Les drapeaux vendéens.*
"Vexilla regis prodeunt"... (Les étendards du roi s'avancent)...
C'est, selon la tradition, en chantant ce cantique que les premières paroisses révoltées contre l'autorité républicaine se regroupèrent et disputèrent leurs premiers combats.
Les premiers révoltés se regroupèrent donc, dès le 13 mars 1793, en petites bandes très diversement armées sous la conduite de chefs qu'ils se choisirent parmi les plus déterminés d'entre eux.
Ils mirent également à leur tête des nobles (généralement anciens militaires) qu'ils allèrent, pour la plupart, chercher dans leur manoir.
Outre les insignes religieux tels que scapulaires et "cœurs de Jésus", les insurgés vendéens mirent à leurs chapeaux des cocardes ou des rubans blancs.
Cette couleur était proscrite par la république comme étant "signe de rébellion contre L’État".
Certains groupes marchèrent en arborant également des bannières paroissiales, signe de leur attachement à la religion.
D'autres prirent un simple morceau d'étoffe blanche en guise de drapeau, marquant ainsi le rattachement du mouvement insurrectionnel à la cause antigouvernementale, c'est-à-dire à la monarchie royale abolie et hors la loi.
Dans les premiers jours de l'insurrection, les Vendéens utilisèrent comme emblèmes essentiellement les bannières de procession de leurs paroisses.
Les drapeaux qui apparurent furent confectionnés à la hâte par les femmes.
On mit toutes les habiletés à contribution, les châtelaines, les lingères, les nonnes tirèrent l'aiguille, d'autres prirent les pinceaux.
Il fallut plusieurs semaines, voire plusieurs mois pour que toutes les paroisses aient leur emblème et beaucoup gardèrent leurs bannières de procession.
On utilisera les tissus qui pouvaient convenir.
Vu les difficultés d'approvisionnement de l'époque, la soie ou du coton principalement provenaient de robes, de nappes (sacrées ou non) ou de draperies de toutes sortes.
En général, ils étaient blancs, couleur de la France depuis le Moyen Âge, pavillon des vaisseaux de guerre du roi "Très Chrétien", distinction des compagnies-colonelles dans les régiments.
Les bannières d'églises, en lourds draps colorés, étaient brodées de fils d'or ou de couleurs variées.
Les fleurs de lys des étendards vendéens proviennent souvent d'ornements d'Eglise.
On chercha à se rapprocher des dimensions réglementaires dans les régiments d'Infanterie (environ 1,50 m sur 1,60 m).
Pour la cavalerie, on utilisa de même des "guidons", plus petits, mais sans conserver, semble--t-il, les formes particulières, car il fallait improviser.
Selon la tradition et le témoignage de l'abbé Remaud, le "premier drapeau de la Vendée" serait celui de La Rochejaquelein.
Après avoir connu une histoire très mouvementée et après la mort de Monsieur Henri, il passa à l'armée de Charrette et fut arboré en 1815, puis en 1832 !
Il est un des rares emblèmes à être parvenu jusqu'à nous.
Bien qu'il ait été confectionné un grand nombre de drapeaux vendéens, très peu d'entre eux ont pu être conservés.
Ces emblèmes de la rébellion ont été systématiquement détruits après leur capture, et ce, à toutes les époques du conflit vendéen.
Quelques rares drapeaux sont expédiés avec les bulletins de victoire que les généraux adressent à la Convention.
Mais, le gouvernement révolutionnaire qui ordonnait à ses commandants d'arme de détruire la Vendée dut également se charger de les faire disparaître après les avoir montrés aux membres de l'assemblée.
Malgré les destructions systématiques, quelques rares drapeaux rebelles témoins de cette guerre de la Vendée existent encore.
D'autres sont connus grâce aux dessins ou autres représentations précises qui en ont été faits.
Les drapeaux sauvegardés et de grande valeur sont généralement la propriété de particuliers, qui pour la plupart ont un lien plus ou moins direct avec les anciens combattants vendéens.
D'autres appartiennent à des collectionneurs locaux intéressés par cette période de notre histoire.
Certains musées régionaux ont réuni plusieurs exemplaires d'emblèmes royalistes, permettant ainsi un rappel à la mémoire collective.
Quelques rares presbytères d'églises de la Vendée militaire sont encore dépositaires de l'étendard des anciens combattants de la paroisse.
Malgré cela, tout ce qui a pu être sauvé ne représente qu'une infime partie des nombreux drapeaux des Armées Catholiques et Royales ayant combattu de 1793 à 1796 sur le territoire insurgé.
La plupart des drapeaux brodés aux armes de France sont entourés de lauriers ou de palmes.
Bien des étendards étaient aussi chargés de croix, du double cœur enflammé, du Sacré-Cœur.
Avec toujours beaucoup de variété dans la disposition des motifs, des fleurs de lys ou des inscriptions.
Certains avaient des cravates, des franges.
Les inscriptions et les symboles rappelaient les raisons du combat :
"Vive la religion catholique", "Vive Louis XVII", "La religion et le roi Louis XVII", "Armée catholique et royale", "Vive le roi" ...
Les drapeaux de 1815 ou de 1832 sont plus décorés, mieux "finis" (on avait eu plus de temps pour les confectionner, ils servirent peu, puis on les cacha).
Ils sont également de dimensions variées, mais en général plus petits que ceux de la "Grande Guerre".
Outre quelques-uns dont l'origine et l'histoire sont sûres, (qu'ils aient "fait" la guerre de 1793 à 1799 dans sa totalité ou en partie, ou celle de 1815), il en existe qui ont été déployés lors des visites en Vendée des duchesses d'Angoulême et de Berry quelques années avant 1830, sont d'une datation plus délicate.
Après la révolution de juillet, Mademoiselle de Fauveau, qui accompagnait Madame de La Rochejaquelein et fut arrêtée avec elle en 1831, peignit quelques emblèmes sur soie avant d'aller en prison.
D'autres mains brodèrent des fanions pour "Henri" et "Caroline", mais il fallut détruire ou cacher ces étendards subversifs, car la police de Louis-Philippe ne plaisantait pas.
En 1870, les "Volontaires de l'Ouest" du général de Charette chargèrent l'armée prussienne, précédés d'une simple bannière chargée d'un Sacré-Cœur et de l'inscription.
" Cœur de Jésus, Sauvez la France ".