Puy Story
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29 octobre 2021

Verdun (1/2) *

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Entre 1871 et 1914, l’Europe profite d’une paix relative.
La rivalité franco-allemande, plus vivace que jamais, se détourne de la "ligne Bleue Des Vosges" et s’exprime hors du continent européen.
Marquée par son humiliante défaite dans la guerre de 1870, la France fait de son empire colonial un exutoire à ses frustrations.
L’Allemagne de l’empereur Guillaume II, jusqu’alors hermétique aux questions extra-européennes, s’engage dans une politique expansionniste agressive et regarde les possessions coloniales des autres puissances.
Le début du 20ᵉ siècle est le temps des alliances complexes et d’une course aux armements qui vont déboucher sur le conflit le plus meurtrier de l’histoire.
Depuis 1904, l’Entente cordiale est établie entre la France et la Grande-Bretagne, rejointes en 1907 par la Russie au sein de la Triple-Entente.
Elle répond à la Triple-Alliance ou "Triplice", signée entre l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Italie en 1882.
L’équilibre de l’Europe est fragile.

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En 1911, l’envoi d’une canonnière allemande dans la baie d’Agadir, au Maroc, manque de peu de déclencher une guerre.
Dans les Balkans, la fragmentation territoriale imposée par les puissances lors du congrès de Berlin de 1878 a créé une situation explosive.
Les guerres balkaniques de 1912 et 1913 sont les prémices du conflit mondial.
Le 28 juin 1914, l’assassinat de l’archiduc François-Ferdinand à Sarajevo, en Bosnie, déclenche l’embrasement général.
Le 28 juillet, l’Autriche-Hongrie déclare la guerre à la Serbie.
Le lendemain, la Russie, alliée historique des Serbes, ordonne la mobilisation.
L’événement déclenche une réaction en chaîne.

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Le 3 août 1914, l’Allemagne déclare la guerre à la France.
Le lendemain, le Royaume-Uni entre à son tour en guerre…
On prévoit un conflit bref, mais violent.
Pour la France, une chose importe est de récupérer l’Alsace et la Lorraine, perdues en 1871.
Le 5 août 1914, suivant le "plan Schlieffen", l’armée allemande, commandée par von Moltke, pénètre en Belgique neutre.
Joffre, général en chef des forces françaises, applique aveuglément le "plan XVII" et concentre ses efforts sur l’Alsace et la Lorraine.
Le 23 août 1914, les Allemands percent les Ardennes et menacent Paris.

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10 000 soldats sont envoyés sur le front de la Marne (grâce aux taxis parisiens) et réussissent du 6 au 12 septembre1914 à enrayer l’avancée allemande.
Un nouvel enjeu se dessine.
Les ports de la Manche et de la mer du Nord, voies de communication entre France et Grande-Bretagne.
La bataille d’Ypres, du 29 octobre au 24 novembre 1914, victoire décisive alliée, est le dernier épisode de cette "course à la mer".
À l’approche de l’hiver, le front se stabilise.
De part et d’autre, on creuse des tranchées.
En 1915, Joffre lance des offensives en Champagne, en Artois et sur la Woëvre.
Des opérations secondaires sont conduites en Flandres, en Argonne, dans les Vosges.
La deuxième bataille d’Ypres crée un effroyable précédent dans l’histoire militaire.

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Le 22 avril 1915, les Allemands lâchent dans l’atmosphère 150 tonnes de gaz asphyxiant (gaz moutarde), faisant 5 200 morts.
À Verdun, dans la Meuse, saillant dans la ligne de front, le général Falkenhayn veut "saigner à blanc l’armée française".
De février à décembre 1916, 163 000 Français et 143 000 Allemands vont mourir dans les tranchées.
Les lignes sont disloquées par le déchaînement de l’artillerie.
Les positions perdues un jour sont reprises le jour suivant dans un va-et-vient incessant.

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La France ne veut à aucun prix abandonner ce haut lieu de son histoire.
C’est à Verdun en 843 qu’a été scellé le partage de l’Empire carolingien donnant naissance à la France.
C’est là aussi que Charlemagne a partagé son Empire, et les forts qui protègent la ville, dont celui de Douaumont, sont un sujet de fierté nationale en France.
Pour l’Allemagne, une victoire à Verdun devient impérative.
Le général Falkenhayn en charge des opérations sur le front de l’Ouest a toute la confiance du Kaiser Guillaume II pour mener à bien cette offensive, que l’on espère décisive.
Fin décembre, Falkenhayn a fixé son choix.

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Ce sera Verdun.
Près d’un siècle plus tard, ses intentions exactes demeurent mystérieuses, car le mémorandum de Noël 1915, dans lequel le général allemand se serait fixé comme objectif celui de "saigner à blanc l’armée française", est probablement une invention de l’après-guerre.
Mais si l’on admet que son intention était celle-là, le secteur de Verdun semble l’endroit idéal pour mener une bataille d’usure.
Depuis 1914, la région fortifiée de Verdun (RFV) forme un saillant sur la rive droite de la Meuse, que l’on peut donc attaquer depuis plusieurs directions.

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Il est par ailleurs très mal desservi côté français, puisqu’une seule ligne de chemin de fer, étroite, reliant Bar-le-Duc à Verdun, peut permettre d’y acheminer rapidement des renforts et du matériel.
Falkenhayn a prévu une attaque sur un front de 7 km, sur la rive droite de la Meuse.
Six divisions d’infanterie, soutenues par un millier de pièces de tous calibres, dont des obusiers de 420 mm, doivent s’emparer dans les meilleurs délais du terrain qui les sépare de la ville de Verdun, soit une petite quinzaine de kilomètres.
Face à eux, deux divisions françaises, déployées dans des tranchées peu profondes et manquant souvent de barbelé.
Le 21 février, l’attaque commence par un bombardement d’une violence telle qu’il est audible à plus de 200 km.
Après un pilonnage de près de huit heures et vers 17 heures, l’infanterie allemande sort de ses abris.

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On a affirmé aux soldats allemands qu’ils ne rencontreraient aucune résistance.
Mais rapidement, dans les cratères et le sol ravagé par les obus, des soldats français se dressent et livrent bataille avec l’énergie du désespoir.
Ils ne peuvent que retarder la marche.
En trois jours, la progression allemande est spectaculaire de près de 5 km.
Le fort de Douaumont, défendu par une compagnie de territoriaux, tombe sans combattre le 24 février 1916.

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