A la Halte des Pèlerins
Située aux confins de l'Empire, la Gaule n'a jamais possédé de cités romaines de premier ordre.
Les villes ont néanmoins, dans de plus modestes proportions, tous les caractères des autres villes de l'Empire.
Les maisons sont construites à l'aide de pierres et même de briques cuites, reliées par un mortier très solide composé de chaux et de sable et surnommé ciment romain.
Les rues sont couvertes de larges dalles irrégulières, assises sur un lit de ciment, et d'une solidité à peu près indestructible.
Toutes sont bordées de trottoirs surélevés et maintenus par des bordures de pierres régulières et par des "umbos", ou pierres plus hautes formant des bornes.
De distance en distance, des dalles saillantes permettent de traverser la chaussée à pied sec, les jours de pluie, car le dallage absorbe difficilement les eaux pluviales.
Au long de ces rues s'ouvrent des boutiques, échoppes entièrement ouvertes, comme le sont encore souvent nos boucheries.
Elles n'ont, du reste, que des dimensions restreintes, et l'on n'y pratique que le petit commerce de détail.
Des fontaines publiques s'espacent à courte distance les unes des autres.
Chaque rue possède son autel, où l'effigie des dieux locaux voisine avec les deux serpents qui équivalent à une interdiction de souiller le monument.
Cet urbanisme romain, parvenu à un très haut degré de perfection, disparaîtra lorsque les Barbares, puis les Francs, occuperont nos provinces.
Lorsque j'entends le marchand de quenouilles au Puy du Fou, je me remémore les déplacements effectués tous les jours par les gens de mon village.
Autrefois, pour se déplacer, on ne connaissait que la marche à pied dans ce grand pays dont la route est le sentier.
Et je me revois encore sur le chemin de l'école.
Avec mes frères et mes sœurs, je partais de bonne heure, enveloppé en hiver de mon capuchon épais souvent encore humide de la veille.
La route me paraissait longue.
Des enfants du voisinage venaient nous rejoindre et mes petites jambes ne pouvaient pas toujours suivre la bande.
Très jeune, mes parents m'avaient gardé pour aller travailler.
Dès ma 12ème année, j'étais "gagé" chez un métayer.
Celui-ci m'avait jugé solide pour mon âge :
"Plus tard, il devrait faire un bon valet !"
...avait-il dit à mon père.
Depuis le lever du jour, j'étais sur pied.
Je conduisais les bêtes aux champs, je suivais la charrue dans les longs sillons, j'amenais à la ferme des lourdes charrettes de foin ou de gerbes de blé sous les plus grandes chaleurs d'été.
Le soir, je me couchais souvent épuisé de fatigue.
Le dimanche matin, je retrouvais ma famille quand elle s'apprêtait à se rendre au bourg assister à la grand'messe.
Les habitants de la campagne avaient l'habitude de prendre leur repas dans les maisons "attitrés" du bourg.
D'autres faisaient 4 ou 5 kilomètres pour aller déjeuner dans leur ferme et revenir aux Vêpres.
Je restais finir la soirée avec des jeunes de mon âge.
De retour à la maison, je changeais de vêtements.
Il fallait rejoindre la métairie.
J'avais toujours le cœur gros en partant, car j'appréhendais la traversée d'un petit bois, seul sur la route la nuit tombante.
Je ne devais attendre personne pour mes déplacements.
On ne sortait les voitures que pour les grandes occasions.
Elles étaient réservées aux personnes âgées qui avaient des difficultés pour marcher.
Les veillées et les visites dans les fermes voisines venaient rompre la monotonie.
Pour s'y rendre, on prenait des raccourcis.
Mais on devait escalader les clôtures, sauter les échaliers à travers d'épais fourrés.
Je me souviens des pèlerinages que des gens pieux organisaient chaque année.
Je les voyais partir en groupes joyeux vers le tombeau du Père de Monfort ou vers d'autres lieux vénérés souvent lointains, nécessitant parfois plusieurs jours de marche.
Et que dire des jours de foires ou de marchés !
Quel encombrement sur les routes !
On voyait les gens s'acheminer vers la ville.
Les hommes coiffés du traditionnel chapeau, vêtus d'une large blouse discutaient en marchant, s'appuyant sur leur bâton, inséparable compagnon de voyage.
Les femmes, les deux bras chargés de lourds paniers, avaient hâte d'arriver pour se défaire de leurs denrées. Je ne connaissais que les foires "gageries" de la Saint-Jean et de la Saint-Michel.
Toute la journée, indifférent aux ébats des vendeurs et des acheteurs, dans la foule qui se pressait un peu partout, je recherchais les garçons, valets de ferme comme moi.
Sur le chemin de retour, je rencontrais les "toucheurs de bœufs" infatigables.
Debout depuis le petit matin, ils devaient marcher encore toute la nuit derrière les bêtes qu'ils allaient "livrer" aux acheteurs.
Je me souviens aussi des compagnons du village qui venaient souvent effectuer de petits travaux aux bâtiments de la ferme.
Ils arrivaient un petit sac sur le dos contenant leurs outils et leur nourriture pour la journée.
Parfois, je voyais "les grands coureurs du temps", ces marchands de toutes sortes et les vagabonds qui venaient nous surprendre.
Et chacun pouvait redire comme le marchand de quenouilles :
"Dès que la lumière me fait signe,
La nuit arrête mon chemin.
Pour une soupe et pour la veillée,
La porte s'ouvre à l'amitié".
Jacques Maupillier (Garde)
Le nom de "claquettes" vient du bruit produit par des plaquettes de bois (en Irlande) ou de métal (en Amérique) fixées sur la pointe et le talon des chaussures du danseur.
Ce qui fait de celui-ci un percussionniste, en même temps qu'un danseur.
Véritables instruments, les claquettes développent particulièrement les notions de communication rythmique, d'équilibre, de mémoire.
Les claquettes, appelées également "Tap Dance", sont nées vers 1830 aux États-Unis dans le quartier de Five Points à New York en se répandant vers la Nouvelle-Orléans.
Mais, c'est vers 1840, que William Henry Lane (1825-1852), un Noir né libre, mixe habilement des éléments de rythmes africains et de danse irlandaise.
Williams Henry Lane devint une attraction vedette, suscitant l’admiration de l'écrivain Charles Dickens (1812-1870), lors d’une tournée en Angleterre.
Les danseurs immigrants de cultures différentes se rencontraient au cours de compétitions de danse et confrontaient leurs techniques.
Les émigrants européens (irlandais notamment) dansaient avec des sabots (Clogg dance) afin de rythmer davantage la chorégraphie et pour plus de confort, on vit apparaître le "Soft Shoe" (chaussures de ville).
Au fur et à mesure, les danses s’enrichirent les unes les autres pour former les claquettes telles que nous les connaissons aujourd’hui.
On dit aussi qu'elles ont permis aux immigrés irlandais et aux esclaves noirs de communiquer entre eux dans les ateliers et les manufactures de la Louisiane.
C'est le 18 décembre 1865 que les États-Unis supprimeront définitivement l'esclavage.
À partir des années 1900, les claquettes constituaient la partie dansée des vaudevilles à Broadway.
Dès 1905, Bill Robinson (1878 – 1949), précurseur en danse de claquettes, se produit dans des boites de nuit et des cabarets à New York puis à Chicago, principalement devant des spectateurs noirs.
Il obtint un énorme succès avec Blackbirds of 28 (1928) et Brown Buddies (1930) qui lui ouvrirent les portes de Hollywood où il interpréta de nombreux films.
Il connut un véritable triomphe avec la comédie musicale "Hot Mikado" lors de l'exposition de New York en 1939.
Vers 1920, les chaussures furent équipées d’abord de dessous en bois (Slip Clogs), puis de bouts de fer.
C’est cette dernière version qui est encore utilisée aujourd’hui.
L'apparition du jazz mit les claquettes au premier plan, car le rythme de celui-ci s'adaptait naturellement à la danse à claquettes.
Avec le cinéma et à la télévision, cette discipline connait son apogée dans les années 50 grâce à de remarquables et célèbres danseurs et danseuses comme Fred Astaire (1899-1987), Ginger Rogers (1911-1995), Cyd Clarisse (1922-2008) ou encore Gene Kelly (1912-1996) avec le film "Singing in the
Rain".
Mais le rock les fit passer au second plan dès la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Dans les années 1980-1990, les claquettes redeviennent à la mode grâce à Michael Flatley (1958-xxxx) pour les claquettes irlandaises (spectacles comme Riverdance), Dein Perry avec les "Tap Dogs", Savion Glover (1973-xxxx) ou Gregory Hines (1946-2003).
Plus proche de nous le film "The Artist" primé aux Oscars en 2012 a amené un nouveau souffle aux claquettes.
Pratiquées à tout âge et accessibles aussi bien aux femmes qu’aux hommes, les claquettes présentent de nombreux bienfaits.
Vous n’aurez donc aucun regret si vous décidez de prendre un cours de claquettes.
Comme toute danse, le "Tap Dance" est bénéfique pour la santé et constitue un sport sans grande intensité, puisqu’elle ne demande aucun exercice physique préparatoire.
Aujourd'hui, les spécialistes considèrent William Henry Lane, connu sous le nom de Master Juba, comme le père du "Tap Dance".
Après la conquête de la Grèce au IIe siècle avant J.-C., les riches Romains adoptent un mode de vie nouveau.
Grâce aux fouilles faites en Italie, notamment à Pompéi, et aux textes des écrivains de l’époque, nous connaissons dans leurs moindres détails, les maisons romaines du 1er siècle.
Le plan de base de la maison romaine (Le Domus) de la classe supérieure s’organise autour d’une pièce centrale appelée "atrium", sur laquelle donnent toutes les pièces d’habitation : entrée, vestibule (Vestibulum), des chambres à coucher (Cubicula), une salle à manger (Triclinium), un bureau (Tablinum) où le chef de famille écrit, fait ses comptes et garde ses richesses.
Au-delà du Tablinum, les Romains étendent leur surface d’habitation par une deuxième maison reliée à la première par un corridor (Fauces) et un jardin entouré de colonnes (Péristyle).
Nous savons que les habitations romaines situées dans le Nord de l’Empire, exposées à un climat plus rude, étaient plus fermées que celles de l’Italie.
Elles ne différaient cependant pas de celles-ci par la décoration et le mobilier.
Les murs intérieurs disparaissaient sous des peintures où dominent le rouge, le noir et le jaune, ou sont des revêtements de marbres rares importés de Grèce ou d’Orient.
Les fresques en trompe l’œil, témoignent du goût pour les thèmes mythologiques qui exaltent les valeurs des Romains : le courage (Virtus), la loyauté (Fides), la piété (Pietas) et le mariage (Conjugium).
(Parc archéologique de Xanten)
De même, le sol de toutes les chambres est couvert de mosaïques compliquées ou de marqueteries de marbres.
Les intérieurs romains offrent à l’œil un aspect très riche.
L’art du meuble est parvenu à un très haut degré d’excellence : meubles de bois, de bronze et de marbre, dont les formes sont empruntées à la Grèce.
(Parc archéologique de Xanten)
Certaines maisons possèdent un hypocauste, c’est-à-dire un foyer souterrain dont la chaleur se répand dans les murs et sous les parquets de mosaïques par des conduits de terre cuite.
Par les grands froids, on ajoute à ce chauffage central insuffisant des réchauds à charbon de bois, fixes ou roulants, qu’on place dans les chambres.
Parc archéologique de Xanten.
L’hiver les Romains prennent leur repas dans une salle à manger de préférence peinte en noir car les murs se couvrent rapidement de fumées et de suie (Vitruve, De architectura, VII, 4).
L’éclairage plus rudimentaire ne comporte que des lampes à huile, placées sur les tables ou suspendues à d’élégants candélabres.
(Rome)
La plupart des Romains utilisent les nombreuses fontaines publiques et les eaux de pluie provenant des toits par "Compluvium" vers l’Impluvium (bassin), et les plus riches maisons possèdent un accès à l’aqueduc.
Les salles de bains sont rares car le Romain préfère se rendre aux thermes pour se laver, se détendre et faire du sport tout en rencontrant connaissances et amis.
Les toilettes se trouvent dans la cuisine, seule pièce dotée d’une évacuation vers les égouts.
(Parc archéologique de Xanten)
Dans toutes les maisons les habitants installent un autel destiné aux cultes domestiques (Lararium) : les "Pénates" protégeant les réserves alimentaires, les "Lares" la famille, le "Genius" sous forme de serpent, le maître de maison.
Les mœurs romaines se sont introduites et implantées en Gaule, de même que la langue latine et le costume drapé (la toge).
Un petit résumé en PDF