La tulipe
Les champs de tulipes offrent au printemps un spectacle exceptionnel.
La tulipe commence à pousser (de mars à mai) alors que les perce-neige, les crocus et les scilles terminent leur floraison et est le signe que le printemps est vraiment arrivé.
Symbole coloré et champêtre de la Hollande, la tulipe entretient une histoire vieille de quatre siècles avec le pays des moulins.
À l’origine, c'est une fleur sauvage poussant spontanément au pied de la chaîne de l’Himalaya et en Iran, Afghanistan, Kazakhstan.
La tulipe arriva en Turquie, car la contrée étant sous la domination du vaste Empire ottoman conquis par le Turc Soliman le Magnifique (1494-1566), les précieuses fleurs arrivèrent à Constantinople comme tributs des provinces soumises.
Les sultans eurent tôt fait d’en orner leur tenue et piquèrent une tulipe dans leur turban.
C’est ainsi que Ogier Ghislain de Brusbecq (1520-1591), ambassadeur à la cour de Soliman le Magnifique, la baptise tulipan en référence à un mot turc qui désigne un turban.
Sa beauté et sa délicatesse faisaient d’elle une plante très recherchée.
Ses bulbes étaient un des cadeaux qui étaient donnés lors des grandes occasions.
Il n’était pas rare, avant le XVIe siècle, que ses bulbes soient offerts en guise d’appréciation envers les marchands occidentaux.
Les jardins du palais du riche sultan Soliman le Magnifique étaient remplis de superbes tulipes.
À cette époque, une vie humaine valait moins qu’une tulipe.
Le sultan Soliman était donc très considéré et ce puissant personnage n’offrait que très exceptionnellement une tulipe à un invité.
Dans les années 1560, Conrad Gesner (1516-1565) réussit à se procurer des bulbes.
C’est le botaniste Charles de l’Écluse dit Clusius (1526 -1609) qui importa le premier la tulipe, vers la Hollande, afin de nourrir le Jardin botanique de l’université de Leyde (le premier des Pays-Bas).
Rapidement, la tulipe fascina, notamment grâce à sa forme et ses couleurs chatoyantes.
Il prit soin de ces fleurs si spéciales et les étudia comme si sa propre vie en dépendait.
Il fut donc extrêmement choqué lorsqu’il découvrit un matin que les bulbes de tulipes avaient été volés de son jardin.
Le commerce des bulbes de tulipes venait de commencer aux Pays-Bas !
Très vite, la fleur devient un incontournable dans les jardins princiers d’Europe.
Louis XIV (1638-1715) l’adopte ainsi en tant que fleur officielle de la Cour.
La mode de la tulipe fait alors l’objet de la création d’une multitude de nouvelles variétés toutes plus belles et rares les unes que les autres.
Au 17e siècle, les bourgeois hollandais dépensent des sommes folles pour acheter les précieux bulbes, ce qui ne manque pas d’attiser la convoitise de quelques commerçants avides de gros profits.
Un vent de folie souffle alors sur le commerce de la tulipe.
On se met alors à spéculer, à hybrider les différentes souches disponibles pour créer la fameuse tulipe noire (Cette fleur quasi mythique, chère à Alexandre Dumas et Auguste Maquet).
Les bulbes deviennent en quelques années une marchandise se négociant à prix d’or.
Son appréciation est telle que le prix d’un seul bulbe pouvait s’échanger pour plusieurs milliers de florins, alors qu’un ouvrier spécialisé gagne environ 150 florins par an.
Un bulbe pouvait alors valoir plus que le prix d’une maison sur les canaux.
On se met à acheter des parts de bulbe d’autant plus facilement qu’on ne règle pas comptant, mais à terme.
On s’engage dès l’hiver à acheter en été au moment où il pourra être transplanté, avec l’espoir de le revendre soi-même avec profit.
Ainsi, en 1623, le bulbe d’une variété rare affiche 1 000 florins, en 1625, 2 000 et en 1637, 5 500.
Sa valeur est telle que certains financiers vont aller jusqu’à se ruiner afin d’en obtenir quelques spécimens.
Un projet discuté à l’automne 1636, mettant un terme à cet étrange commerce des tulipes, et soumis au Parlement l’année suivante, prévoit que les contrats n’incluront plus une obligation d’achat, mais ne seront que des options.
Le 6 février 1637, dans les tavernes d’Amsterdam et Harlem, villes opulentes des Provinces-Unies (Pays-Bas actuels), des négociants se retrouvent comme à l’habitude pour acheter et vendre des tulipes.
Mais les vendeurs de tulipes ont du mal à trouver acquéreurs pour des oignons de tulipes.
Ce fléchissement du marché se faisant sentir, et les cours s’effondrant brusquement, les acheteurs se trouvent dans l’incapacité d’honorer leurs contrats.
En 1642, après le krach, le prix de la tulipe n’était plus qu’au dixième de sa valeur et cent ans plus tard à deux centièmes.
Certains avaient gagné une véritable fortune, d’autres n’avaient plus entre les mains qu’un morceau de papier sans valeur.
Tout comme la rose rouge, la tulipe rouge est un symbole de passion et d’amour intense.
C’est la fleur idéale pour le jour de la Saint-Valentin ou pour faire une grande déclaration d’amour.
La tulipe blanche, quant à elle, représente un amour sincère, pur et idéaliste.