Le scorbut
Dans le parcours du "Mystère de La Pérouse", en traversant la cuisine, le chef cuisinier énonce l'état de la nourriture ainsi que la maladie qui sévit sur le bateau.
Mais quelle est cette maladie ?
Le scorbut est l’une des plus vieilles maladies connues.
Elle est mentionnée dans les papyrus égyptiens, bien que sa première description soit attribuée à Hippocrate.
Le scorbut apparaît pendant des siècles, au même titre que la variole, la peste ou le choléra, comme l’un des fléaux de l’humanité.
Probablement présent au cours des croisades, il a durement frappé les équipages qui s’élancèrent à la découverte du nouveau monde du XVe au XVIIe siècles.
Au début de l'année 1498, alors qu'il explore la route orientale vers les Indes en doublant le cap de Bonne-Espérance, Vasco de Gama note que son équipage souffre d'enflures anormales des pieds, des mains et des gencives.
Par chance, les marins de rencontre qui le guident vers le port de Mombassa (actuel Kenya) le ravitaillent en superbes oranges de leurs cargaisons.
Avant le printemps suivant, tout le monde à bord est guéri.
Le mal mystérieux provenait de carences alimentaires, spécialement du manque de vitamine C que l'on trouve habituellement dans les fruits et légumes.
Le scorbut, surnommée "maladie des marins" ou "maladie des corsaires", fit des ravages de la Renaissance jusqu'à la fin du XVIIIe siècle.
La maladie se manifeste initialement par une intense fatigue et une perte d'appétit pouvant entraîner une importante perte de poids.
Le patient peut également ressentir des douleurs musculaires et/ou articulaires, notamment des grosses articulations comme la hanche ou le genou.
Il peut également afficher un teint pâle, un début d'anémie et des œdèmes aux chevilles.
Historiquement, cette fragilité générale entraînait une incapacité de manœuvrer chez les marins.
Mais, les symptômes les plus sévères du scorbut sont le déchaussement des dents, purulence des gencives, perte des cheveux, hémorragies…puis la mort.
Le médecin de la marine James Lind (1716 -1794) fut le premier à démontrer expérimentalement l’efficacité du jus de citron sur le scorbut.
L’idée fut alors acceptée que les agrumes possèdent des propriétés anti-scorbutiques, sans en comprendre le mécanisme d’action
À partir de 1795, le jus de citron fut utilisé comme remède anti-scorbutique.
Le scorbut semblait avoir été éradiqué depuis la fin du XVIIIe siècle.
Au cours du XIXe siècle, c’est dans les campagnes que le scorbut fit des ravages, comme lors de la Grande Famine en Irlande (1845-1852).
On le croyait disparu dans les pays industrialisés, mais quelques dizaines de cas émergent à nouveau dans les pays développés, et notamment en Australie ou aux États-Unis, et on l’a diagnostiqué jusqu’au CHU du Kremlin-Bicêtre.
La consommation de cinq fruits et légumes par jour suffit à couvrir l’apport en vitamine C.
Voilà la petite histoire d’un tueur en série silencieux dont on se croyait pourtant débarrassé depuis le 19ᵉ siècle grâce à la Royal Navy.