoyer et graisser toutes les parties mécaniques en contact de frottement.
Enfin, il devait constamment veiller à la bonne orientation de la voilure et au réglage de sa surface, en fonction de la direction et de la puissance du vent.
Cette surveillance constante du temps, la connaissance des vents, l'observation des nuages, des variations de température, faisaient de ces meuniers de très bons météorologistes.