Les Joutes *
A partir du XIIIème siècle, le tournoi tend à devenir un spectacle ritualisé, une fête solennelle offerte par la chevalerie, qu’on appelle "joutes", mais les termes de tournoi et de joutes sont souvent employés indifféremment et le tournoi coexistera longtemps avec sa forme édulcorée.
Ces face-à-face se déroulent dans des zones circonscrites par les lices.
Fortes barrières en bois qui entourent un espace carré ou rectangulaire, avec des barrières intérieures qui délimitent un chemin de circulation ou des couloirs d’affrontement.
Le public prend désormais place dans des pavillons de bois ("loges", "hourds") depuis lesquels les dames encouragent les chevaliers, leur jettent un gant ou un ruban en gage d’amour.
Revêtu d’une tunique de mailles en acier (le haubert) ou, à partir du XIVème siècle, d’une armure, casqué d’un heaume.
Chaque combattant est reconnaissable à sa bannière, à son écu armorié, et à son cimier.
Ornement en forme d’aile, de corne, de tête d’oiseau, d’animaux chimériques ou de monstres, destiné à impressionner les spectateurs avant le combat.
Dans "Le Secret de la Lance", les cimiers des chevaliers arborent des figures d’animaux (lion, dauphin, licorne) et des éléments symboliques.
Couronne, fleurs de lys, macles (pièces en forme de losange) des armes du Puy du Fou…
Les chevaux de joute et de tournois sont les mêmes que les chevaux de guerre.
Les destriers, ainsi nommés parce qu’ils sont "menés en destre" (les écuyers les tiennent à leur droite), sont des chevaux rapides et puissants, entraînés à porter un chevalier en armure.
Leur tête est recouverte par une protection métallique (le chanfrein) et à la fin du Moyen-âge leur corps est protégé par une barde en métal, dissimulée par une housse en tissu décoré : le caparaçon.
Les armes aussi se sont peu à peu modifiées pour limiter les risques de blessure.
On a arrondi le fer des lances, qui sont désormais de longs bâtons sculptés et on a émoussé le tranchant des épées.
On parle d’armes courtoises.
On utilise aussi la "lance brisée", à demi-sciée près du bout, si bien qu’elle se brise facilement.
La dimension festive et spectaculaire des joutes se signale dès l’ouverture de la manifestation, qui débute par une parade des participants, au cours de laquelle les hérauts identifient et présentent les jouteurs.
Le jouteur combat son adversaire seul-à-seul, à la lance.
Les règles sont annoncées par les hérauts.
Il peut s’agir de briser les lances jusqu’au poing, ou de désarçonner l’adversaire, voire de lui faire toucher la terre.
Pour les jeunes chevaliers, c’est une école d’adresse et de prouesse.
A la fin des joutes, c’est le retour au château du seigneur, qui offre un festin.
Le vainqueur occupe la place d’honneur et reçoit son prix : un faucon, une ceinture, un écu, parfois un cheval…
Ces exercices tombèrent peu à peu en désuétude quand la féodalité s’affaiblit.
Les joutes étaient cependant encore pratiquées à la Renaissance puisqu’en 1559, le roi Henri II fut mortellement blessé dans un "tournoi" organisé pour les festivités liées aux mariages de sa sœur et sa fille.
D’après Madame de La Fayette,
"le roi ne songeait qu’à rendre ces noces célèbres par des divertissements où il pût faire paraître l’adresse et la magnificence de sa cour (…)
Il résolut de faire un tournoi où les étrangers seraient reçus et où le peuple pourrait être spectateur (…)
L’on fit publier partout le programme, qu’en la ville de Paris le pas était ouvert le quinzième juin…"
Ces extraits de La Princesse de Clèves soulignent l’importance revêtue par les tournois pour la renommée de la cour du roi.
Suite au décès d’Henri II, la reine Catherine de Médicis interdit les tournois et les joutes.
Les joutes évoluèrent ensuite de manière à se transformer en combats singuliers à l’épée ou au pistolet, dans une forme très codifiée.
Le duel, lui-même interdit par Richelieu au XVIIème siècle.